10 mars 2008
François Villon : "Frères humains" : (toujours) pas de printemps pour les poètes #4
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, se pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés cinq, six :
Quand de la chair que trop avons nourrie,
Elle est piéça devorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Se frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis ;
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!
La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis ;
Pies, corbeaux, nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcis.
Jamais nul temps nous ne sommes assis;
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Prince Jésus, qui sur tous a maîtrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
A lui n'ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!
On peut retrouver ce texte de François Villon (1431-1463) également appelé "Ballade des pendus" ou "Épitaphe Villon", lu par Peter Marquis et par Jean Deschamps sur le site Vive Voix anthologie sonore de poésie.
La ballade des pendus chantée par Serge Reggiani
PATAPON (PSP) : jeu vidéo musical et stratégique
Le but du jeu est de faire avancer et combattre la tribu des Patapons, de sympathiques créatures en forme de globe oculaire sur pattes, en réalisant des enchaînements en appuyant en rythme sur les boutons CROIX, ROND, TRIANGLE, CARRE de la PSP. L'ennemi à vaincre est l’armée du méchant Zigoton.
Test : Jeuxvideo.com, gamekult.com
8 mars 2008
Yerban Kuru (Alternative noisy dub), l'album
Dub'n Bass Metal
Après une démo 4 titres (2004), un CD promo (2005), et une présence sur la compilation "Les Ecclectiques d'Absynthetic, vol II (2006), Yerban Kuru sort en mars un premier album enregistré et mixé au studio Le Passe Muraille, et masterisé à l'Autre Studio.
L'accueil des webzines spécialisés est excellent :
"Avec leurs explorations tantôt planantes, tantôt engagées, les alchimistes de Yerban Kiru développent un univers sonore singulier, alliant merveilleusement Dub, Trip Hop, Métal... Une écriture audacieuse et tonique..." LumpMusic
"Yerban Kuru est un groupe de dub à l'âme rock, on les rapprochera de Lab° et Guns of Brixton. Par moment, les guitares se font métal, Yerban Kuru c'est du lourd!" Cafzik
Yerban Kuru a déjà partagé l'affiche avec Zenzile, Kaophonic Tribu, Kaly Live Dub, Improvisator Dub....
Les musiciens : Samuel, voix, mélodica, thérémin, séquences, samples ; Marco, guitare, samples. Ju, batterie ; Pëj : basse ; Fred : régie son ; Ali : régie lumière ; Auré : booking et promotion.
Tracklist : Simili nimbus ; Vapeurs martiales ; No respect for poetry [bien d'accord, NdE] ; Mysticisme ; Dernier arrêt avant Reykjavik ; Viande de Hip Hop ; D. Vincent ; Die Puppe.
CD à commander sur leur site ou chez TrollsProd (CD disponible en prêt à la médiathèque de Dole, comme d'autres disques d'electro dub)
http://www.myspace.com/yerbankuru
Isidore Ducasse, Comte de Lautréamont : Les chants de Maldoror : pas de printemps pour les poètes # 4
Je suis sale. Les poux me rongent. Les pourceaux, quand ils me regardent, vomissent. Les croûtes et les escarres de la lèpre ont écaillé ma peau, couverte de pus jaunâtre. Je ne connais pas l’eau des fleuves, ni la rosée des nuages. Sur ma nuque, comme sur un fumier, pousse un énorme champignon, aux pédoncules ombellifères. Assis sur un meuble informe, je n’ai pas bougé mes membres depuis quatre siècles. Mes pieds ont pris racine dans le sol et composent, jusqu’à mon ventre, une sorte de végétation vivace, remplie d’ignobles parasites, qui ne dérive pas encore de la plante, et qui n’est plus de la chair. Cependant mon coeur bat. Mais comment battrait-il, si la pourriture et les exhalaisons de mon cadavre (je n’ose pas dire corps) ne le nourrissaient abondamment ? Sous mon aisselle gauche, une famille de crapauds a pris résidence, et, quand l’un d’eux remue, il me fait des chatouilles. Prenez garde qu’il ne s’en échappe un, et ne vienne gratter, avec sa bouche, le dedans de votre oreille : il serait ensuite capable d’entrer dans votre cerveau. Sous mon aisselle droite, il y a un caméléon qui leur fait une chasse perpétuelle, afin de ne pas mourir de faim : il faut que chacun vive. Mais, quand un parti déjoue complètement les ruses de l’autre, ils ne trouvent rien de mieux que de ne pas se gêner, et sucent la graisse délicate qui couvre mes côtes : j’y suis habitué. Une vipère méchante a dévoré ma verge et a pris sa place : elle m’a rendu eunuque, cette infâme. Oh ! si j’avais pu me défendre avec mes bras paralysés ; mais, je crois plutôt qu’ils se sont changés en bûches. Quoi qu’il en soit, il importe de constater que le sang ne vient plus y promener sa rougeur. Deux petits hérissons, qui ne croissent plus, ont jeté à un chien, qui n’a pas refusé, l’intérieur de mes testicules : l’épiderme, soigneusement lavé, ils ont logé dedans. L’anus a été intercepté par un crabe ; encouragé par mon inertie, il garde l’entrée avec ses pinces, et me fait beaucoup de mal ! Deux méduses ont franchi les mers, immédiatement alléchées par un espoir qui ne fut pas trompé. Elles ont regardé avec attention les deux parties charnues qui forment le derrière humain, et, se cramponnant à leur galbe convexe, elles les ont tellement écrasées par une pression constante, que les deux morceaux de chair ont disparu, tandis qu’il est resté deux monstres, sortis du royaume de la viscosité, égaux par la couleur, la forme et la férocité. Ne parlez pas de ma colonne vertébrale, puisque c’est un glaive. Oui, oui... je n’y faisais pas attention... votre demande est juste. Vous désirez savoir, n’est-ce pas, comment il se trouve implanté verticalement dans mes reins ? Moi-même, je ne me le rappelle pas très clairement ; cependant, si je me décide à prendre pour un souvenir ce qui n’est peut-être qu’un rêve, sachez que l’homme, quand il a su que j’avais fait voeu de vivre avec la maladie et l’immobilité jusqu’à ce que j’eusse vaincu le Créateur, marcha, derrière moi, sur la pointe des pieds, mais, non pas si doucement, que je ne l’entendisse. Je ne perçus plus rien, pendant un instant qui ne fut pas long. Ce poignard aigu s’enfonça, jusqu’au manche, entre les deux épaules du taureau des fêtes, et son ossature frissonna, comme un tremblement de terre. La lame adhère si fortement au corps, que personne, jusqu’ici, n’a pu l’extraire. Les athlètes, les mécaniciens, les philosophes, les médecins ont essayé, tour à tour, les moyens les plus divers. Ils ne savaient pas que le mal qu’a fait l’homme ne peut plus se défaire !
Les chants de Maldoror, Chant quatrième, strophe quatre (1ère éd. 1869)
Philippe Léotard interprète un extrait de la strophe 4 du chant quatrième des Chants de Maldoror d' Isidore Ducasse, dit Comte de Lautréamont
(source : labouquinerie.groups.vox.com)
7 mars 2008
Revue de presse, revue de blogs
La traduction de « Intellectual property » is a silly euphemism, un éditorial de Cory Doctorow publié le 21 février 2008 dans The Guardian.
02. La gratuité selon Anderson : de l'économie du don au commerce de la reconnaissance.(affordance.typepad.com, 03/03)
Chris Anderson (rédacteur en chef du magazine Wire et auteur de la fameuse analyse de la longue traîne) n'y va pas par 4 chemins en titrant : "La gratuité est l'avenir de l'économie."
03. Eurovision : La dinde de la farce (musique.fluctuat.net, 28/02)
"La marionette "Dustin The Turkey", une dinde, représentera l'Irlande à l'Eurovision avec la chanson "Irelande Douze Pointe"."
04. DanceJam ouvre ses portes(fr.techcrunch.com, 02/03)
"Le YouTube du “danceFloor “, DanceJam propose des “duels en danse” ou les utilisateurs peuvent s’affronter les uns les autres via des vidéos."
05. Les bloggeurs ne sont pas des nolifes(numerama.com, 04/03)
[non mais:-)]
06. Le monde culturel manifeste son inquiétude(lemonde.fr, 01/03)
07. À Shanghaï, Björk chante pour le Tibet(lefigaro.fr, 06/03)
"La chanteuse islandaise Björk a déclenché les foudres de ses fans chinois après avoir scandé «Tibet! Tibet!» à la fin d'une interprétation de sa chanson Declare Independence, lors de son concert dimanche à Shanghaï."
08. Astique ton manche, iVideosongs débarque (presse-citron.net, 28/02) [on notera la finesse du titre, une manière rusée aussi pour augmenter le trafic sur son site]
"iVideosongs est un nouveau site web d'apprentissage de la guitare qui offre la particularité de vous fournir des leçons avec des professeurs de luxe"
09. Nine Inch Nails lance “Ghosts” en téléchargement gratuit (fr.mashable.com, 03/03)
"Nine Inch Nails vient en effet de mettre en ligne le premier volume (9 titres) de son album “Ghosts” en téléchargement gratuit sur son site"
10. Le syndrome de l'écureuil (musique.fluctuat.net, 29/02)
Paul Mawhinney a mis en vente sur eBay sa collection de disques qui compte trois millions de vynils et trois cent mille CD.
11. Velvet Underground ! Inédit ! Téléchargez ! (musique.fluctuat.net, 03/03)
"Le blog Dead Flowers vient certainement de faire exploser son compteur de visiteurs uniques en postant un bootleg inédit tout récemment du Velvet Underground en 1967"
12. Playlist hommage à Buddy Miles (telerama.fr, 03/03)
"Buddy Miles, qui vient de mourir à 60 ans, fut avant tout l’autre batteur de Jimi Hendrix, qui succéda à Mitch Mitchell".
13. Beethoven à fonds(liberation.fr, 03/03)
"La nouvelle biennale de musique filmée au Louvre, en coproduction avec l’INA et le Lincoln Center de New York et du Kings Place de Londres, est consacrée à Beethoven"
14. Diplomatie: le philharmonique de New York en Corée du Nord (rue89.com, 26/02)
"L'orchestre philharmonique de New York a donné mardi un concert historique à Pyongyang, l'équivalent en Corée du Nord de la diplomatie du ping-pong entre les Etats-Unis et la Chine dans les années 1970, lors du rapprochement qui permit le sommet Mao-Nixon"
15. D-Fuzz, la webradio qui met l'accent sur la découverte(www.numerama.com, 28/02)
"D-Fuzz, c'est une toute nouvelle webradio multi-canaux. On y propose des chaînes thématiques variées, certaines gratuites, pour vous laisser découvrir le service, d'autres payantes..."
16. Mes applications Internet Mobile sont riches (ecrans.fr, 06/02)
"Ca bouge dans le monde des contenus dynamiques sur mobile."
17. Les tables rondes de l’enssib au Salon du Livre(enssib.fr, 28/02)
Trois tables rondes sont organisées : « La coopération européenne des bibliothèques », « Bibliothèques, partenaires de la réussite dans la formation ? Trois points de vue », « Bibliothèques : le bel aujourd’hui »
18. Avec Mp3gle, recherchez des musiques sur le Web (blog.accessoweb.info, 07/03)
Mp3gle dont la page d'accueil contrefait celle de Google, surfe comme d'autres sites similaires sur le droit d'auteur.
19. L'industrie musicale réussit à freiner l'innovation(numerama.com, 07/03)
20. Les modèles d’affaires du web 2.0(internetactu.net, 07/03)
"Les sites web 2.0 offrent toujours un accès gratuit à leurs services. Leur économie repose donc sur la capacité à valoriser les activités et les échanges qui se développent sur le site de manière à générer des revenus autour de ce service gratuit. Jean-Samuel Beuscart, Christophe Dacheux et Kevin Mellet, chercheurs au laboratoire Sense d’Orange Labs ont cherché à identifier les différentes modalités de monétisation de la présence et de l’activité des utilisateurs"
Arthur Rimbaud : "A la musique" : pas de printemps pour les poètes #3
Place de la Gare, à Charleville.
Sur la place taillée en mesquines pelouses,
Square où tout est correct, les arbres et les fleurs,
Tous les bourgeois poussifs qu'étranglent les chaleurs
Portent, les jeudis soirs, leurs bêtises jalouses.
− L'orchestre militaire, au milieu du jardin,
Balance ses schakos dans la Valse des fifres :
− Autour, aux premiers rangs, parade le gandin ;
Le notaire pend à ses breloques à chiffres.
Des rentiers à lorgnons soulignent tous les couacs :
Les gros bureaux bouffis traînent leurs grosses dames
Auprès desquelles vont, officieux cornacs,
Celles dont les volants ont des airs de réclames ;
Sur les bancs verts, des clubs d'épiciers retraités
Qui tisonnent le sable avec leur canne à pomme,
Fort sérieusement discutent les traités,
Puis prisent en argent, et reprennent : "En somme !..."
Épatant sur son banc les rondeurs de ses reins,
Un bourgeois à boutons clairs, bedaine flamande,
Savoure son onnaing d'où le tabac par brins
Déborde − vous savez, c'est de la contrebande ; −
Le long des gazons verts ricanent les voyous ;
Et, rendus amoureux par le chant des trombones,
Très naïfs, et fumant des roses, les pioupious
Caressent les bébés pour enjôler les bonnes...
− Moi, je suis, débraillé comme un étudiant,
Sous les marronniers verts les alertes fillettes :
Elles le savent bien ; et tournent en riant,
Vers moi, leurs yeux tout pleins de choses indiscrètes.
Je ne dis pas un mot : je regarde toujours
La chair de leurs cous blancs brodés de mèches folles :
Je suis, sous le corsage et les frêles atours,
Le dos divin après la courbe des épaules.
J'ai bientôt déniché la bottine, le bas...
− Je reconstruis les corps, brûlé de belles fièvres.
Elles me trouvent drôle et se parlent tout bas...
− Et mes désirs brutaux s'accrochent à leurs lèvres...
Arthur Rimbaud, Poésies (vers 1870)
"A la musique" chanté et mis en musique par Kirjuhel
source : Arthur Rimbaud : Poètes & chansons (par Chris Papin, Catherine Le Forestier, Patrick Janvier, ... [et al.], EMP, 2004 (CD en commande)
Quelques analyses du texte en ligne : berlol.net, abardel.free.fr, membres.lycos.fr/frcais/Rialm
6 mars 2008
Ludwig van Beethoven : Die Geschöpfe des Prometheus : ouverture
Les Créatures de Prométhée, Op. 43 : ouverture
Les Créatures de Prométhée a été composé entre 1800 et 1801, il s'agit d'un ballet commandé par le chorégraphe italien Salvatore Viganò. Le ballet sera créé à Vienne le 28 mars 1801. De l'oeuvre initiale constituée d'une introduction et de 16 numéros, seule l'ouverture est aujourd'hui donnée en concert.
L'argument du ballet :
"Prométhée, fuyant la colère divine sous forme d'orage, rejoint deux statues d'argile qu'il a modelées et leur donne vie. Mais ses créatures semblent privées d'intelligence et refusent de lui obéir, si bien que, de dépit, il songe un instant à les détruire. Au matin, il a l'idée de leur montrer des fruits et des fleurs ; sensibles à cette beauté naturelle, les créatures acceptent enfin de suivre Prométhée jusqu'au Parnasse où il demande à Apollon de leur instruire et de leur accorder raison et sentiments. Apollon invite alors Euterpe et Amphion (ou Orphée, selon les sources) à jouer. Au son de la harpe, les créatures s'éveillent à la sensibilité et se découvrent homme et femme. Une marche militaire annonce la venue de Mars qui les initie à la danses de boucliers. Mais il est suivi de la mort sous les traits de Melpomène, déesse de la tragédie, qui leur révèle leur destinée de mortels et tue Prométhée pour le punir de les avoir condamnés à une si terrible fatalité. La nuit tombe, les créatures implorent l'aide des dieux. Melpomène disparaît et, sur un geste de Thalie, muse de la comédie et des fêtes, un couple vient relever Prométhée qui prend place parmi les dieux. Les deux créatures s'avouent leur amour, un cortège nuptial se forme, Pan et Bacchus entraînent tout le monde dans une danse joyeuse et chacun loue Prométhée et rend grâce aux Dieux. " (source : lvbeethoven.com)
Prométhée, héros romantique
Un titan, Prométhée (dont le nom signifie « prévoyant »), pour rendre les humains supérieurs aux animaux, les rend capables de marcher debout. Puis il va dérober aux dieux le feu, caché dans un bâton creux. Pour le punir, Zeus le fait enchaîner au sommet du mont Caucase, où un aigle lui dévore chaque jour le foie, ce dernier se reformant sans cesse dans un cycle sans fin. Prométhée sera finalement délivré par Héraclès qui tuera l'aigle.
La figure de Prométhée pose le rapport de la nature régie par Dieu et de la civilisation développée par l’homme, mais aussi l'antagonisme de l’audace et du respect de l'ordre établi dans le contexte d'une l'Europe spectatrice de la Révolution française. (1799 voit l'arrivée de Napoléon Bonaparte au pouvoir)
"Les lectures du mythe de Prométhée s'articulent principalement autour de deux pôles. Le premier présente Prométhée comme un démiurge « maître du feu » et le second le présente comme un apprenti sorcier qui « joue avec le feu »". (fabula.org)
Prométhée est l’aventurier créateur d’une humanité nouvelle, celui qui conduit la civilisation, qui l'éclaire, en porteur de la philosophie des Lumières. C'est aussi l’insurgé vaincu, torturé par le dieu qui le retient captif. C'est celui qui par sa seule connaissance égale la toute-puissance du dieu (Zeus) et arrache aux Dieux (Vulcain, Mercure) une liberté nouvelle acquise avec lascience et la technologie.
En 1818, Mary Shelley écrit Frankenstein ou le Prométhée moderne (en français, en anglais)
La figure de Prométhée inspire également les philosophes socialistes du milieu du XIXe siècle : «La philosophie fait sienne la profession de foi de Prométhée: En un mot, j’ai de la haine pour tous les dieux! Et, cette devise, elle l’oppose à tous les dieux du ciel et de la terre, qui ne reconnaissent pas la conscience humaine comme la divinité suprême... Dans le calendrier philosophique, Prométhée occupe le premier rang parmi les saints et les martyrs». Karl Marx, Démocrite et Epirure (1841)
Pour en savoir plus sur l'oeuvre de Beethoven :
Les Ouvertures de Beethoven : Ouverture des Créatures de Prométhée op.43 par Laurent Marty (resmusica.com)
L'ouverture des Créatures de Prométhée par Laurent Marty (lvbeethoven.com)
Ludwig van Beethoven : "The creatures of Prometheus : overture" par le Vanderbilt Orchestra, dirigé par Matthew Quick (mars 2007)
CD disponible à la médiathèque de Dole : Beethoven : Overtures (Deutsche Kammerphilharmonie, Daniel Harding), Virgin Classics, 1999
Henri Michaux : "Plume au restaurant" : pas de printemps pour les poètes #2
Plume déjeunait au restaurant, quand le maître d’hôtel s’approcha, le regarda sévèrement et lui dit d’une voix basse et mystérieuse : « Ce que vous avez là dans votre assiette ne figure pas sur la carte. »
Plume s’excusa aussitôt.
- Voilà, dit-il, étant pressé, je n’ai pas pris la peine de consulter la carte. J’ai demandé à tout hasard une côtelette, pensant que peut-être il y en avait, ou que sinon on en trouverait aisément dans le voisinage, mais prêt à demander autre chose si les côtelettes faisaient défaut. Le garçon sans se montrer particulièrement étonné, s’éloigna et me l’apporta peu après et voilà…
Naturellement, je la paierai le prix qu’il faudra. C’est un beau morceau, je ne le nie pas. Si j’avais su, j’auras volontiers choisi une autre viande ou simplement un œuf, de toute façon maintenant je n’ai plus très faim. Je vais vous réglé immédiatement.
Cependant, le maître d’hôtel ne bouge pas. Plume se trouve atrocement gêné. Après quelque temps relevant les yeux… hum ! C’est maintenant le chef de l’établissement qui se trouve devant lui.
Plume s’excusa aussitôt.
[…]
Henri Michaux, Un certain Plume (Gallimard, 1930)
Il y a dans le personnage de Plume, une légèreté, bien sûr, mais aussi un fatalisme, un "aquoibonisme" qui le rapproche de deux autres figures majeures du début du XXe siècle, Charlot, d'abord, le petit vagabond (the little tramp), mais aussi K., le héros accablé du Procès (1925) de Franz Kafka. Comme des leçons d'accommodement à la pesanteur et à la violence sociale dans une époque en prise avec la montée du totalitarisme.
Plume au restaurant est un texte court (4 pages) a fait l'objet de plusieurs adaptations par des élèves d'arts appliqués.
Plume au restaurant : une animation réalisée par trois élèves en 1° arts appliqués du lycée de Vence.
Plume au restaurant : court metrage réalisé dans le cadre des cours d'Art appliqué
Plume au restaurant
Charles Baudelaire : "Les Métamorphoses du vampire" : pas de printemps pour les poètes #1
Les Métamorphoses du vampire
La femme cependant, de sa bouche de fraise,
En se tordant ainsi qu'un serpent sur la braise,
Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc :
"Moi, j'ai la lèvre humide, et je sais la science
De perdre au fond d'un lit l'antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants,
Et fais rire les vieux du rire des enfants.
Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles !
Je suis, mon cher savant, si docte aux Voluptés,
Lorsque j'étouffe un homme en mes bras redoutés,
Ou lorsque j'abandonne aux morsures mon buste,
Timide et libertine, et fragile et robuste,
Que sur ces matelas qui se pâment d'émoi,
Les anges impuissants se damneraient pour moi !"
Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,
Et que languissamment je me tournai vers elle
Pour lui rendre un baiser d'amour, je ne vis plus
Qu'une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus !
Je fermai les deux yeux, dans ma froide épouvante,
Et quand je les rouvris à la clarté vivante,
A mes côtés, au lieu du mannequin puissant
Qui semblait avoir fait provision de sang,
Tremblaient confusément des débris de squelette,
Qui d'eux-mêmes rendaient le cri d'une girouette
Ou d'une enseigne, au bout d'une tringle de fer,
Que balance le vent pendant les nuits d'hiver.
Ce texte fait partie des pièces condamnées et censurées pour "offense à la morale publique, ... la morale religieuse et aux bonnes mœurs" lors du procès des Fleurs du Mal en 1857, six mois après un procès qui conviait Gustave Flaubert devant un tribunal pour répondre de son roman Madame Bovary.
Léo Ferré présente et interprète "Les métamorphoses du vampire" (1986)
5 mars 2008
La playlist de mars
Arctic Monkeys : Favourite worst nightmare, Domino recording, 2007 (brit rock)
Arthur Lyman : Hawaiian sunset, Ryko,1959, réed. 1996 (vibraphone, marimba, easy listening)
Billy Paul : The very best of, Sony Music, 1998 (soul)
Claude Debussy : Préludes 2e livre (Arturo Benedetti Michelangeli, p) (musique moderne française)
Dimitri Chostakovitch : Lady Macbeth de Mzensk (Galina Vishnevskaya, Nicolai Gedda, London Philharmonic Orchestra, Mstislav Rostropovich, EMI 1990 (opéra moderne russe)
Everything But The Girl : Temperamental, Sony, 1998 (pop soul, trip-hop)
Giora Feidman & Ensemble : Yiddish soul, Network, 1993 (Klezmer)
John Coltrane : Giant steps, Atlantic Records, 1959, réed. 1998 (saxophone hard bop, free)
John Hammond : Wicked grin, Virgin 2001 (country blues)
Johnny Mathis : Open fire, two guitars, Columbia, 1959/réed. 1999 (variété pop jazz)
Laurel Lorenzo Aitken (el padrino del ska) : en español, Liquidator, 1999 (ska)
Les Grandes Gueules : Absolut jazz vocal a capella, RCA/BMG, 2002 (jazz vocal)
Ludwig van Beethoven : Ouvertures (Die Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, Daniel Harding), Virgin Classics, 1999 (musique romantique allemande)
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 3 en mi bémol majeur, Op. 55 "Eroica" (Münchner Philharmoniker, Sergiu Celibidache) (musique romantique allemande)
Migala : Arde, Pop lane, 2003 (chamber pop, Espagne)
Mstislav Rostropovitch : Le violoncelle du siècle : anthologie (3 CD), EMI classics, 2007
Niagara : Encore un dernier baiser, Polydor, 1986 (pop rock, France)
Nikolai Rimsky-Korsakow : Scheherazade : suite symphonique, op. 35 (Berliner Philharmoniker, H. von Karajan) (musique russe)
Pascal Comelade : September song (with Robert Wyatt), Disques du Soleil et de l'Acier, 2000 (style dont la définition est encore en décantation ;-))
Paul Anka : 21 golden hits, RCA / BMG 1962-63, réed. 1993 (variété pop jazz américaine)
Piers Faccini : Tearing sky, Label bleu, 2006 (pop rock)
Stina Nordenstam : This is..., Independiente, 2001 (Dream pop, Suède)
Tarace Boulba : Merci pour le tiep (dual disc CD/DVD), Fairplay,2005 (fanfare funk)
The Notwist : Neon Golden, Big Store/City Slang, 2002 (Post-rock, électro, Allemagne)
The Wedding Present : Take fountain, Scopitones, 2005 (pop rock)