L'extension des droits voisins de 50 à 70 ans a été validé la semaine dernière par le Conseil des ministres de l'Union Européenne. Victoire pour les producteurs et les artistes interprètes, cette mesure représente inversement un affaiblissement préoccupant du domaine public, comme le soulignait Calimaq, l'auteur du blog S.I.Lex, spécialiste du droit d'auteur, dans l'article Hacker le domaine public ?.
Kassandre Prod a réalisé un documentaire donnant la parole sur ce sujet à Sandrine Bélier (Députée européenne Europe Écologie Les Verts, Juriste), Gilles Pierret (Directeur de la Médiathèque musicale de Paris), Benjamin Jean (Consultant, Administrateur chez Libre Accès), Valentine Quintin (Union des Musiciens de Jazz), Gogol 1er (chanteur punk), Hervé Breuil (Lavoir Moderne Parisien).
1939, extrait d'Hallo, Janine ! un film de Carl Boese (entrecoupé d'images d'archives des Jeunesses Hitlériennes).
L’histoire d’une danseuse française de Music-hall avec en vedette Marika Rökk qui interprète la chanson à succès du film : Ich brauche keine Millionen (paroles de Hanz Fritz Beckmann - musique* de Peter Kreuder).
L'actrice est alors l’une des plus grandes stars de la UFA, le prestigieux studio allemand contrôlé dès 1937 par le Ministère de la Propagande Nazie. La UFA sera nationalisée par le IIIe Reich en 1942.«
Ich brauche keine Millionen mir fehlt kein Pfennig zum Glück. Ich brauche weiter nichts als nur Musik Musik Musik »
« Je n’ai pas besoin d’un million, Ce n’est pas l’argent qui manque à mon bonheur, Je n’ai besoin de rien d’autre que la musique, Musique, Musique. »
1941, Paris est sous occupation allemande. Guy Berry (1907-1982) enregistre avec l'orchestre de Raymond Wraskoff une adaptation française très swing de la chanson sur des paroles de Robert Chamfleury et Henri LemarchandMusique ! Musique ! Une version instrumentale de la chanson sera également enregistrée la même année par Raymond Legrand et son Orchestre.
« C’est la chanson magnifique C’est le refrain merveilleux Qui remplit l’air d’un air joyeux Musique, Musique, musique.
Pris d’une joie frénétique L’orchestre a tous les échos Joue l’hymne des espoirs nouveaux Musique, musique, musique
Le vent qui cueille des chansons Beau soir des rendez-vous Ira vous dire à sa façon Que je suis fou de vous Vous, vous, vous, vous...»
*Le refrain ressemble étrangement au thème du Muppet Show. Ich brauche keine Millionen, une source d'inspiration pour Sam Pottle et Jim Henson?
Les modes d'accès en ligne à la musique enregistrée n'ont jamais été aussi multiples et variés :
le téléchargement en Peer-to-peer (attention au gendarme Hadopi),
le direct download (attention aux logiciels malveillants),
les podcasts, les mixtapes proposés par les sites de radios et les blogs musicaux,
le streaming full web (Deezer, Music Me, Grooveshark) ou avec logiciel client (Spotify),
les webradios et les smartradios (Pandora, Last.fm),
le streaming avec stockage sur le cloud (Music Beta by Google, Amazon Cloud Drive),
le téléchargement payant (Itunes, Amazon, Fnac, Qobuz) ou téléchargement gratuit financé par la publicité (Beezik),
les applications dédiées sur les smarphones et les tablettes,
...,
sans oublier le prochain et très attendu lancement de Facebook Music avec différents partenaires (Spotify, MOG, Rdio, SoundCloud, Deezer, Rhapsody, ...).
Quel modèle l'emportera, quelle pratique rencontrera l'adhésion du grand public ? Les paris sont ouverts. Et si tous ces services se retrouvaient court-circuités par une fonctionnalité offerte directement dans le navigateur Web ?
C'est un peu ce que propose Google avec l'extension + Music pour Chrome. L'icône +Music disponible sur le Chrome Web Store s'installe en quelques clics dans la barre d'outils de Chrome. [c'est ici].
En cliquant sur cette icone, on ouvre une fenêtre avec un player :
L'extension permet de faire une recherche sur l'artiste de son choix... enfin presque (et cette nuance est d'importance) et d'écouter une sélection de titres.
La musique est récupérée notamment sur les blogs MP3 (sur le principe de The Hype Machine). On peut naviguer sur une tracklist. La malice du dispositif est de pouvoir écouter des artistes qui sont pas disponibles aujourd'hui sur les plateformes de streaming : Pink Floyd, The Beatles, Led Zeppelin, etc. Essayez d'écouter Money de Pink Floyd, ou Whole Lotta Love de Led Zeppelin, ou Come together des Beatles sur Deezer ou sur Spotify... ce n'est pas possible, tout simplement parce qu'aujourd'hui ces artistes ou leurs ayant droit n'ont pas accordé leur autorisation pour cela.
La fenêtre +Music propose également des liens vers des sites d'information (Wikipédia, MusicBrainz, Last.fm), de vente (Itunes, Amazon), et vers les pages officielles des artistes sur les réseaux (Facebook, MySpace)
L'extension +Music permet de partager sur sa page Facebook, la musique que l'on est en train d'écouter, et, plus innovant, s'intègre également dans la barre de navigation de Facebook, comme le montre la vidéo suivante :
Music Plus, extension gadget ou killer application ? On peut d'abord s'interroger sur la pérennité de +Music. Celle-ci peut très bien être désactivée du jour au lendemain, en raison d'accords commerciaux ou de conflits juridiques. En l'état actuel, la fonction +Music développé par swarm.fm, et reposant sur une technologie Echonest est très loin de rivaliser avec Deezer ou de Spotify, pour la qualité du service et l'ampleur du catalogue : seules les musiques actuelles et anglo-saxonnes (rock, pop, hip-hop, electro, house, funk, jazz…) sont clairement mises en avant. Inversement, des pans entiers de répertoires sont absents comme la musique classique ou la chanson française : impossible d'écouter une chanson de Jacques Brel ou de Georges Brassens, ni une oeuvre de Beethoven ou de Debussy. De plus, seule la recherche à partir du nom du musicien est possible. Il reste que l'intégration d'une écoute en streaming dans le navigateur et dans la page Facebook de l'utilisateur est un coup de maître... à suivre.
L'ineptie consiste à vouloir conclure. Nous nous disons : Mais notre base n'est pas fixe; qui aura raison des deux ? Je vois un passé en ruines et un avenir en germe ; l’un est trop vieux, l’autre est trop jeune. Tout est brouillé. Mais c'est ne pas comprendre le crépuscule, c’est ne vouloir que midi ou minuit. Que nous importe la mine qu'aura demain? Nous voyons celle que porte aujourd’hui. Elle grimace bougrement et par là rentre mieux dans le romantisme.
Où le bourgeois a-t-il été plus gigantesque que maintenant? Qu’est-ce que celui de Molière à côté? M. Jourdain ne va pas au talon du premier négociant que tu vas rencontrer dans la rue. Et la balle envieuse du prolétaire ? et le jeune homme qui se pousse ? et le magistrat ! et tout ce qui fermente dans la cervelle des sots, et tout ce qui bouillonne dans le cœur des gredins!
Oui, la bêtise consiste à vouloir conclure. Nous sommes un fil et nous voulons savoir la trame. Cela revient à ces éternelles discussions sur la décadence de l'art. Maintenant on passe son temps à se dire : Nous sommes complètement finis, nous voilà arrivés au dernier terme, etc., etc. Quel est l’esprit un peu fort qui ait conclu, à commencer par Homère ? Contentons-nous du tableau; c’est aussi bon.
Gustave Flaubert, extrait de la Lettre à Louis Bouilhet, Damas, 4 septembre 1850 (wikisource)
It Must Really Suck To BeFour Year StrongRight Now
Homemade mashup (vidéo faite à la maison) associant une musique de rock garage avec une démonstration de danse crunk. Ty Segall est un chanteur, musicien, auteur/compositeur de rock garage ayant joué dans différents groupes d'Orange County et de la baie de San Francisco (Californie)
Article Wikipédia - MySpace, page Discogs
Iceage - New Brigade
Iceage est un groupe danois de punk hardcore, avec des accents cold-wave/post-punk (réminiscences de Joy Division). Article Wikipédia, page MySpace, page Discogs, Chronique Goûte mes disques
Jet Black Crayon - 8 Bad Years
Jet Black Crayon est un des multiples projets du guitariste et skateboarder Tommy Guerrero.
Page MySpace, page Discogs
06. Rdio, MOG to start free streaming music service - New York Post, 14/09 Pour concurrencer Spotify, Rdio et MOG (deux plateformes de streaming américaines non accessibles en France) proposent une version gratuite
14. Neuf grands disques d’obsédés textuels - Le Fond de l'air est French, 12/09 A lire sur le nouveau webzine lancé par la médiathèque de la communauté française de Belgique
22. Petite Poucette, la génération mutante - Ecrans, 5/09 Interview de Michel Serres : "Quand j’ai un vers latin dans la tête, je tape quelques mots et tout arrive : le poème, l’Enéide, le livre IV… Imaginez le temps qu’il faudrait pour retrouver tout cela dans les livres ! Je ne mets plus les pieds en bibliothèque."
Tudo isto é fado, texte de Aníbal Nazaré, musique de Fernando de Carvalho, une chanson interprétée par Amália Rodrigues.
Perguntaste-me outro dia
Se eu sabia o que era o fado
Disse-te que não sabia
Tu ficaste admirado
Sem saber o que dizia
Eu menti naquela hora
Disse-te que não sabia
Mas vou te dizer agora
Almas vencidas
Noites perdidas
Sombras bizarras
Na Mouraria
Canta um rufia
Choram guitarras
Amor ciúme
Cinzas e lime
Dor e pecado
Tudo isto existe
Tudo isto é triste
Tudo isto é fado
Se queres ser o meu senhor
E teres-me sempre a teu lado
Nao me fales só de amor
Fala-me também do fado
E o fado é o meu castigo
Só nasceu pr'a me perder
O fado é tudo o que digo
Mais o que eu não sei dizer.
Tu m’as demandé l’autre jour
Si je savais ce qu’était le fado
Je t'ai dit que je ne savais pas
Tu as semblé surpris
Que je ne sache que dire.
Cette fois là j’avais menti
En te disant que je ne savais pas
Mais maintenant je vais te dire :
Des âmes vaincues,
Des nuits perdues,
Des ombres bizarres,
Dans la Mouraria*,
Un voyou chante,
Des guitares pleurent,
L’amour jaloux,
Les cendres et le feu,
La souffrance et le péché,
Tout cela existe,
Tout cela est triste,
Tout cela est fado.
Si tu veux que je sois tienne,
Et que je reste à tes côtés,
Ne me parle pas seulement d’amour,
Parle-moi aussi du fado.
Car le fado est mon châtiment,
Il existe seulement pour ma perte.
Le fado est tout ce que je dis
Et tout ce que je ne sais pas dire.
* la Mouraria est le "quartier le plus cosmopolite de Lisbonne et le berceau du Fado" (âme & secrets)
Au mois d'août dernier, l'écrivain et cinéaste Eugène Green dans le cadre du programme Continent Musiques sur France Culture a consacré 3 émissions au fado (l'écoute en différé est proposé sur le site) http://www.franceculture.com/tags/fado
Voix du Portugal [livre-CD] / Salwa El-Shawan Castelo-Branco, aut., collecteur ; Pascale de Mezamat, trad. - Paris : Cité de la musique (Paris), 1997 (cop.. - 1 livre (167 p.) : ill., couv. ill. en coul ; 18 cm + 1 disque compact. - (Musiques du monde)
Une saison au Portugal du 3 novembre au 3 décembre, La médiathèque de Dole proposera de faire mieux connaître, quelques aspects de la culture portugaise et des pays lusophones à travers.
Au programme : projection de film, concert, rencontre littéraire, conférence sur le cinéma, soirée dansante... à suivre.
Problème du jour : Un air de classique vous trotte dans la tête depuis un moment, et vous n'arrivez pas à mettre un nom dessus. De quelle oeuvre s'agit-il ? Qui l'a composée ? Peut-être qu'en identifiant cette mélodie, celle-ci consentira à cesser de faire des vrilles dans votre cerveau. Mais comment faire ? Pas facile...
*
Option 1 : Prendre le temps d'écouter chacun des 30 CD du coffret Les triomphes de la musique classique, reçu en cadeau à Noël dernier, en espérant avoir la chance de tomber sur l'air en question. Non, ce n'est pas la marche turque, ni la petite musique de nuit, ni la lettre à Elise, ni le lac des cygnes, ni le boléro, ni le beau Danube bleu, ni le vol du bourdon, ...
*
Option 2 : la question à un ami : trouver dans son entourage une personne musicienne ou mélomane bien disposée, et dépasser la légitime peur du ridicule :
- C'est de qui déjà ? Toi, tu dois savoir, ça fait ti ♫ ta ♪ ti ♫ dada ♫ tadadadi di dadi ♪ pam ♪ pam ♫...
- ... ?!
- mais si enfin... c'est du Mozart, ou du Beethoven, ou peut-être Tchaïkovski... ti ♫ ta ♪ ti ♫ dada ♫ tadadadi di dadi ♪ pam ♪ pam ♫...
- heu... René La Taupe ?
- nan, Réné La Taupe, ça fait "T'es si mi - gnon, mignon, mignon, mignon..." là c'est du classique, et c'est super connu ti ♫ ta ♪ ti ♫ dada ♫ tadadadi di dadi ♪ pam ♪ pam ♫...
- ... ?!
*
Option 3 : Se lancer dans une recherche de type universitaire, et se rendre au Département de la musique à la Bibliothèque nationale pour consulter le catalogue des incipits musicaux [1].
*
Option 4 : Chercher sur le web Commençons avec IMSLP. Le célèbre site de partitions en ligne a annoncé récemment une nouvelle fonctionnalité Search by Melody. Mais après plusieurs essais non fructueux, notre conclusion sur l'efficacité du service nous induit à parler de moteur de recherche par sérendipité : idéal pour trouver des oeuvres que l'on ne cherche pas. Intéressant sans doute, mais on s’éloigne du projet de départ.
Musipedia propose également un moteur de recherche de mélodie permettant de retrouver et d'identifier un morceau de musique,et celui-ci fonctionne beaucoup mieux. Le principe est de pianoter sur un clavier virtuel quelques notes de la mélodie. Il n'est pas nécessaire d'être dans la tonalité de l’œuvre originale, ni d'indiquer la durée de chaque note (ronde, blanche, noire, croche, etc.) même si c'est possible.
Nous avons essayé avec cet air :
Et nous avons obtenu une bonne réponse. Il s'agissait de "Tableaux d'une exposition" de Modeste Moussorgski, dont le site propose un incipit accompagné du fichier MIDI, et d'une vidéo youtube :
Le moteur de recherche de mélodie proposé par Musipédia n'est cependant pas encore infaillible, notamment à cause du nombre limité des œuvres indexées.
Le métal, une musique toute en nuances et en couleurs pastel Après le diagramme pédagogique dédié à l'histoire du rock présenté dans le film Rock academy et celui spécifiquement consacré à l'histoire du métal par Eric Lestrade, voici la table périodique des groupes phares du metal classés dans leur sous-genre respectif : alternative , avant-garde, black, death, doom, drone, folk, funk, glam, gothic, grindcore, groove, industrial, melodic death, metalcore, britsh new wave, nu, post, power, progressive, proto, rap, sludge, speed, stoner, symphonic, technical, thrash, unblack, viking. Qui osera soutenir après cela que le metal est une musique de bourrin ? :-)
Sur le principe des Vases Communicants, Mediamus et Ampli s'invitent mutuellement le premier vendredi du mois, chacun publiant sur le blog de l'autre. Nous donnons la parole à nos amis bibliothécaires musicaux catalans, aujourd'hui El Fonti :
Dans la Barcelone des années 70, émergea le rock laietà, une mouvance musicale underground réunissant toute une frange d'artistes et de musiciens catalans, des chanteurs folk, aussi bien que des groupes de rock jazz progressif. Cette scène se constitua au sein du réseau Zeleste, une mythique salle de concert située rue Argenteria qui avait son propre label de disques. Le Zeleste, un lieu à part,où l'on pouvait écouter des musiques déstructurées, sortant des carcans commerciaux, complétement nouvelles et inouïes pour le public de l'époque.
Parmi les musiciens en recherche, certains, une poignée, se proposaient de transgresser radicalement toutes les conventions musicales, les membres du groupe Perucho's étaient de ceux-là.
Perucho's
Tout à la fois animés de la fureur du free jazz, de l’influence de la musique contemporaine (Messiaen), de la pop expérimentale et psychédélique anglo-saxonne (Beatles, Pink Floyd, Soft Machine...), des avant-gardes européennes et américaines (Fluxus), du rock abrupt du Velvet Underground, … pour ne citer que quelques références… et dotés d’une imagination complètement débridée placée au service de la musique, quatre musiciens Jordi Graells, OriolPons de Vall, Albert Subirats et Oriol Perucho constituèrent la formation originale réunie sous le nom de Perucho's. Le quatuor va se lancer dans une musique tantôt savamment composée, tantôt improvisée en dehors de toute convention esthétique et de toute tentation mercantile. Liberté créative, musique libre. Free est la musique de Perucho's.
En 1979, le groupe disparaît après 6 ans d’existence difficile, non sans avoir enregistré un vinyle LP avec la collaboration d’une douzaine d’autres musiciens.
Fort heureusement en 2011, le label La Olla express dirigé par Eli Gras, a réédité le LP sous la forme d'un livre CD très soigné.
l’album Perucho's (CD objeto, reedición, reportaje, LP 1979) est proposé en streaming sur Bandcamp:
Le texte de présentation de la notice a été écrit par Jack Torrance, pseudonyme de Germain Lazare, l’un des meilleurs critiques et chroniqueurs pour la musique expérimentale à Barcelone. Sur son blog Overlook Hotel, Jack Torrance a consacré à Perucho'sune série d'articles en présentant de nombreux documents d'archive (photos, affiches, articles, etc.) dont les vidéos d'un concert qui s'est tenu en mai dernier au bar la Casa Almirall.
Sources et références pour aller plus loin :
Culturcat. Generalitat de Catalunya - Le son ‘laietà’ (en français)
"Se i languidi miei sguardi : lettera amorosa a voce sola" [Si mes regards alanguis : lettre d'amour pour voix seule] est un madrigal composé par Claudio Monteverdi sur un texte de Claudio Achillini, publié en 1619 dans le Septième Livre de Madrigaux.
La particularité de l'oeuvre et de sa réponse la Partenza amorosa est d'être écrite dans le style représentatif (stile rappresentativo), style ainsi définit : "Dans chaque cas, le compositeur se montre suprêmement attentif à l'accent qui doit détacher le mot clé, à tous les accidents expressifs du discours, à ses contrastes aussi, et à l'intensité du " geste verbal " qui vient appuyer l'action et amplifier le pouvoir du texte [...] Il reste que la grande nouveauté du genre représentatif est avant tout de donner l'illusion du théâtre, de la vie et du visuel en dehors de toute représentation scénique. " (Larousse)
Ici par un parlar cantando la chanteuse lit / interprète une lettre d'amour qui lui est adressée. Mise en abîme, ou "jeu de poupées russes où l'amant écrit une lettre lue par son aimée qui elle même nous propose cette perspective d'une femme qui dit et ressent, chante des mots et des émotions d'homme." (absolute zero) . La lettera amorosa se chante sans mesure, la métrique étant laissée à l'appréciation de l'interprète.
La Lettera amorosa est interprétée ici par Sara Bino, soprano accompagnée de Ziv Braha au Théorbe.
Ce projet du Théâtre Musical de la Schola Cantorum Basiliensis (Bâle, Suisse) a été réalisé en mars 2011, il est intitulé "Klangwandeln im Zeitlabyrinth der Bibliothek" [Déambulation sonore dans le labyrinthe temporel de la bibliothèque].
Se i languidi miei sguardi,
Se i sospiri interrotti,
Se le tronche parole
Non han sin or potuto,
O bell'idol mio,
Farvi delle mie fiamme intera fede,
Leggete queste note,
Credete a questa carta,
A questa carta in cui
Sotto forma d'inchiostro il cor stillai.
Qui sotto scorgerete
Quegl'interni pensieri
Che con passi d'amore
Scorron l'anima mia;
Anzi, avvampar vedrete
Come in sua propria sfera
Nelle vostre bellezze il foco mio.
Non è gia parte in voi
Che non forza invisibile d'amore
Tutto a sè non mi tragga:
Altro già non son io
Che di vostra beltà preda e trofeo.
A voi mi volgo, o chiome,
Cari miei lacci d'oro:
Deh, come mai potea scampar sicuro
Se come lacci l'anima legaste,
Comme oro la compraste ?
Voi, pur voi dunque siete
Della mia libertà catena e prezzo.
Stami miei preziosi,
Bionde fila divine,
Con voi l'eterna Parca
Sovra il fuso fatal mia vita torce.
Voi, voi capelli d'oro
Voi pur siete di lei,
Ch'è tutta il foco mio, raggi e faville;
Ma, se faville siete,
Onde avvien che ad ogn'ora
Contro l'uso del foco in giù scendete ?
Ah che a voi per salir scender conviene,
Chè la mangion celeste ove aspirate,
O sfera de gli ardori, o paradiso,
E posta in quel bel viso.
Cara mia selva d'oro,
Richissimi capelli,
In voi quel labirinto Amor intesse
Onde uscir non saprà l'anima mia.
Tronchi pur morte i rami
Del prezioso bosco
E dal la fragil carne
Scuota per lo mio spirto,
Che tra fronde sì belle, anco recise,
Rimarrò prigionniero,
Fatto gelida polve ed ombra ignuda.
Dolcissimi legami,
Belle mie piogge d'oro
Quali or sciolte cadete
Da quelle ricche nubi
Onde raccolte siete
E, cadendo, formate
Preziose procelle
Onde con onde d'hor bagnando andate
Scogli di latte e rivi d'albastro,
More subitamente
(O miracolo eterno
D'amoroso desìo)
Fra si belle tempeste arse il cor mio.
Ma già l'ora m'invita,
O degli affetti miei nunzia fedele,
Cara carta amorosa,
Che dalla penna ti divida omai;
Vanne, e s'amor e'l cielo
Cortese ti concede
Che de' begli occhi non t'accenda il raggio,
Ricovra entro il bel seno:
Chi sà che tu non gionga
Da sì felice loco
Per sentieri di neve a un cor di foco !
Si mes regards alanguis,
Si mes soupirs interrompus,
si mes paroles inachevées
n'ont pu encore,
ô ma bien-aimée,
vous convaincre de ma flamme
lisez ces notes,
croyez en cette lettre,
où en guise d'encre je saignais mon cœur.
Vous y percevrez
les pensées secrètes
qui traversent mon âme
d'un pas amoureux;
vous verrez même brûler
comme en sa propre sphère,
mon feu pour vos beautés.
Chaque partie de votre être
m'entraîne entièrement vers elle
avec la force invincible de l'amour;
Je ne suis rien d'autre
que la proie et le trophée de votre beauté.
A vous je m'adresse, ô chevelure,
mes chaînes d'or bien-aimées:
Las, comment pouvais-je m'échapper
si vous maintenez mon âme entrelacée
comme une tresse, achetée comme de l'or?
Vous donc, vous êtes, de ma liberté
la chaîne et le prix.
Mes précieux joyaux,
blonds fils divins,
avec vous l'éternel Parque
sur so fuseau fatal file ma vie.
Vous, vous cheveux d'or,
vous appartenez donc à celle
qui est tout mon feu, le rayon et l'étincelle;
mais si vous êtes des étincelles,
pourquoi, au contraire du feu,
descendez-vous toujours?
Ah, vous devez descendre pour atteindre
ce que vous désirez,
ô sphère de passion, ô paradis:
le haut des cieux, ce beau visage.
Ma chère forêt d'or,
précieuse chevelure
en vous Amour tissa le labyrinthe
d'où mon âme ne saurait fuir.
Puisse la mort tailler le feuillage
du précieux bocage,
et libérer mon esprit de la chair fragile,
car de ce si beau ramage,
quand bien même émondé,
je resterai le prisonnier
devenu froide poussière et ombre nue.
Liens si doux,
mes belles pluies d'or
dont les gouttes tombent
de ces riches nuages
qui vous retiennent
et, en tombant, vous provoquez
de précieuses tempêtes
baignant de vagues en vagues d'or
subitement assombries
les rochers de lait et les ruisseaux d'albâtre,
(oh éternel miracle
du désir amoureux)
dans le si belles tempêtes je brûlai mon cœur.
Mais déjà l'heure m'invite,
ô messagère des mes affects,
chère lettre d'amour,
à te séparer désormais de ma plume ;
va, et si l'amour et le ciel
courtois permettent que le rayon
des beaux yeux ne te brûle,
réfugie-toi dans le beau sein:
partant d'un lieu si heureux
peut-être atteindras-tu
par des sentiers de neige un cœur en feu.
disponible à la médiathèque de Dole :
Concerto : settimo libro di madrigali du Claudio Monteverdi / La Venexiana. - Glossa, 1998 (1 CD)