2 octobre 2007

Le biopic musical : les biographies de chanteurs et de musiciens à l'écran

Après blockbuster, pitch, bankable, biopic (biographical picture) est devenu le nouveau buzzword du cinéma depuis les sorties récentes et remarquées de plusieurs films inspirés de la vie de stars de la musique : La Môme, Walk the line, Control

Death in Vegas goes to Hollywood
Il y a une longue tradition des biographies musicales consacrées à des chanteurs ou à des musiciens foudroyés par le destin. Le scénario est souvent construit selon une courbe cinétique : des débuts difficiles à la révélation, l’envol de la carrière, puis à l’instant de la consécration, l’effet de gravité appelant la chute. La star de rock à l’écran, tel le héros mythologique (Icare, Prométhée, Orphée) paye chèrement sa destinée extraordinaire. La lumière qu’il a conquis, l’aveugle, le brûle, et le consume. Cette conception finalement romantique de l’artiste maudit par son génie même, est un ressort qui permet d’exacerber la tension dramatique dans la mise en place du dispositif narratif. Live fast and die young, un slogan séduisant (et incidieux) propre à fasciner les jeunes générations mais que les producteurs de cinéma, et les publicitaires s’appliquent rarement à eux-mêmes (voir pour exemple, les publicités dont on appréciera le cynisme).

Le biopic, ou la musique instrumentalisée
Car l’expression musicale prend souvent une part secondaire au regard de la mise en valeur du charisme du musicien ou du chanteur. Ainsi les qualités de l’artiste (son énergie , sa beauté , sa jeunesse, etc.) et surtout ses excès et ses dérèglements (vie sexuelle désordonnée, alcool & drogues, violence & dépression, mégalomanie & paranoïa, etc) sont bien plus cinégéniques. En cela le biopic, même de qualité, fonctionne d’abord sur le sensationnel. Il n’est pas de nature différente des shows people où sont exposés avec complaisance les déboires des stars que l’on prétend aduler : "Incroyables destins". "Le jour où tout a basculé". "Succès, révélations, scandales, polémiques, dérapages" "Le coup de chance ou l’erreur qui a consacré ou brisé le destin d’une star".

Hagiographie d’une descente aux enfers
Ici, la musique est montrée comme le vecteur d’une passion, le médium, le porteur d’un désir d’exister, de transgresser sa condition, de dépasser les frontières invisibles qui ferment l’horizon du quotidien. Et même si le biopic musical échappe rarement aux ficelles du mélodrame et du sentimentalisme, il montre l’artiste, comme un homme ou une femme dans la rage de l’expression, dans l’affirmation de l’être dans le paraître et dans l’expérience de ses limites.


Bound for glory (1976) un film de Hal Ashby avec David Carradine (Woody Guthrie), Ronny Cox (Ozark Bule), Melinda Dillon (Mary Guthrie)
La biographie de Woody Guthrie, le plus grand des chanteurs folk américains

The rose (1979) un film américain de Mark Rydell, avec Bette Midler (Mary Rose Foster), Alan Bates (Rudge Campbell), Frederic Forrest (Huston Dyer), Harry Dean Stanton (Billy Ray)
Le destin tragique d'une rock star inspirée de la vie de Janis Joplin

The Buddy Holly Story (1979) un film de Steve Rash, avec Gary Busey (Buddy Holly), Don Stroud (Jesse), Charles Martin Smith (Ray Bob), Maria Richwine (Maria Elena Holly)
La vie de Buddy Holly, l'un des chanteurs pionniers du rock and roll. Disparu dans le même accicent d'avion que Ritchie Valens.

Coal Miner's Daughter (1980) un film de Michael Apted, avec Sissy Spacek (Loretta Lynn), Tommy Lee Jones (Doolittle 'Mooney' Lynn)
La vie de Loretta Lynn, chanteuse de country western

Sid and Nancy (1986) un film anglais d'Alex Cox, avec Gary Oldman (Sid Vicious), Chloe Webb (Nancy Spungen), David Hayman (Malcolm McLaren), Debby Bishop (Phoebe), Andrew Schofield (Johnny Rotten)
La déchéance de Sid Vicious, bassiste des Sex Pistols et sa relation destructrice avec Nancy Spungen

La bamba (1987) un film de Luis Valdez avec Lou Diamond Phillips (Ritchie Valens), Marshall Crenshaw (Buddy Holly), Brian Setzer (Eddie Cochran)
La brève carrière d'un rocker latino Ritchie Valens, mort dans un crash d'avion

Bird (1988) un film de Clint Eastwood, avec Forest Whitaker (Charlie 'Bird' Parker), Diane Venora (Chan Parker), Michael Zelniker (Red Rodney), Samuel E. Wright (Dizzy Gillespie)
La vie et la carrière troublée d'un saxophoniste de génie, Charlie Parker

Great balls of fire (1989) un film de Jim McBride, avec Dennis Quaid (Jerry Lee Lewis), Winona Ryder(Myra Gale Brown), Alec Baldwin (Jimmy Swaggart)
La vie de Jerry Lee Lewis, un pionnier de l'histoire du Rock and Roll

The Doors (1991) un film américain de Oliver Stone avec Val Kilmer (Jim Morrison), Meg Ryan (Pamela Courson), Kyle MacLachlan (Ray Manzarek), Michael Madsen (Tom Baker), Kevin Dillon (John Densmore), Frank Whaley (Robby Krieger), Billy Idol ... Cat
L'histoire d'un très grand groupe de rock des années 60 et de son leader charismatique Jim Morrison.

What's Love Got to Do with It (1993) un film américain de Brian Gibson, avec Angela Bassett (Anna Mae Bullock/Tina Turner), Rae'Ven Larrymore Kelly (Anna Mae Bullock, jeune), Laurence Fishburne (Ike Turner)
La vie de la chanteuse de soul Tina Turner qui subit les maltraitances de son mari Ike Turner, et l'histoire de son combat pour s'en séparer.

Ray (2004) un film américain de Taylor Hackford, avec Jamie Foxx (Ray Charles), Kerry Washington (Della Bea Robinson), Regina King (Margie Hendricks) L'histoire de la vie de Ray Charles, chanteur et pianiste de rhythm&blues et de soul.

Beyond the sea (2004) un film de Kevin Spacey, avec Kevin Spacey (Bobby Darin), Kate Bosworth (Sandra Dee), John Goodman (Steve Blauner), Bob Hoskins (Charlie Maffia)
La vie du crooner Bobby Darin

Elvis (2005) un film de James Steven Sadwith, avec Jonathan Rhys Meyers (Elvis Presley), Randy Quaid ("Colonel" Tom Parker), Robert Patrick (Vernon Presley)


Last days (2005) un film américain de Gus Van Sant, avec Michael Pitt (Blake), Lukas Haas (Luke), Asia Argento (Asia)
Evocation des derniers jours de Kurt Cobain, chanteur du groupe Nirvana

Walk the line (2005) un film américain de James Mangold, avec Joaquin Phoenix (Johnny Cash), Reese Witherspoon (June Carter), Ginnifer Goodwin (Vivian Cash), Robert Patrick (Ray Cash)
La vie de Johnny Cash, une des légenges de la country music, de ses permières années dans une ferme en Arkansas à son ascension vers le succès à Memphis, cotoyant Elvis Presley, Jerry Lee Lewis, et Carl Perkins.

Dreamgirls (2006) un film de Bill Condon, avec Jamie Foxx (Curtis Taylor, Jr.), Beyoncé Knowles (Deena Jones), Eddie Murphy (James "Thunder" Early), Danny Glover (Marty Madison)
Le scénario est basé sur l'histoire d'un girls band de Détroit, les Supremes, groupe phare de la Motown, qui connut un très grand succès dans les années 60 et dont la chanteuse vedette était Diana Ross.

El Cantante (2006) Leon Ichaso avec Marc Anthony (Hector Lavoe), Jennifer Lopez (Puchi), John Ortiz (Willie Colon)
La vie de Hector Lavoe, roi de la Salsa qui l'apporta à New York au milieu des années 70.

Control (2007) un film de Anton Corbijn (2007) avec Sam Riley (Ian Curtis), Samantha Morton (Deborah Curtis), Craig Parkinson (Tony Wilson), Joe Anderson (Peter Hook)
Un portrait de Ian Curtis, énigmatique chanteur de Joy Division qui se suicida à 23 ans.

I'm not there (2007) un film de Todd Haynes avec Christian Bale, Cate Blanchett, Marcus Carl Franklin, Richard Gere, Heath Ledger, Ben Whishaw (Bob Dylan)
Les facettes de Bob Dylan interprétées par des acteurs d'âges, de sexes et de couleurs différents

To be completed...

Sources : IMDB, Allmovie, Allociné, Sing fast, die young (Ireland.com)

1 octobre 2007

Dernières tendances du web


source : David Osimo, Clara Centeno, Jean-Claude Burgelman, Web 2.0 for eGovernment:why and how? , Joint Research Center of the European Commission [Centre commun de recherche de la commision européenne]
http://www.jrc.ec.europa.eu/download/20070920_web2-0_tutorial.pdf

Jacques Tati : "Playtime" : les sons de l'architecture moderne

Playtime (1967) un film de Jacques Tati, avec Jacques Tati (M. Hulot), Barbara Dennek (la jeune Américaine), Billy Kearns (Mr. Schultz), Rita Maiden (la compagne de Mr. Schultz)... [et al.]; Bernard Maurice René Silvera, producteurs, Jacques Tati, Jacques Lagrange, scénaristes ; Jean Badal, directeur de la photographie ; Francis Lemarque, James Campbell, compositeurs ; Gérard Pollicand, monteur ; Eugène Roman, chef décorateur (2h06 min.)
Playtime (1967), un film de Jacques Tati (extrait)

« Mon métier n'est pas d'être critique en architecture. Je suis là pour essayer de défendre l'individu et la personnalité, qu'on respecte les gens [...]. Dans Playtime, je défends les petits personnages. » (J. Tati)
Sur Playtime :
http://www.cndp.fr/tice/teledoc/dossiers/dossier_playtime.htm
http://www.abc-lefrance.com/fiches/playtime.pdf

"Jacques Tati, comme on le voit ailleurs, est allé très loin, avec Playtime, dans le sens d'un abandon presque total du son hors-champ (aux interventions dès lors toujours significatives), ne gardant l'espace off que pour des interventions musicales ponctuelles, que leur rareté même rend d'autant plus précieuses."(Michel Chion, Un art sonore, le cinéma, p. 231)
Ouvrage de référence : Michel Chion, Un art sonore, le cinéma : histoire esthétique, poétique, Cahiers du cinéma, 2003 (Essais), 478 p.
Film et livre sont disponibles à la médiathèque de Dole

27 septembre 2007

Hector Berlioz : Euphonia ou la ville musicale : livre de la semaine

"Euphonia est probablement la nouvelle qui permet le mieux de voir l'originalité de Berlioz conteur romantique et comment s'opére chez lui la jonction entre langage musical et langage littéraire. C'est justement dans cette nouvelle qui est la plus romantique par le débordement de l'imagination, le refus des limites, l'excès, l'ironie et le tragique, que Berlioz parvient enfin à éclater les cloisonnements, les dichotomies musicien-écrivain. Il y a écrit, grâce à son art de conteur, cette musique de l'avenir, cette musique-fiction que les conventions, les habitudes des exécutants et du public de son temps ne lui permettent de réaliser complètement que dans le domaine du fantastique." (Béatrice Didier)

"- Il s'agit, Messieurs, dit-il, d'une nouvelle de l'avenir. La scène se passera en 2344, si vous le voulez bien."

Hector Berlioz, Euphonia ou la ville musicale (1852), Toulouse : Ombres, 1992,(Petite bibliothèque ; 6), 78 p.

Pour en savoir plus sur l'oeuvre littéraire de Berlioz :
http://www.hberlioz.com/BerliozAccueil.html#littéraire

"Control", un film d'Anton Corbijn

Le film d'Anton Corbijn relatant la vie de Ian Curtis, chanteur de Joy Division est sorti mercredi 26 septembre dans les salles. Le film est adapté de la biographie écrite par la veuve du chanteur, Deborah Curtis, intitulée "Touching from a distance". Anton Corbijn, cinéaste d'origine hollandaise a réalisé des clips pour Depeche Mode, U2 et Nirvana.
Joy Division reste sans doute le groupe le plus emblématique de la cold wave, un mouvement que les anglo-saxons désignent plutôt par le terme post-punk. Ce courant musical assez bref s'est développé essentiellement en Angletterre entre la fin des années 70 et le début des annes 80 avec des groupes comme The Cure, Siouxie and The Banshees, Bauhaus, Cabaret Voltaire et en France avec Marquis de Sade. Après la mort de Ian Curtis, deux membres de Joy Division, Peter Hook, Stephen Morris fonderont New Order en 1981.
A lire, la revue des critiques presse sur Control proposée par Allociné.
Dans les régions Franche-Comté et Bourgogne, le film est actuellement projeté au Cinéma des Quais de Belfort, à l'Eldorado de Dijon, au Plazza-Victor-Hugo et au Marché Beaux-Arts de Besançon.
Bande-annonce de Control


Biblio-discographie disponible à la Médiathèque de Dole
Fabien Ralon : Joy Division : lumière et ténèbres. - Camion Blanc, 2001, 175 p.
"Here are the young men", voici les jeunes gens de Manchester furieux d'avoir vingt ans dans un centre industriel à la dérive. Sans aucun don artistique, ils forment un groupe punk, comme tant d'autres. Aucun d'eux ne sait jouer d'un instrument, ni chanter correctement. Tous quatre bouillonnent pourtant d'une volonté rageuse et hargneuse : ils veulent faire de la musique.
Le chanteur, père de famille à peine sorti de l'adolescence, ne supporte que très difficilement le carcan dans lequel il devrait jouer la comédie de l'existence.(note de l'éditeur)

Joy Division : Unknown pleasures (1979)
Joy Division : Closer (1980)
Joy Division : Substance : 1977-1980 [compilation] (1988)
Joy Division : Permanent [compilation] (1995)
New Order : Low life (1985)
New Order : Get ready (2001)

26 septembre 2007

Mell : "C’est quand qu’on rigole"

La chanteuse nancéienne sort un troisième album "C’est quand qu’on rigole". Libération lui consacre une chronique.
Sa prestation en concert au Forum des Musiques Actuelles de Nancy en 2005 avait une énergie insolente et une fraîcheur peu commune dont on se rappelle.
Mell passe au Cylindre (Larnod 25) le 6 décembre.

Discographie disponible à la médiathèque de Dole
Mon pied en pleine face. - Label and music, 2004. - 1 disque compact + 1 DVD + 1 livret. - Ma grimace ; P... d'ange ; Le trottoir d'en face ; Na na ; Contre courant ; Virée d'enfer ; Interlude ; Encore une nuit blanche ; Encore un matin noir ; Maintenant qu't'es là (j't'ai ligoté) ; Un rêve qui s'en va ; Pour sauver les meubles ; A une sortie
Voiture à pédales. - Label And Music, 2005. - 1 disque compact + 1 livret. - Débile ; Moins que rien ; Voiture à pédale (version break) ;Même pas peur ; C'est pas une vie ; Pleure (tu pisseras moins) ; L'enclume ; La corde au cou ; Et ce cafard ; Neuf fois sur dix ; J'ai dans la tête ; Délit de faciès; Voiture à pédale
C'est quand qu'on rigole. -Label Mon slip : Warner Music France, 2007 (en commande)
http://www.myspace.com/mellturbo
http://www.acceszone.info/public/

Le Cylindre : automne 2007

>samedi 29 septembre (indus ) : Punish Yourself + Wormachine + Millions
>jeudi 4 octobre, vendredi 5 octobre, samedi 6 octobre (electro hip hop ) Esplanade des Droits de l’Homme (Besançon) Block Party! avec Tentet !, Tumi & the Volume, Samanaia, C2C, June & Feetwan
>jeudi 11 octobre (chanson reggae festif ) Riké+ More and More Selecta feat. Sista Jane & Wistick
>samedi 13 octobre (rock guitare expérimental ) Le Centre d’Art Mobile & Le Cylindre présentent Nervous Cabaret + R. Poss + H. Boghossian avec T. Akiyama + J.-P. Sergent Soirée multi-arts sur le thème de New York City
>samedi 20 octobre (rock pop indé ) Soirée Inrocks Indie Club Electric Soft Parade+ The Strange Death Of Liberal England + The love Bandits
>mardi 23 octobre (blues ) Bjørn Berge + Red House
>mercredi 24 octobre (rock ) The Bishops + One Two + Cat On A Hot Tin Roof
>vendredi 2 novembre (dub indus trip hop ) Scorn + Uzul Prod + No Signal + Silent
>dimanche 11 novembre (rock légende progressif ) concert à 18h !!!!! Ange
>jeudi 15 novembre (blues trash ) aux Passagers du Zinc Deltahead
> samedi 17 novembre (electro ) Clubbing is Rocking Signal Electrique + Leonard de Leonard + Magnum 38 + Dead Wood + Marie + Mat
>lundi 19 novembre (jazz klezmer ) au CDN (Nouveau Théatre) David Krakauer and Socalled avec Klezmer Madness
>jeudi 22 novembre (hip hop trip hop ) Wax Tailor+ Mister Aul + June
>vendredi 30 novembre(metal ) L’association SURF AREA présente : Hacride + Sybreed + Run of Lava + Smeti Duchu
>jeudi 6 décembre (chanson ) Mell + Maggy Bolle
>samedi 8 décembre (ska punk rock reggae emo ) Le Bastion et Le Cylindre présentent Rhésus + Welcome to Miami + Time will tell + Akila
>vendredi 14 décembre (electro dub world ) Kanka + Filastine + Olip + Pervoll + Fluks
>jeudi 20 décembre (electro hip hop funk emotronic ) Le Cylindre présente : BoogieBoxXX party #01Le Retour du Boogie & Honneyboxx Turbo Selector + Hudson Mohawke & Mike Slott as Heralds Of Change
http://www.lecylindre.com/
http://www.myspace.com/cylindre

Etat des lieux de l’offre de support musical 2006

L'Observatoire de la Musique a publié, le 14 septembre dernier, un rapport très instructif intitulé "Etat des lieux de l’offre de support musical 2006" rédigé par André Nicolas.
Il rassemble et analyse des données éclairantes sur la diffusion du disque dans les grandes surfaces alimentaires (les supermarchés de la grande distribution), les grandes surfaces spécialisées (Fnac, Virgin Mégastore, Cultura, Forum...) et chez les disquaires indépendants ou franchisés.

Premier constat : La stratégie économique adoptée influe directement sur la politique de l'offre : "Quelle que soit (mais pour combien de temps ?) la présence de nombreux répertoires, la concentration de l’offre vendue atteint un niveau extrême, en 2006 : 5,7% des références vendues totalisaient 90% du marché en valeur. "(p. 10). Un ratio qui rappelle la loi de Pareto (20/80) mais en plus concentré!

Second constat : L'approche analytique de l'offre et l'examen des répertoires n'est pas plus rassurant (p. 36 et suivantes) : dans les grandes surfaces alimentaires, le répertoire "variétés" constitue les 2/3 de l'offre, les autres musiques se disputent le tiers restant (musiques électroniques, hip-hop & groove, pop&rock, musiques du monde, jazz & blues, musique classique, et autres...)

La synthèse du rapport (pp. 13-14) conclut sur la nécessité pour les collectivités territoiriales d'apporter leur soutien aux réseaux des acteurs engagés dans la diffusion d'une offre musicale diversifiée et de proximité. "Les politiques sectorielles des collectivités territoriales devraient complémenter les investissements consacrés au spectacle vivant (lieux et manifestations) en facilitant l’implantation de zones d’excellence culturelle (culture et commerces culturels) pour satisfaire la curiosité des publics et tisser du lien social."

Etat des lieux de l’offre de support musical 2006 (format pdf)
http://observatoire.cite-musique.fr/observatoire/document/RAPPORT_LANDAU.pdf (54 p., format pdf)

Résumé
"L’Observatoire de la musique publie un état des lieux de l’offre de support musical (CD audio et DVD musical) présentée dans les canaux de distribution physiques (GSA, GSS, réseaux de disquaires et disquaires indépendants). Cette enquête a été réalisée à partir d’un panel de 100 points de vente, visités en décembre 2006, localisés dans les centres et périphéries de 19 villes représentatives de la diversité du paysage urbain français, hors région parisienne : Angers, Bordeaux, Brive La Gaillarde, Carcassonne, Clermont Ferrand, Dijon, Grenoble, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nancy, Pau, Rennes, Riom, Strasbourg, Toulouse, Vichy et Volvic. L’étude souligne la décroissance structurelle du marché physique, résultant d’une accumulation de trois facteurs : rationalisation des investissements liés à l’offre musicale, concentration de l’offre et dévalorisation du support... " (source : l'Observatoire de la Musique)

20 septembre 2007

خنيای باستانی ایرانی

La musique classique iranienne (Khonyâ-ye Bâstâni Irâni)

Préambule
Ces derniers jours, un nouveau docteur Folamour entretient la douce menace de faire siffler les bombes sur une autre région de grande culture, et à l’inestimable patrimoine archéologique. Oubliant ou feignant d’oublier que l’Iran, comme son voisin arabe, l'Irak, a accueilli sur son territoire, et à l’aube de son histoire, le berceau de la civilisation assyro-babylonienne. Oui, Suse, ville ancienne du sud-ouest de l’Iran est l’une des plus anciennes agglomérations connues à mériter le titre de ville. Fondée vers 4000 avant J.-C., Suse, capitale de l'Empire Elamite, était la ville voisine et rivale de Babylone. La Mésopotamie entre le Tigre et l'Euphrate, Sumer, la cité d'Ur, la région même où fut inventée l’écriture… ça peut évoquer quelques souvenirs de cours d'histoire de collège.
Il est certainement nécessaire de rappeler que la Perse, carrefour entre l’Asie, et le Moyen-Orient fut, à l’époque du Moyen-Âge chrétien et jusqu’au XVIe siècle, un intense foyer où prospérèrent les Sciences, les Lettres et les Arts, devançant et instruisant l’Europe, grâce aux travaux érudits de mathématiciens, de philosophes et de poètes... tels que al-Khuwārizmī (783-825), Al-Biruni (973-1048), Avicenne (980-1037)...

Quelques données sur l'Iran :
Superficie : 1 650 000 km2 (superficie de la France : 675 000 m2)
Population : 68 700 000 habitants
Capitale : Téhéran
Langue : Perse (langue indo-européenne)

Sur l'histoire de la musique classique iranienne
« Aucun témoignage tangible ne nous est parvenu sur l’art musical des premières civilisations installées sur le plateau iranien. L’empire perse des Achéménides (550 à 331 avant J.-C.) avec toute sa grandeur et sa gloire [dont témoignent les ruines de Persépolis], ne nous a laissé que très peu d’éléments susceptibles de révéler le contenu de sa vie musicale. Hérodote mentionne les rituels religieux des Zoroastriens, qui comportaient des hymnes chantés. Xénophon, dans son Cyropedia parle des musiques martiales et cérémonielles de l’Empire.
Les premiers documents qui nous renseignent véritablement sur la musique persane datent de la période des Sassanides (226-652 après J.-C.) […] Des musiciens de cette période, les noms de Ramtin, Bamshad, Nakisa, Azad, Sarkash et Barbod nous sont restés. On attribue [à ce dernier] l’invention du système musical comprenant sept structures modales connues sous le nom de « modes royaux » (khosrovani), trente modes dérivés (lahn) et trois cent soixante mélodies (dastan) qui correspondent apparemment avec le nombre de jours dans la semaine, le mois, l’année du calendrier sassanide.

La conquête de l’empire perse par les Arabes se situa vers le milieu du septième siècle. Après l’avènement de la dynastie Abbassi (de 750 à 1258) le siège du Califat fut transféré de Damas à Bagdad (anciennement territoire perse). A partir de ce moment, les musiciens et les savants perses jouèrent un rôle déterminant dans la formation et le développement de la culture islamique orientale. […] Nombreux sont les musicologues et les théoriciens de la musique qui nous ont laissé d’importants ouvrages, […] les plus importants Abu Nasr Farabi (872-950), Abu Ali Ebne Sina (980-1037), Safia Armavi (mort en 1257), Qotbaddin Shirazi (mort en 1310), Abdalgader Maraqui (mort en 1434) ont abondamment écrit sur la théorie et les aspects acoustiques et esthétiques de la musique. Depuis la seizième siècle […] rien de substantiel n’a été écrit. Jusqu’à ce jour, […] la musique persane est avant tout un art d’exécution et d’interprétation.
Traditionnellement, l’ensemble du système musical persan, le radif, comporte douze principes : sept dastgah (structures modales fondamentales) et cinq avaz (modes dérivés) Chaque dastgah et avaz comporte plusieurs gushé. Chaque gushé représente un schéma mélodique à partir duquel le musicien peut improviser. Ainsi donc le répertoire modal bien que relativement limité permet de diversifier à l’infini la manifestation musicale proprement dite.[…] »(Texte de Hormoz Farhat)

Les instruments de la musique classique iranienne
On distingue trois familles d'instruments de la musique classique iranienne : les cordes, les percussions et les vents.

Les instruments à cordes
Barbat, oud
Ud est le nom arabe de l’ancien instrument persan barbat. C’est un luth avec de neuf à onze cordes.


Dôtar (ou dutar), luth à long manche et à deux cordes. L'instrument est également joué au Turkménistan, situé au Nord de l'Iran et chez les Uyghurs, région de la Chine de l'Ouest.


Kamantché, vièle à quatre cordes
Kamânche, kamancheh, keman, kemanche, kamança ou kemânçe (en persan: کمانچه, « archet »)
Narges Dehghani

Santour, cithare trapézoïdale où soixante-douze cordes métalliques fixes (4 par note) sont tendues sur deux rangées de neuf petits chevalets. On accorde l'instrument au moyen d'une clef agissant sur les 72 chevilles. Le musicien frappe les cordes avec de fines baguettes de noyer ou de buis appelées mezrab (plectres).
Ardavan Kamkar, santour solo


Sétâr, instrument à cordes pincées, c'est un luth à quatre cordes de la famille du tanbur. Il est consisté d'une caisse de résonance ronde et bombée, en bois de mûrier, et d'un long manche en noyer. On pince les cordes avec l'ongle de l'index droit, utilisé en guise de plectre.
Hossein Alizâdeh, sétâr avec Dariush Zargari, tombak


Tanbur, très ancien luth à long col droit, a dû connaître plusieurs variantes. Le tanbur de Khorassân avait deux cordes. Aujourd'hui il a tantôt deux cordes, tantôt trois, et on le joue sans plectre avec les doigts de la main droite.
Aliakbar Moradi, tanbur solo


Târ, appartient à la famille des luths. Sa caisse de résonance à double renflement est en bois de mûrier, et la forme de sa table évoque deux cœurs réunis par les pointes. Cette table est en peau d'agneau. Le long manche est pourvu de vingt-cinq ligatures en boyau et de six cordes dont deux doubles. On en joue avec un plectre est un luth à six cordes. La chaude couleur sonore de l'instrument se marie particulièrement bien avec le zarb.
Sahba Motallebi, târ solo


Les percussions
Daf, grand tambour sur cadre à membrane unique. L'intérieur de son cadre porte de nombreux anneaux qui résonnent lorsqu'on frappe la peau ou que l'on secoue le tambour. Outre ses attaches avec la musique populaire kurde, le daf est un instrument très lié à la musique des confréries soufi des derviches.


Zarb, est le principal instrument de percussion de la musique savante persane. Ce tambour calice d’une seule pièce en bois est recouvert d’une peau de chèvre. Au XIIIe siècle, le grand poète mystique Djalâl-ud-Dîn Rûmî écrivait : "O Dieu, donne au musicien des doigts de sucre et pour le zarb, une main de fer!" "Zarb" est un mot arabe qui signifie "frappe" et les Persans lui donnèrent l'acception de "rythme", de "temps", de "tempo". Ce tambour est également appelé "Tombak" en raison des deux coups désignés par les syllabes "Tom" et "Bak", mais ce terme est devenu péjoratif.
Keyvan Chemirani, zarb solo


Les instruments à vent
Ney (ou nay), flûte en roseau, originaire d'Asie centrale, dont les plus anciennes formes datent de -3000 ans. Son nom persan signifie roseau
Kees van den Doel, ney solo


Discographie disponible à la médiathèque de Dole

Parvin Javdan and Zohred Bayat, chant ; with Avaye Doost Ensemble : “Rozaneh : introducing poems from Rumi, Aragui and Sayeh”, Erato, 2001
Rozaneh - en persan signifie « "rayon de lumière", "espoir" - est interprété par un groupe exclusivement composé de femmes. Parvin Javdan et Zohreh Bayat chantent des solos et duos, composés ou improvisés sur de la musique iranienne traditionnelle ou contemporaine, tout en s’inscrivant dans la tradition soufie. Les textes sont tirés de l’œuvre de poètes tels que Sayeh, Rumi et Aragui. Cet album débute par une pièce en dastgâh Isfahan (l'un des modes de la musique iranienne). Après quoi compositions et improvisations se succèdent en dastgâh Shür et Nava pour renouer enfin avec le dastgâh Isfahan. Ce voyage cyclique qui symbolise le retour auprès de l'être cher, nous fait entendre la parole de deux grands mystiques : Molavi (plus connu en Europe sous le noom de al-Rümï) et Fakhedin Aragui, poète soufidu XIIIe siècle. Tous deux évoquent les expériences mystiques qui vont de la nostalgie née de la séparation d'avec l'être aimé, à la joie extatique de l'union avec cet être.

Shahram Nazeri, chant ; Ali Reza Faiz Bashi Pour, tanbur, tambour ; Hafez Nazeri, daf, dohol “Mythical chant ”, Buda Musique, 2001
Cet enregistrement de Shahram Nazeri, une des plus grandes voix de la musique classique perse, est dédié à la culture kurde ; Les compositions de Ali Reza Faiz Bashi Pour et de Shahram Nazeri sont le fruit de quatre années de recherches vouées à la poésie et aux mélodies issues de la traditions orale du Kurdistan. Shahram Nazeri est né au Kurdistan iranien, dans une famille de musiciens. Sa faille étant d'origine kurde, il est très tôt sensibilisé à cette culture à laquelle il est attaché. Aujourd'hui, Shahram Nazeri est devenu un grand chanteur contemporain en Iran, il est souvent sollicité pour des concerts à travers le monde.

Djamchid, Keyvan et Bijan Chemirani : “ Trio de zarb ”, Al Sur, Média 7, 1998
Les Chemirani, père et fils ont puisé dans les rythmes traditionnels et dans ceux issus des poésies mystiques des XIe et XIIe siècles. Les rythmes et la poésie persane sont intimement liés. Sous forme de dialogue ou de discours croisés le paysage sonore se renouvelle sans cesse, passant de séquences graves et profondes à l’unisson à d’intenses polyrythmies, explorant les multiples possibilités mélodiques et timbrales de l’instrument.

Hossein Alizâdeh, târ, tanbur et sétâr ; Afsâneh Rassâ'i, chant ; Madjib Khaladj, tombak et daf “Musique iranienne : Sâz-é nô”, Buda Records, 1997. Enr à Paris en 1997
Hossein Alizâneh est né en 1951 à Téhéran. A l'issue de 25 années d'activité et de création, il est reconnu aujourd'hui comme l'un des pionniers les plus marquants de lamusique traditionnelle iranienne. Afsâneh Rassâ'i est une chanteurse iranienne avec un timbre de voix pur et sans effet se rattachant à une école authentique.

Sussan Deyhim “Madman of god : divine love songs of the persian sufi masters” CramWorld, 2000
« Cette collection de mélodies classiques empruntées au répertoire persan est basé sur la poésie de Rümi, Hafez et d’autres écrivains Soufis du 11e au 19e siècle. Ces pièces sont connues aussi bien par mes grands parents que par les jeunes de ma génération, elles représentent les chansons d’amour de la musique classique persane. » (SD). Née à Téhéran, Sussan Deyhim a commencé sa carrière comme danseuse dans la compagnie nationale de Ballet perse, puis dans la compagnie de Maurice Béjart, le ballet du 20ème siècle. Elle s'installe à New York en 1980, où elle mène une carrière à multiples facettes embrassant la musique, le théâtre, la danse, le multimédia, en collaborant vec des artistes majeurs de l'art contemporain.

Iran : Bardes du Khorassan : “Chants et luth dotâr ”, Ocora, Harmonia Mundi, 1998. Enr. en 1997. Texte de Ameneh Youssefzadeh
Le Khorassan est une région située au Nord-Est de l’Iran. Région stratégique, elle constitue une forteresse naturelle au cœur de l’Asie Centrale, en même temps qu’elle forme un couloir de communication entre les steppes et les contrées civilisées et peuplées du Proche-Orient. C’est par cette porte géographique que les Turcs (XIe s) puis Mongols (XIIIe s)entrèrent en Perse Les bardes appelés Bakhshsi sont des musiciens professionnels qui se produisent en groupe lors de réjouissances et de danses villageoises

Dariush Talâ'i, târ, setâr ; Mohammad Musavi, ney ; Kiâni Iran : Les maîtres de la musique traditionnelle . volume 1" Ocora : Harmonia Mundi, 1991. -Enr. à Téhéran en 1979. Texte Jean During

Djamchid Chemirani, zarb ; Madjid Kiani, santour ; Daryoush Tala’i, tar “ Musique iranienne ” Harmonia Mundi, 1977. - Texte du livret de Nelly Caron.
La musique iranienne, parvenue jusqu'à nous à travers la tradition orale, est avant tout une expression de sentiments, d'émotions, de "mouvements d'âme". Tantôt non mesurée, comme les récitatifs, tantôt très rythmée, elle fait alterner un caractère méditatif, voir une nostalgie de l'Absolu ....] C'est une musique monodique, modale, heptatonique, non tempérée, où les ornements et l'improvisation jouent un rôle important. Elle est basée sur douze systèmes modaux, les Avâz, dont sept sont particulièrement importants : les Dastgâh.

Jalil Shahnaz, tar ; Abdolvahhab Shahidi, ud, chant ; Asqar Bahari, kamanché ; Faramarz Payvar, santur. Hasan Nahid, nay ; Hoseyn Tehrani, Tmobak : “ Iran : Musique persane”, Ocora Radio France, Harmonia Mundi, 1987. - Enr. en 1971. Texte de présentation de Hormoz Farhat.

à venir : le chant persan et la poésie iranienne

19 septembre 2007

La leçon de musique de Jean-François Zygel "Mozart" : DVD de la semaine

Jean-François Zygel, pianiste improvisateur, compositeur et pédagogue-né, nous raconte les secrets de la musique de Mozart, illustrant ses propos au piano et avec la participation du clarinettiste Paul Meyer et du Quatuor Ebène.
"Ce qui fait la grandeur de Mozart, c'est sa capacité infinie, sans cesse renouvelée, à nous faire partager l'intime, le délicat, le triste et le joyeux. Je ne m'explique pas ce miracle : oeuvre après oeuvre, jour après jour, une telle constance dans la qualité de l'expression, un tel pouvoir d'invention. Mais chez Mozart, l'on ne saisit pas toujours de prime abord cette invention. C'est que la grâce mélodique et ornemantale, la justesse et la finesse des dipositions harmoniques, l'élégance de l'instrumentation, la vie rythmique de son discours musical nous font oublier qu'il est aussi une infatigable imagination rhétorique et formelle.[...] Il subit et absorbe l'influence de Bach, de Haydn et de Haendel pour plus de riche contrapunctique, pour plus de force dramatique. La grandeur de Mozart, c'est d'avoir su masquer la permanence de l'invention par la grâce de l'expression." (Jean-François Zygel)

Wolfgang Amadeus Mozart : divertissement, solitude et transformation, la leçon de musique de Jean-François Zygel ; Paul Meyer, clar. ; Quatuor Ebène ; Stéphan Aubé, réal.. - Naïve, 2006. - 1 DVD vidéo (1h10 min.) + 1 CD (1h15 min.). - (La leçon de musique)

Dans cette collection sont également disponibles à la médiathèque de Dole :
>Joseph Haydn : Symphonie n° 103 "roulement de timbales"
>Félix Mendelssohn-Bartholdy : Les deux romantismes
>César Franck : L'expression par l'harmonie
>Claude Debussy : Le don de l'espace
>Dimitri Chostakovitch : Chants et danses de la mort
>Maurice Ravel : Le jardin féérique
>Gabriel Fauré
>Frédéric Chopin et la mélodie
>Bela Bartok

Jean-François Zygel a gagné cette année une reconnaissance méritée : Nouvel Observateur, ClassicNews, Libération / Ecrans, ResMusica