24 octobre 2007

Musique et médias informatisés par Guillaume Champeau

Vu sur le blog Les catalyseurs numériques, le premier cours de Guillaume Champeau (fondateur du site Ratiatum) "Musique et Médias Informatisés : industrie musicale et numérique : mythes, risques et opportunités d'un secteur en (r)évolution industrielle" (CELSA Master 2 - Communication, Médias et Médiatisation)

http://www.slideshare.net/guest5e4ebf/cours-1-introductif
http://www.champeau.info/

23 octobre 2007

Les nouvelles générations ont adopté le baladeur numérique

Bon d'accord, c'est pas vraiment un scoop, mais l'information est confirmée par une étude québécoise :
"Le bulletin iForum de l'Université de Montréal propose dans sa plus récente édition un article intitulé « Cours sur iPod: le contenu prime sur la technologie » qui traite des travaux de recherche du professeur André Caron. Celui-ci, avec l'aide de ses 123 étudiants, a travaillé sur la baladodiffusion de contenu pédagogique. [...] On apprend que ses étudiants consacrent deux heures et demie par jour à utiliser leur appareil baladeur numérique. De cette période, 75 % du temps serait consacré à l’écoute de la musique et seulement 8 % aux études." (source : Le Carnet Techno de Radio-Canada)
L'engouement pour les cours en podcast n'est pas encore au rendez-vous.
"«La technologie n’est pas une pilule miracle. Ce que les étudiants veulent, c’est du contenu», déclare l’auteur de l’étude, André Caron. Pour le spécialiste des technologies émergentes, il ne fait pas de doute que l’argent doit être investi dans le soutien aux initiatives pédagogiques plutôt que dans la quincaillerie électronique. «Il faut penser contenu; la technologie s’adaptera», dit-il." (source : Mathieu-Robert Sauvé, Cours sur iPod: le contenu prime sur la technologie, Nouvelles, Université de Montréal)

Une question qui reste à poser en France : quelles offres de contenu les bibliothèques publiques proposent-t-elles aujourd'hui aux jeunes générations équipées de baladeurs MP3 ?

Et maintenant, voici les dernières tendances des baladeurs MP3
Le modèle waterproof pour nageur qui s'accroche aux lunettes (source)

Le modèle couteau suisse (source)

Le modèle intégré au tube de rouge à lèvres (source)

... existe aussi en chaussures, lunettes, croix, stylo, nounours....

Kant : "Observations sur le sentiment du beau et du sublime" : critique

Réfléchissant à la pertinence que l’on peut accorder à un jugement de valeur émis au sujet d’une œuvre musicale ou d’un compositeur, il arrive qu'on s'aventure à rechercher quelques lumières auprès d'un des phares de la pensée occidentale, le philosophe Emmanuel Kant (1724-1804).

Connu pour sa Critique de la raison pure (1787), ouvrage souvent cité mais rarement lu (sauf par Kador, le chien des Bidochon !) , Kant a également écrit des oeuvres importantes dans une branche spécifique de la philosophie appelée Esthétique, d'abord Observations sur le sentiment du beau et du sublime (1764) puis Critique de la faculté de juger (1790). C’est ce premier ouvrage, écrit par le professeur de Königsberg, promeneur à heures fixes, et âgé alors de 40 ans, que nous allons à présent évoquer par quelques citations dont la justesse du jugement - on appréciera - se dispute à la bonté du cœur !

Dans ce texte, le philosophe qui avoue ne pas faire oeuvre de philosophe mais d'observateur, y exprime d’abord ses opinions sur ce qu’il convient de trouver beau, et ce qu’il convient de trouver sublime :
"Le sentiment raffiné, que nous allons considérer à présent, existe d’abord sous deux formes : le sentiment du sublime et celui du beau. Les émotions par l’un et l’autre sont agréables, mais sur des modes très différents. […] Des chênes qui s’élèvent et des ombres solitaires dans un bois sacré sont sublimes ; des tapis de fleurs, des haies basses et des arbres taillés en formes régulières sont beaux. La nuit est sublime, le jour est beau. "[…] (p. 82)
Cette logorrhée un peu inquiétante où l'arbitraire le dispute à l'absurde, se poursuit pendant plusieurs pages sur un mode de partage naïf : ceci est noble, ceci est admirable, ceci est grand, ceci est magnifique, ceci est estimable, ceci est terrifiant, etc. Mais le délire prend un tour vertigineux lorsque l’auteur décide de procéder de même pour déterminer les différences entre les sexes et les races.

Vous les femmes ! (à faire bondir les ménagères et les femmes actives)
"Section III. De la différence du sublime et du beau dans le rapport des sexes
Le caractère naturel de ce sexe possède encore des traits qui lui sont propres, qui le différencient du notre et se font principalement connaître par le signe de la beauté. […] Une femme a un sentiment fort et inné de ce qui est beau, gracieux et orné. Dans l’enfance déjà, les femmes aiment les toilettes, et elles se plaisent elles-mêmes à se parer. Elles sont propres et très sensibles à ce qui peut provoquer du dégoût. Elles aiment la plaisanterie, et on peut les entretenir de bagatelles, pourvu qu’elles soient gaies et rieuses. […] Le beau sexe a autant d’entendement que le masculin, seulement, c’est un bel entendement, et le nôtre doit être un entendement profond, ce qui a la même signification qu’un entendement sublime."

S’ensuivent quelques recommandations sur l’éducation du « beau sexe » :
"Une réflexion profonde et une méditation continue et prolongée sont nobles mais difficiles et ne conviennent pas bien à une personne en laquelle les libres attraits ne doivent montrer rien d’autre qu’une belle nature. […] Une femme qui a la tête remplie de grec, comme Mme Darcier, ou qui discute à fond le mécanisme, comme la marquise du Châtelet, pourrait aussi porter une barbe; car celle-ci exprimerait plus visiblement encore l’air de profondeur qu’elles recherchent. […] En conséquence, la femme n’apprendra pas la géométrie. […] Les belles peuvent bien laisser Descartes faire tourner indéfiniment ses tourbillons sans s’en soucier. […] Elles ne vont pas se remplir la tête, en histoire de combats, en géographie de fortifications, car il leur convient aussi peu de sentir la poudre à canon qu’aux hommes de sentir le musc. "

La philosophie des Lumières porteuse d'humanisme et d'universalisme
Dans le chapitre suivant sur la différentiation des races peuplant le monde, le philosophe éclairé fait montre de toute la finesse et la bienveillance de son jugement.
"Section IV. Des caractères nationaux, en tant qu’ils reposent sur le sentiment différencié du sublime et du beau
Si les Arabes sont pour ainsi dire les Espagnols de l’Orient, les Perses sont les Français d’Asie. […] Les Japonais pourraient en quelque sorte être tenus pour les Anglais de ce continent. Les Indiens ont un goût dominant pour les bouffonneries […] leur religion consiste en images grimaçantes. […] Quelle stupides grimaces n’accompagnent-elles pas les compliments savants aux multiples courbettes des Chinois […] "(p. 165)

Pour atteindre un peu plus loin au sublime… de l’ignominie :
"Les Nègres d’Afrique n’ont reçu de la nature aucun sentiment qui s’élève au-dessus de la niaiserie. M. Hume invite tout le monde à citer un exemple par lequel un Nègre aurait prouvé des talents, et il affirme ceci : parmi les centaines de millions de Noirs qui ont été chassés de leur pays vers d’autres régions, bien que beaucoup d’entre eux aient été mis en liberté, on n’en pourrait pas trouver un seul qui, soit en art ou en science, soit dans une autre discipline célèbre, ait produit quelque chose de grand. Parmi les Blancs, au contraire, il est constant que certains s’élèvent de la plus basse populace et acquièrent une certaine considération dans le monde, grâce à l’excellence de leurs dons supérieurs. Si essentielle est la différence entre ces deux races humaines ! et elle semble aussi grande quant aux facultés de l’esprit que selon la couleur de la peau." (p. 166)
"Les Noirs sont très vaniteux, mais à la façon nègre, et ils sont si bavards qu’ils faut les séparer et les disperser à coup de bâton. "(p. 167)

La bonne blague de Kant
"Le Père Labat raconte qu’un serviteur nègre auquel il avait reproché une attitude arrogante envers ses femmes aurait répondu : « Vous le Blancs, vous êtes des vrais fous, car d’abord vous concédez trop à vos femmes, et ensuite vous vous plaignez qu’elles vous cassent la tête. » Aussi bien pourrait-il y avoir là quelque chose qui mérite qu’on y pense, mais, pour faire bref, ce gaillard était tout noir des pieds à la tête, preuve évidente que ce qu’il disait était stupide." (p. 170)

Précision "amusante", ce texte délirant édité chez Garnier Flammarion, dans la collection poche classique est précédé de Essai sur les maladies de la tête, écrit la même année. Il est regrettable de ne pas trouver dans la préface, un avertissement, ou seulement une « mise en perspective » formulé de manière explicite par l’éditeur concernant ces propos outrageusement misogynes et racistes.
Philosophie (φιλοσοφία) : terme composé de deux racines grecques signifiant aimer (φίλειν) et sagesse, savoir (σοφία). Hum hum ?

Alors Kant raciste ?
Oui sans doute, même si ses opinions reflètent d'abord les préjugés propres à son temps.
"Les écrits de Kant sur les races humaines sont émaillés de caractérisations et de jugements qui heurtent notre sensibilité contemporaine. Il ne faut pas pour autant s'abstenir de toute analyse. Est-ce à dire que l'on trouve dans ces textes un authentique "racisme théorique" ? Cette accusation de racisme n'a pas vraiment d'objet à une époque où les modalités d'une pensée non raciste étaient en cours d'élaboration. Seule une analyse dépassionnée des thèses raciologiques de Kant peut rendre justice à la doctrine kantienne et cet ouvrage entend montrer la tension d'une pensée articulée autour d'un centre de gravité à la fois géographique et spirituel, l'Europe, peuplée d'hommes blancs." Raphael Lagier, Les races humaines selon Kant, PUF, 2004, 197 p.

On pourrait prendre plaisir à l’humour involontaire d’un tel ouvrage représentatif de la pensée obtuse des temps passés. Ce serait oublier qu'il fût porteur de sentiments de supériorité et corollairement de mépris, sentiments qui justifièrent d’abord l’esclavage, la colonisation, puis au XXe siècle la ghettoïsation et enfin l’extermination des ethnies jugées inférieures.

Mieux vaut donc lire le dictionnaire des idées reçues (1862) de Gustave Flaubert, véritable traité de la bêtise.
On y trouve notamment cette définition :
MUSIQUE : Fait penser à un tas de choses. Adoucit les moeurs. Ex. : la Marseillaise.

KANT, Emmanuel, Essai sur les maladies de la tête [Versuch über die Krankheiten des Kopfes] ; Observation sur le sentiment du beau et du sublime [=Betrachtunen über das Gefühl des Schönen und Erhabenen], trad., présetnation, bibliographie et chronologie par Monique David-Ménard, Fmmarion, 1990 (GF ; 571), 180 p.

22 octobre 2007

1939-1945 : la musique classique sous influence

Le 4 novembre prochain, la Berliner Philharmoniker fêtera son 125ème anniversaire. Un regard rétrospectif sur cette prestigieuse formation oblige à examiner les activités de l'orchestre pendant les années du nazisme entre 1933 et 1945. A Berlin, une exposition consacrée à la Philharmonie de Berlin pendant le IIIe Reich a été organisée au foyer de l'orchestre.
Ainsi deux de ses chefs les plus prestigieux Wilhelm Furtwängler (photo) et Herbert von Karajan ont été d'ardents propagandistes hitlériens, contribuant à faire de la musique allemande une armes de propagation puissante dédiée à la gloire du régime nazi. (source : Lorraine Rossignol, La Philharmonie de Berlin et le nazisme, Le Monde, 1 octobre 2007) [consulté le 22 octobre 2007]

Cette propagande était également portée hors d'Allemagne, comme en témoigne les archives audiovisuelles suivantes montrant le chef Herbert von Karajan lors d'un concert à Paris

Sur ce sujet, on peut lire également l'article très référencé de François Coadou : La musique en France sous l’Occupation, sur l'excellent site Musicologie.org
http://www.musicologie.org/publirem/coadou_musique_france_occupation.html
extrait : "Le 11 novembre 1943 se déroule, à Dijon, un récital du pianiste Wilhelm Kempff. Au programme : musique allemande : Beethoven. Le 11 novembre 1943, la date semble tout de même un peu mal choisie – elle semble tout de même un peu mal venue aux autorités allemandes. Les autorités allemandes redoutent, à l’occasion de cette audition et à l’occasion de cette commémoration, une manifestation virulente de nationalisme français, une manifestation virulente contre le nazisme. Elles redoutent – mais : elles se refusent à annuler ; elles se refusent à supprimer le récital. Que va-t-il arriver ? Que va-t-il se passer ? Rien. Il ne se passe rien – sinon que le public de Dijon, venu en nombre, acclame Beethoven, Wilhelm Kempff et toute la politique culturelle allemande. Le public, ici, ne voit que du feu. Il ne voit pas la dimension idéologique éventuelle, la dimension politique éventuelle, en cette date commémorative, de cette action culturelle, de cette action en musique."

A voir, disponible à la médiathèque de Dole, le film de Gérard Caillat : Opéra et IIIe Reich (1997)(50 minutes)
"Les nazis ont rapidement compris que l’opéra pouvait surpasser le théâtre et le cinéma pour exalter les qualités allemandes. Devenu instrument de propagande, cet art a fait l’objet d’une attention toute particulière sous le IIIe Reich. Dès son arrivée au pouvoir en 1933, Hitler s'en prend au théâtre et à la musique : Goebbels, ministre de la propagande et de l’instruction du peuple, a pour mission de "nettoyer la vie culturelle allemande". Toute production artistique ne magnifiant pas la grandeur, l’héroïsme et le sens du devoir allemands est interdite et condamnée. Basées sur les mythes germaniques, les oeuvres de Wagner, trouvent chez Hitler une forte résonnance comme légitimation historique de ses idées sur la suprématie de la race allemande."

Bibliothèque numérique européenne, le deuxième souffle ?

La commission de la culture et de l'éducation du Parlement européen a fait adopter le 15 juillet dernier un projet de rapport de Marie-Hélène Descamps (UMP-PPE) intitulé : "i2010: Vers une bibliothèque numérique européenne"
Reportage réalisé par le groupe parlementaire PPE-DE

"i2010 est le nouveau cadre stratégique de la Commission européenne définissant les larges orientations politiques pour la société de l'information et les médias. Cette nouvelle politique intégrée vise notamment à encourager la connaissance et l'innovation afin de soutenir la croissance ainsi que la création d'emplois plus nombreux et de meilleure qualité. Elle s'inscrit dans le cadre de la stratégie de Lisbonne révisée." (source)
Dans ce cadre "I2010", les 12, 13 et 14 septembre à La Haye, a été lancé le EDLnet (European Digital Library Network) Ce réseau thématique de la bibliothèque numérique européenne compte plus de 80 partenaires dont pour la France la BNF et l'INA.
La mission de l'EDLnet est de "développer des standards d’interopérabilité entre les collections numériques des différents types d’instituts culturels (bibliothèques, archives, musées) en s’appuyant sur les acquis des bibliothèques nationales qui ont joué en Europe un rôle pionnier en matière de numérisation du patrimoine." (source)
Rendez-vous donc en 2010 pour apprécier les premières réalisations concrètes de cette bibliothèque numérique européenne aujourd'hui toujours en chantier.

20 octobre 2007

L'opéra Garnier : architecture de la musique#2

Le mois du film documentaire est un événement national qui se déroule chaque année en novembre. Le thème retenu par la Médiathèque de Dole pour cette 8e édition est l'architecture. Pour accompagner cette manifestation, Mediamus présentera régulièrement des oeuvres architecturales importantes dédiées à la musique tels que des opéras, des salles de concert, des conservatoires...
... aujourd'hui l'Opéra de Paris, oeuvre de l'architecte Charles Garnier.


« Il n’y a pas à choisir entre les arts, il faut être le bon Dieu ou architecte »
Charles Garnier

La construction d'un nouvel opéra est décrétée d'utilité publique le 29 septembre 1860. Trois mois plus tard le bâtiment est mis au concours. Sur les cent soixante et onze projetss présentés, c'est celui de Charles Garnier, jeune Prix de Rome de trente-cinq ans qui est retenu.
La construction va durer quinze ans, et va connaître toutes les péripéties et tous les avatars possibles. La détaite de Sedan en 1870 contre l'Allemagne, la chute du Second Empire et la Commune arrêtent le chantier que beaucoup jugent condamné. Grâce à la persévérance de l'architecte et au soutien du gouvernement de la Troisième République qui pour la circonstance fait ouvrir un emprunt, le Nouvel Opéra sera finalement inauguré le 5 janvier 1875 par le Maréchal Mac-Mahon.
Par son exubérance décorative, le bâtiment qui dénote dans la nouvelle ère de la construction métallique initiée par Eiffel, fût parfois l'objet de critiques. Aujourd'hui, le palais Garnier est considéré comme l'un des joyaux architecturaux du 19ème siècle. (source : Martine Kahane, Thierry Beauvert, Jacques Moatti, phot., L'opéra de Paris : Palais Garnier, Adam Biro, 1987)

Petit film à destination touristique réalisé par REV



Disponible à la médiathèque de Dole
L'opéra Garnier in Architectures, vol. 3, un film réalisé par Stan Neumann et Richard Copans (2003, 26 minutes) dont voici un court extrait :



Pour aller à l'Opéra Garnier...


http://www.operadeparis.fr/

L'Opéra Garnier et Charles Garnier sur Wikipedia

18 octobre 2007

Le théâtre de Besançon : architecture de la musique #1

La Médiathèque de Dole prépare sa participation au mois du film documentaire, un événement national qui se déroule chaque année en novembre. Le thème que nous avons retenu pour cette 8e édition est l'architecture. Pour accompagner cette manifestation, Mediamus présentera régulièrement des oeuvres architecturales importantes dédiées à la musique tels que des opéras, des salles de concert, des conservatoires...
... aujourd'hui le théâtre de Besançon, oeuvre de l'architecte Claude-Nicolas Ledoux.

« Dans mon théâtre on voit partout et on est vu de partout » C. N. Ledoux

Le théâtre de Besançon (1775-1784)
Architecte : Claude Nicolas Ledoux

Au XVIIe siècle, le gouverneur de la Ville de Besançon, le maréchal de Duras, décide de la construction d’un grand théâtre public. L’architecte Claude Nicolas Ledoux est chargé de sa réalisation, les travaux sont financés par le Roi.
Le bâtiment avait initialement la forme d’une croix latine, six colonnes sans base formaient le péristyle de sa façade et s’appuyaient sur un perron auquel on accédait par quelques marches. Sur les côtés, une rampe en pente douce pour rendre l'entrée accessible… aux chaises à porteurs !
L’innovation apportée à ce théâtre tient dans l’aménagement de la salle. Elle a la forme d’un amphithéâtre en hémicycle, avec des étages de loges en retrait les uns par rapport aux autres. Ledoux supprime le cloisonnement des loges. Cette configuration a l’avantage d’élargir le champ de vision du spectateur, à l'inverse des salles de théâtre à l’italienne dites en « cages à poulet ». Ledoux supprime également les surcharges de décoration toujours dans le but d’améliorer le confort acoustique et visuel.
La salle était conçue pour accueillir 2000 spectateurs.
Autre originalité marquante : Ledoux supprime l’avant-scène où s'installait à l’époque l'orchestre masquant ainsi les acteurs au public. Pour pallier ce problème, Ledoux invente ainsi la fosse d’orchestre.
Ce théâtre est considéré comme l’un des édifices les plus importants de l’histoire de l’architecture théâtrale européenne du XVIIIe sicle.
Le bâtiment dans l’esprit de son architecte peut être considéré comme un manifeste pré-révolutionnaire : « Ce qui convient à un Etat républicain, ne convient pas à un Etat monarchique : nos mœurs, nos usages, nos spectacles sont différents. » (1783)
Le théatre fût sinistré par un incendie en 1958 et ne fût pas reconstruit à l’identique.
De l’œuvre de Nicolas Ledoux, seuls les murs extérieurs subsistent aujourd’hui. (source : Jacques Rittaud-Hutinet, Claude Nicolas Ledoux : création et projets, La Taillanderie, 2007)


L’Opéra-Théatre de Besançon accueille chaque année à l’automne le Festival International de musique de Franche-Comté.
http://www.festival-besancon.com/


Autres ouvrages de Jacques Rittaud-Hutinet disponibles à la Médiathèque de Dole :

-Claude-Nicolas Ledoux, L'oeuvre & la vie, La Taillanderie, 2006
-Claude-Nicolas Ledoux : les trois temples, La Taillanderie, 2005
- Encyclopédie des arts en Franche-Comté, avec Chantal Leclerc, La Taillanderie, 2004
- Légende pour un temps futur, Chambéry : Ed. Comp'act, 1997
- Des tréteaux à la scène : le théâtre en Franche-Comté du Moyen-Age à la Révolution, Cêtre, 1988
- La vision d'un futur : Ledoux et ses théâtres, Avant-propos de Serge Antoine ; Préface de Jean-Pierre Jouve, Presses Universitaires de Lyon, 1982

17 octobre 2007

Les premiers instruments électroniques transportables : Les musiques électroniques #2

Dans les années 1920, trois instruments électroniques majeurs font leur apparition : le Thérémine , les Ondes Martenot et l’Orgue Hammond.

Le thérémine

Inventé par le Russe Lev Sergeyevich Termen au début des années 20, l'instrument sera connu quelque années plus tard sous le nom de thérémine ou theremin prenant le nom de son inventeur, celui-ci s’appellant désormais Léon Theremin. La production du son repose sur le contrôle de l'effet hétérodyne : deux hautes fréquences sont combinées pour produire une fréquence plus basse, audible par l'oreille humaine (de 20 hz à 20 000 hz). Le thérémine est l'un des premiers instruments électroniques transportables. Le brevet de protection sera déposé en 1928.
Des artistes de renom utiliseront cet instrument pour interpréter des œuvres du répertoire classique, comme Clara Rockmore, violoniste de formation.
Camille Saint-Saëns : "Le cygne" par Clara Rockmore

A cause de son timbre éthéré évoquant une voix humaine un peu spectrale, le thérémine sera souvent utilisé dans les films de science-fiction pour annoncer des phénomènes étranges venus d'ailleurs.

The Day the Earth Stood Still [Le jour où la Terre s'arrêta] (1951)

Le thérémine a suscité l'intérêt permanent des musiciens de pop music comme en témoigne l'album Pet sounds du groupe The Beach Boys, plus récemment le groupe Portishead a également utilisé l'instrument sur le titre Mysterons.
La vidéo suivante permet de voir l'extrait d'un reportage de la BBC consacré au Thérémine.
Pour en savoir plus sur le Thérémine

Les ondes Martenot
Maurice Martenot, violoncelliste et télégraphiste français rencontra Léon Theremin en 1923. Les "Ondes Martenot" a été breveté le 2 avril 1928 sous le nom "Perfectionnements aux instruments de musique électriques". Martenot voulait produire un instrument simple à utiliser par tous les musiciens. Les premières versions étaient utilisées par un musicien qui manipulait une corde à l'aide d'une antenne attachée au doigt. (en utilisant la capacité du corps pour contrôler les caractéristiques du son, de manière similaire au Thérémine). Les versions suivantes seront équipées d'un clavier standard. L'appareil était monophonique et avait un ruban de contrôle du glissando et du vibrato, tout comme certains appareils d'aujourd'hui. L'Ondes Martenot fut le premier instrument électronique à avoir un réel succès commercial et Martenot lui-même devint en 1943, 20 ans après son invention, professeur au Conservatoire de Musique de Paris où il enseigna l'instrument. (source)
A l’instar d’Olivier Messiaen, des grands compositeurs tels que André Jolivet, Arthur Honneger et Maurice Jarre ont également écrit pour les Ondes Martenot. L'instrument a pu ainsi bénéficier d’une littérature musicale importante.
Olivier Messiaen : "Turangalîla-Symphonie" (extrait)

Les ondes Martenot sont encore utilisées de nos jours par les artistes de rock et de variétés, citons le groupe Radiohead en joue parfois sur scène.
Le thérémine et les ondes Martenot sont des instruments monophoniques - un seul son peut être joué à la fois-, contrairement au Telharmonium qui pouvait jouer des accords (voir l'article précédent sur le sujet).


L'orgue Hammond
Laurens Hammond pour invention a repris et miniaturiser le concept de roue phonique (tonewheel).
L'orgue Hammond équipera les églises, le théâtres, les cinémas et les stades. L'instrument rencontra un vif succés dans les musiques populaires afro –américaine, d’abord à l’église (gospel) puis dans d’autres genres comme le jazz et blues.

L'organiste Korlat Pandit interprétant Miserlou (remplacez l'orgue par une guitare électrique, accélérez le rythme, ça devrait vous rappeler la musique de Pulp Fiction)

Aujourd'hui, il est possible de jouer de l'orgue Hammond à partir de son ordinateur, c'est ce que propose l'éditeur Native Instruments avec le logiciel d'émulation B4 dont on peut télécharger une version démo.

Pour rappel : épisode 1 : Les pionniers, 1900-1926
... A venir : épisode 3 : le temps de la recherche, les années 40 et 50

Architecture de la musique

« On parle en architecture, empruntant en cela à la langue italienne, de projettation. Projet et projection unissent architecture et cinéma dans le dur désir de durer, par l’expression projetée d’une réalité qui va advenir. » (François Barré)


La Médiathèque de Dole prépare le mois du film documentaire, événement national qui se déroule comme chaque année en novembre.
Le thème retenu pour cette 8e édition : "L’œil de l’architecte : Voyage à travers quatre siècles d’architecture"
Ainsi, pendant la durée de cette manifestation culturelle, plus de cinquante films documentaires consacrés à l’architecture seront librement proposés à la diffusion en salle Arts et dans la salle de l'Heure du Conte. C'est l’opportunité d’appréhender l’architecture dans une visée historique comme représentation :
· politique et militaire au XVIIe avec Jules Hardouin-Mansart et Sébastien Le Preste de Vauban,
· utopique et révolutionnaire au XVIIIe avec Claude Nicolas Ledoux et Etienne-Louis Boullée,
· industrielle et fonctionnelle au XIXe avec Charles Garnier, Henri Labrouste, Hector Guimard
· conceptuelle et spectaculaire au XXe et au XXIe avec Frank Lloyd Wright, Walter Gropius, Renzo Piano

En complément de ces projections, sera présentée également une filmographie de la ville et de l’architecture au cinéma à travers quelques œuvres représentatives, notamment Playtime de Jacques Tati, Metropolis de Fritz Lang, Fellini Roma, Blade runner de Ridley Scott, Brazil de Terry Gilliam, … ainsi qu’une sélection de livres d’art sur les œuvres et les architectes majeurs de l’histoire moderne. Le programme détaillé, ainsi qu'un dossier documentaire seront mis en ligne à la fin du mois d'octobre sur le site de la Médiahtèque de Dole

"L'architecture est une musique figée" (citation attribuée parfois à Schiller, parfois à Goethe)
Pour accompagner cette manifestation, Mediamus présentera régulièrement des oeuvres architecturales importantes dédiées à la musique tels que des opéras, des salles de concert, des conservatoires...

.... à venir l'Opéra Théâtre de Besançon (1778-1784) dessiné par Claude Nicolas Ledoux.

Le ventre de l'architecte (1987)
un film de Peter Greenaway, musique de Wim Mertens

"Pay attention" ou l'enseignement 2.0 : vidéo de la semaine #25

La vidéo suivante peut être vu comme un manifeste affirmant que l'on doit considérer les élèves et les étudiants d'aujourd'hui comme des natifs de l'ère numérique.
Le message est donc d'inciter les enseignants à intégrer les moteurs de recherche, les wikis, les podcasts, les téléphones portables mêmes... comme de nouveaux outils pouvant être utilisés dans leurs pratiques pédagogiques. Après les bibliothécaires, se sont à présent les professeurs qui sont conviés de se mettre à l'heure du web 2.0.
Le film a été réalisé par la Jordan School District (Utah) pour un programme nommé "Transforming teaching through technology"


Le développement du e-learning semble être un des phénomènes majeurs de cette fin d'année 2007, ainsi :
-L'Université de Berkeley a ouvert une chaîne sur Youtube où elle diffuse ses cours ,
-Au mois de septembre, Yahoo a lancé YahooTeachers une base de ressources destinée aux professeurs,
-La cité des sciences et de l'industrie organise un colloque sur Wikipédia et l'éducation,
-L' Île-de-France propose à ses étudiants un cartable numérique sous forme de clé USB.

Pour rappel, des institutions françaises d'enseignement supérieur proposent déjà des contenus audiovisuels en ligne (cours, conférences, colloques, séminaires...) dont voici une petite liste :
L'encyclopédie sonore
Diffusion des savoirs de l'Ecole Normale Supérieure
Univesité de tous les savoirs
Canal-U
Canal Académie
Les podcasts de la Sorbonne