10 janvier 2008

Die Dreigroschenoper : le cinéma allemand et la musique #5

L'opéra de quat' sous
Die Dreigroschenoper (en anglais The Threepenny Opera) a été réalisé par Georg Wilhelm Pabst, il est sorti en salle en 1931. C'est l'adaptation de l'opéra de Bertolt Brecht, l'auteur du livret et de Kurt Weill, le compositeur.

Le film a été tourné en deux versions : une version allemande avec Lotte Lenya (Jenny) , Rudolf Forster (Mackie), Carola Neher (Polly), Valeska Gert (Mme Peachum), Friz Rasp (Peachum), Reinhold Schünzel (Brown) et une version française : Margo Lion (Jenny), Albert Préjean (Mackie), Florelle (Polly), Lucy de Matha (Mme Peachum), Gaston Modot (Peachum), Jacques Henley (Brown)... et Antonin Artaud (dans le rôle d'un nouveau mendiant) .
L'Opéra de quat' sous, chef d'oeuvre du cinéma expressionniste est une satire sociale agrémentée de chansons. L'histoire est annoncée par un chanteur de complaintes. Avant chaque acte, les personnages du drame sont représentés par des marionnettes à leur effigie. On retrouve le procédé de distanciation [Verfremdungseffekt] importante dans l'oeuvre de Bertold Brecht.
L'action se déroule à Londres, dans le quartier de Soho au début du siècle dernier, dans le milieu de la pègre. Mackie, dit le Surineur, le caïd local, épouse Polly, la fille de Peachum, le roi des mendiants. Peachum et sa femme s'opposent à cette union et demandent à Brown, le chef de la police de Londres d'arrêter Mackie. Brown se retrouve dans l'embarras car c'est un grand ami de Mackie avec lequel il fait affaire. Mais Peachum parvient à faire pression sur Brown, en menaçant de faire défiler ses mendiants lors de la cérémonie de couronnement de la Reine. Mackie est donc arrêté avec l'aide de la prostituée Jenny, qui est jalouse de Polly. Celle-ci prise de remord fait évader Mackie de prison. Tout se termine bien et en chanson : Mackie, Jenny, Peachum, et Brown se réjouissent en choeur de leur prospérité future.
Le film est ponctué de plusieurs scènes chantées :

Moritat von Mackie Messer [La Complainte de Mackie le Surineur]



Barbara-Song [Le Chant de Barbara] par Polly


Seeräuber-Jenny [Jenny-des-Corsaires, ou la fiancée du pirate]


Denn wovon lebt der Mensch ? [Car de quoi vit l’homme ?] par le chanteur des rues


Kanonen-Song [Le Chant des canons] par Mackie et Brown


Finale [Final]


L'opéra de quat' sous de G. W. Pabst dans sa version française est disponible en VHS à la Médiathèque de Dole.

Lulu, Die Büchse der Pandora / The Killers : le cinéma allemand et la musique #4

"Loulou, Loulou, vous n'avez pas vu Loulou ? ", " Oui, c'est moi..."
Lulu, Die Büchse der Pandora (1929) (en francais Loulou, La boîte de Pandore) est un film allemand muet du réalisateur d'origine autrichienne Georg Wilhelm Pabst, avec l'irradiante actrice américaine Louise Brooks. Egalement dans la distribution : Fritz Kortner, Francis Lederer et Alice Roberts. Le film est une adaptation de la pièce de Frank Wedekind qui inspirera également l'opéra Lulu d'Alban Berg.
Loulou est l'un des archétypes de la femme fatale entraînant les hommes à leur perte. En 1923, G. W. Pabst avait déjà révélé Greta Garbo dans la Rue sans joie, deux années plus tard, en 1931, il tournera L'opéra de quat' sous dont nous reparlerons très bientôt.
Après Tess et What's new, Tiger Lily, voici une nouvelle mash-up, en français un mélange ou une hybridation avec le titre "Mr Brightside" du groupe The Killers. (Finalement, tous les groupes en The ne sont pas forcément mauvais ;-))

G. W. Pabst "Lulu, Die Büchse der Pandora" / The Killers "Mr Brightside"

9 janvier 2008

Gilles Deleuze, Liebniz et l'harmonie baroque

En 1987, le philosophe Gilles Deleuze invite ses étudiants de l'Université de Vincennes à une réflexion à trois voix à la croisée de la musique et de la philosophie. Consacrant un cours à la pensée de Leibniz, Deleuze convie deux musiciens : la compositrice et musicologue Pascale [Criton] et le musicien électronique d'avant-garde Richard [Pinhas] à disserter sur l'histoire de la théorie musicale de la période Renaissance à la période classique. Les deux noms sont mis entre crochets, car nous pensons avoir identifié ces deux intervenants par recoupement.
En praticien de la maïeutique, Gilles Deleuze interroge ces spécialistes en tentant de construire des passerelles entre les pensées philosophiques et musicales des 17e et 18e siècles.
Il est ainsi question de l'harmonie par intervalle propre à la musique franco-flamande de la Renaissance, du contrepoint baroque, du passage de l'harmonie de résonance (polyphonie) à l'harmonie de consonance (basse continue), aboutissant à l'harmonie classique des accords, du rapport des voix entre elles, du rapport entre les voix et les instruments, de l’expressivité de la dissonance, du rapport des notes entre elles : tonique, dominante (quinte), octave, harmoniques, ou encore de la naissance de la musique instrumentale.
Ultime question du philosophe : quel rapport entre la nouvelle harmonie des accords et l'accord des âmes entre elles et des âmes avec les corps dont parle Leibniz ?
On l'a compris, malgré un son assez médiocre on assiste à une passionnante leçon (sans doute par moment fumeuse) donnée sous la forme d'un dialogue, et d'une pensée qui se construit à mesure. Ces archives audiovisuelles (sous-titrées en italien, car diffusées par la RAI3) témoignent d'une époque déjà historique où régnait un joyeux boxon : une salle de cours surpeuplée, des étudiants partout, assis, edbout, entourant le professeur, le bruit de la porte grinçant continuellement en raison du flux incessant des entrants et des sortants, tout le monde fumant avec application, assis à la gauche de Deleuze, un homme imperturbable, chaussé de lunettes noires mange plein cadre d'abord un sandwich à la 33ème minute, puis quelque chose s'apparentant à une pâtisserie à la 43ème minute. Richard Pinhas, au tableau, traçe à la craie le schéma de l'harmoniseur, et Gilles Deleuze se prend littéralement la tête lorsque Pascale Criton, musicologue explique quelques principes de l'harmonie, avant de conclure par : "Ecoutez, moi, je souhaite que ça se termine comme ça… Je remercie très vivement ceux qui sont intervenus dans cette histoire de musique, dont j’aime bien qu’au besoin elle nous laisse des impressions confuses, mais je crois qu’en tout cas pour moi, elle me donne des points de départ de travail que je n’aurais pas eu sans cette séance."

Gilles Deleuze 1987 cours Vincennes(durée : 51'11'')

Le site consacré à Gilles Deleuze admnistré par Richard Pinhas
http://www.webdeleuze.com/

Le site de Pascale Criton
http://www.pascalecriton.com/

Le site de Richard Pinhas
http://www.richardpinhas.com/

8 janvier 2008

Aguirre, der Zorn Gottes : le cinéma allemand et la musique #3

Pendant le mois de janvier, le département Arts de la Médiathèque de Dole présente une sélection d'oeuvres marquantes réalisées par des cinéastes allemands. C'est l'opportunité de considérer la place que ces grands créateurs ont réservé dans leurs films à la musique.

La première scène d'Aguirre, la colère de Dieu (1972)
"Après la conquête et le pillage du Royaume Inca par les Espagnols, les Indiens misérablement opprimés, inventèrent la légende d’un royaume doré, « Eldorado ». On situait ce pays dans les impénétrables tourbières des affluents de l’Amazone. Vers la fin de l’année 1560, une importante expédition d’aventuriers Espagnols quitta les sierras péruviennes sous la conduite de Gonsalo Pizzarro."


"Aguirre, der Zorn Gottes" est un film de Werner Herzog, avec dans le rôle-titre Klaus Kinski (Don Lope de Aguirre).
La musique est de Popol Vuh qui signera également pour le réalisateur d'autres bandes originales dont notamment Herz aus Glas [Coeur de verre) (1976), Nosferatu: Phantom der Nacht (1979) et de Fitzcarraldo(1982), et Cobra Verde (1988).
Popol Vuh est un groupe de rock allemand indissociable de son leader : Florian Fricke. Avec Amon Düül, Klaus Schulze, Tangerine Dream, il est l'une des figures importantes de la vague allemande de rock planant du début des années 70, ce mouvement qui sera désigné sous l'appellation Kraut Rock, est à l'origine de la musique new age (ou ambiant music).

Sur Popol Vuh : Discographie, le site italien http://www.popolvuh.it/.

4 janvier 2008

Steal this film I & II : vidéo de la semaine #31

Steal this film est un documentaire suédois sur l'histoire du site Pirate Bay , il propose un débat sur le droit d'auteur et la culture du partage de fichiers. Le film développe particulièrement les arguments des utilisateurs de Peer-to-Peer. (en anglais)

"There have been a few documentaries by "old media" crews who don't understand the net and see peer-to-peer organization as a threat to their livelihoods. They have no reason to represent the filesharing movement positively, and no capacity to represent it lucidly. We wanted to make a film that would explore this huge popular movement in a way that excited us, engaged us, and most importantly, focused on what we know to be the positive and optimistic vision many fileshares and artists (they are often one) have for the future of creativity. Hopefully you'll enjoy the first part of Steal This Film (Stockholm, Summer 2006). It achieves some, but by no means all, of our goals. This film is free for you to share, watch on your DVD player, or on your iPod, or show in cinemas. "
Steal this film I (2006) (extrait)

http://www.stealthisfilm.com/Part1/

"These are strange times indeed. While they continue to command so much attention in the mainstream media, the 'battles' between old and new modes of distribution, between the pirate and the institution of copyright, seem to many of us already lost and won. We know who the victors are. Why then say any more? Because waves of repression continue to come: lawsuits are still levied against innocent people; arrests are still made on flimsy pretexts, in order to terrify and confuse; harsh laws are still enacted against filesharing, taking their place in the gradual erosion of our privacy and the bolstering of the surveillance state. All of this is intended to destroy or delay inexorable changes in what it means to create and exchange our creations. If STEAL THIS FILM II proves at all useful in bringing new people into the leagues of those now prepared to think 'after intellectual property', think creatively about the future of distribution, production and creativity, we have achieved our main goal."
Steal this film II (2007)

http://www.stealthisfilm.com/Part2/


http://en.wikipedia.org/wiki/Steal_This_Film

Die Blechtrommel : le cinéma allemand et la musique #2

Pendant le mois de janvier, le département Arts de la Médiathèque de Dole propose une présentation de quelques oeuvres marquantes de cinéastes allemands. C'est l'opportunité de considérer la place que ces grands créateurs ont réservé dans leurs films à la musique.

Le tambour (1979), un film de Volker Schlöndorff, avec David Bennent, Mario Adorf, Angela Winkler.
Le scénario de Jean-Claude Carrière est l'adaptation du roman de Gunther Grass qui à l'époque n'avait pas encore révélé tous les éléments de sa jeunesse à l'époque du nazisme. Une amnésie (un black-out ?) qui n'est pas uniquement individuelle mais probablement collective.
Le film reçu la Palme d'Or du Festival de Cannes en 1979, à égalité avec Apocalypse Now de Francis Ford Coppola.
La musique originale est de Maurice Jarre.

Die Blechtrommel (1979), un film de Volker Schlöndorff


La fiche IMDb, la fiche Allociné

Le film est disponible à la médiathèque de Dole sur support VHS et DVD.

3 janvier 2008

Berlin, Die Symphonie der Großstadt : le cinéma allemand et la musique #1

Pendant le mois de janvier, le département Arts de la Médiathèque de Dole propose une présentation de quelques oeuvres marquantes des cinéastes allemands, de la période expressionniste des années 20 avec Robert Wiene, Friedrich Wilhem Murnau et Fritz Lang , à la Nouvelle Vague des années 70 emmenée par Rainer Werner Fassbinder, Volker Schöndorff, Werner Herzog et Wim Wenders. Un dossier documentaire est consultable ici sur le site de la médiathèque de Dole.
C'est aussi l'opportunité de considérer la place que ces grands créateurs ont réservé dans leurs films à la musique.

Berlin, symphonie d'une grande ville (1927)
Film d'art expérimental autant que film documentaire, "Berlin, Die Symphonie der Großstadt" est l'un des films les plus représentatifs de la période de la république de Weimar (1919-1933) . Conçu comme une "oeuvre totale", le projet de Walther Ruttmann est de restituer l'activité d'une ville moderne de l'aube jusqu'à la nuit. Réalisé la même année que Metropolis, le film participe du même mouvement esthétique que "L'homme à la caméra" (Человек с киноаппаратом) (1928) (dont le réalisateur Dziga Vertov est ici au montage), ce mouvement fut baptisé "Nouvelle Objectivité" (Neue Sachlichkeit) .
La musique originale est de Edmund Meisel.
Extrait


http://walterruttmannfilm.blogspot.com/

Oscar Peterson (1925-2007)

Ressources biographiques en ligne : wikipédia, son site officiel, les archives de Radio-Canada, la page que lui consacrent les bibliothèques et archives du Canada

Articles de presse : Le Monde, Libération, Le Figaro

Oscar Peterson Trio : "Goodbye"


Disques compacts disponibles à la médiathèque de Dole : At the Stratford Shakespearean Festival (1956), We get requests (1964).

2 janvier 2008

Periodic table of the Internet

Première tentative de classification périodique des sites Internet
Après le plan de métro, voici une autre présentation originale des outils et ressources en ligne à la manière du "tableau périodique des éléments ou Table de Mendeleïev". Chaque colonne décline une thématique : moteurs de recherche, outils Internet, sites de classement, aggrégateurs, bédéblogs, outils et ressources pour programmateurs, blogs, réseaux sociaux, podcasts, vidéos, actualités, divers. Le numéro n'indique pas le nombre d'électrons mais l'ordre de classement (PageRank).
Une belle idée graphique qui n'a évidemment aucune prétention scientifique, notamment en ce qui concerne les critères de sélection des sites retenus, dont certains sont plutôt obscurs et inconnus. (Aparté : que Alexey Pazhitnov l'inventeur de Tétris soit un scientifique russe n'est sans doute pas un hasard, la Table de Mendeleïev a dû un peu le marquer!)

http://www.wellingtongrey.net/miscellanea/archive/2007-06-23--periodic-table-of-the-internet.html

Le concerto pour piano n° 5 "Empereur" de Beethoven par Hélène Grimaud : disque de la semaine


« Le concerto pour piano est un fauve pour qui l’on a un respect incroyable. Et, pour cette raison, on l’étudie, et le fauve se révèle être le professeur. Un professeur qui met l’interprète au défi de développer ses propres idées, qui l’oblige, face à la forme écrasante qu’il faut maîtriser, à réfléchir à ses propres contradictions et à leur donner une forme originale, à transcender ses propres limites et à se débarrasser de ses idées préconçues. Beethoven force l’interprète à acquérir une connaissance, parce que dans sa musique l’émotionnel procède d’une logique philosophique. L’émotion seule ne permet pas à l’interprète d’aller bien loin. » (Hélène Grimaud à propos du concerto n° 5 de Beethoven)

Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano et orchestre n°5 en mi bémol majeur, op. 73 "Empereur" ; Sonate pour piano n° 28en la majeur, op. 101 (Hélène Grimaud, piano ; Staatskapelle Desden, Vladimir Jurowski, dir.), Deutsche Grammophon, 2007 (1 CD + 1 DVD)