9 juin 2008

Le Capharnaüm #11 "il s’enfuyait dans une région de « poésie pure », pour maintenir la réalité hors de sa vie"

« L’ennui avec le philistin cultivé n’est pas qu’il lisait les classiques, mais qu’il le faisait poussé par un motif second de perfection personnelle, sans être conscient le moins du monde que Shakespeare ou Platon pourraient avoir à lui dire des choses d’une autre importance que comment s’éduquer lui-même. L’ennui, c’est qu’il s’enfuyait dans une région de « poésie pure », pour maintenir la réalité hors de sa vie – ainsi, une chose aussi « prosaïque » qu’une disette de pommes de terre -, ou pour la regarder à travers un voile « de douceur et de lumière ».
Nous connaissons tous la production artistique assez déplorable qu’inspira cette façon de voir et dont elle se nourrit, en bref le kitsch du XIXe siècle ; son manque, historiquement si significatif, du sens de la forme et du style est étroitement lié à la séparation des arts et de la réalité. La stupéfiante renaissance des arts créateurs à notre siècle, et une peut-être moins apparente, mais non moins réelle, renaissance de la grandeur du passé, commença de s’affirmer lorsque la bonne société eut perdu son monopole de l’emprise sur la culture, ainsi que sa position dominante dans la population dans sa totalité. Ce qui se produisit avant, et jusqu’à un certain point, se produisit bien sûr après la première apparition de l’art moderne, fut en fait une désintégration de la culture dont les « durables monuments » étaient les structures néo-classiques, néo-gothiques et néo-Renaissance qui parsemaient l’Europe. Dans cette désintégration, la culture, plus encore que les autres réalités, est devenue ce qu’alors seulement on se mit à nommer « valeur », c’est-à-dire marchandise sociale qu’on peut faire circuler et réaliser en échange de toutes sortes d’autres valeurs, sociales et individuelles. »
Hannah Arendt, La crise de la culture (trad. de Barbara Cassin), Gallimard, 1972 (Folio, 113), pp. 260-261


The Dresden Dolls Girl Anachronism

Duo originaire de Boston constitué de Amanda Palmer, au piano et au chant, et de Brian Viglione, à la batterie.
Article Wikipédia, Page MySpace
http://www.dresdendolls.com/

Slim Gaillard Trio Laguna Orooney (1946)

Slim Gaillard, chant, guitare avec Bam Brown, contrebasse et Scatman Crothers, à la batterie au Billy Berg's, Hollywood en 1946.
Dans la lignée des artistes dadaïstes et surréalistes, Slim Gaillard (1916-1991) avait un répertoire de chansons composées de syllabes ne formant aucun mot, ni sens identifiable. Article Wikipedia
http://www.pocreations.com/slim.html

Focus Hocus Pocus (1973)

Focus est un groupe de rock progressif néerlandais formé en 1969
Article Wikipedia
http://www.focus-officialhomepage.com/

Slam Stewart Trio Oh Me, Oh My, Oh Gosh (1947)

Slam Stewart (1914-1987), contrebassiste de jazz qui accompagna Art Tatum, Lester Young, Benny Goodman, Dizzy Gillespie, et fut le partenaire de Slim Gaillard dans le duo Slim & Slam.
Article Wikipedia, Page MySpace

Los Amigos Invisibles Playa Azul

Groupe originaire du Vénézuela.
Article Wikipedia, Page MySpace
http://beta.amigosinvisibles.com/

5 juin 2008

Jazz et Cinéma, une sélection documentaire


Ascenseur pour l'échafaud (1958) de Louis Malle
Musique de Miles Davis


Une sélection documentaire est présentée actuellement dans la salle Arts de la Médiathèque de Dole sur le thème du jazz à l'écran.

Depuis le début du XXe siècle, jazz et cinéma se sont rencontrés à de multiples reprises :
Dans les premières années, les projections des films muets étaient souvent accompagnées par un pianiste qui improvisait au gré de l'intrigue pour en accentuer la dramaturgie.

The Jazz Singer de Jazz, de Alan Crosland, avec Al Jolson sorti en 1927 sera le premier film parlant.

Miles Davis compose et interprète la musique d' Un ascenseur pour l'échafaud (1958) de Louis Malle, avec Jeanne Moreau et Maurice Ronet.


La même année, John Cassavetes tourne Shadows, dont la bande-son est signée par Charles Mingus. Le film par sa facture naturaliste, libre et improvisée ouvrira une nouvelle page du cinéma.

Le film Ragtime (1981) de Milos Forman raconte la vie d'un pianiste noir confronté au raciste dans l'Amérique des années 1900.

En 1984, sort Cotton Club, un film par lequel Francis Ford Coppola évoque une swing era new-yorkaise des années 30, époque pendant laquelle gangsters et artistes se cotoyaient.

Le saxophoniste Dexter Gordon joue dans Autour de Minuit (1986) de Bertrand Tavernier, le rôle un jazzman en proie à l'autodestruction. Un portrait inspiré des vies de Bud Powell et de Lester Young.

En 1988, Forest Whitaker interprète le rôle de Charlie Parker dans Bird de Clint Eastwood.

Accords et désaccords [Sweet and Lowdown] (1999) de Woody Allen, avec Sean Penn, est le récit fictif de la vie d’un guitariste fanstasque, rival de Django Reinhardt.



Ressources en ligne
Sophie Chambon : Le jazz au cinéma sur Citizen Jazz

Bibliographie
Gilles Mouëllic, Jazz et cinéma, Cahiers du cinéma, 2000 (Essais)

En juin au Moulins de Brainans

Vendredi 6 juin : SONORA UNIVERSAL
Salsa caliente from Cuba (vidéo)

Samedi 7 juin : FESTIVAL ELECTRO-CLIQUE
+ de 20 artistes à découvrir dans 4 ambiances différentes (théâtre de verdure, chapiteau 1000 places, petite et grande scène).
http://www.electroclique.com/

Mercredi 25 et jeudi 26 juin : THIEFAINE & PAUL PERSONNE
Amicalement blues... CONCERTS COMPLETS !

Samedi 28 juin et dimanche 29 : FORTUNA MAJOR CIRCUS
Cie Théâtre CIRQUE DU FER A CHEVAL
“Rêves de Gosse”, c'est l'histoire de deux enfants plongés dans l'univers onirique et poétique de nos anciens cirques traditionnels.
http://pagesperso-orange.fr/fortuna.major/

http://www.moulindebrainans.com/

Lead Orphans, Groovy Baby Funky Boost, Benja, lauréats du Tremplin Made in Jura 2008

mytrempl1 Made in Jura est une opération mise en place par le Conseil Général du Jura, en partenariat avec le Moulin de Brainans. Le jury, composé de 16 membres réunissant des élus, des professionnels et des journalistes, vient de désigner les trois lauréats de cette 2ème édition .

Lead Orphans
Jouant un emocore alternant "sensibilité et nervosité", Lead Orphans, constitué de S. (chant), Mike (guitare), Koket (batterie), Nico (basse), Ju (guitare) a fait le choix de proposer sa musique sous licence libre.
http://www.leadorphans.com/
http://www.myspace.com/leadorphans0

Groovy Baby Funky Boost
GBFB réunit 9 musiciens : Benjamin PUTINO (chant) , Gregory LOUIS (guitare), Julien MARESCHAL (claviers), Paul MILLIERE (basse), Claude SIMONIN (batterie), Rémi ROUX-PROBEL (trompette), Philippe LAPIERRE (saxophone), François PONSOT (saxophone), Florent PELLETERET (trombone). Leur musique est nourrie de funk, de rock et de Rhythm & Blues.
http://www.gbfb.mediartiste.com/
http://www.myspace.com/groovybabyfunkyboost

Benja
Benja propose un répertoire de chanson pop rock. Le groupe est constitué de Benjamin Vuillermoz (guitare, chant et composition), Olivier Raffin (claviers), Samuel Jacqueme (batterie, percussions), Greg Tran (basse), Greg Louis (seconde guitare)
http://benja.fr/
http://www.myspace.com/benjaminvuillermoz

Les trois groupes se produiront en concert à Juraparc (Lons-le-Saunier), le samedi 11 octobre. Une compilation de quatre titres sera également éditée et envoyée aux professionnels et médias nationaux pour assurer leur promotion.

Le jury a également sélectionné parmi les 60 candidats de cette 2ème édition, 15 groupes qui figureront aussi sur un CD compilation à venir. Il s'agit de :
1d’scryptible, Anapath, Bypass, De Passage, Hwarang, Kurt, La Cab Familia, Nadège, Nema, Piuma, Sevendays, Slam In Church, Stuck In Town, Villa Vortex, Zamri.

CONTACT : http://www.blogger.com/tremplinmusical@cg39.fr
Merci à Céline Trossat pour nous avoir communiqué ces informations qui ont permis d'enrichir le Répertoire des acteurs de la musique en Franche-Comté en ligne... et d'avoir de nouveaux amis sur MySpace !

3 juin 2008

Bo Diddley (1928-2008)

Bo Diddley Bo Diddley


Mort le lundi 2 juin, le chanteur et guitariste originaire du Mississippi restera comme celui qui opéra la transition entre le blues et le rock and roll au milieu des années 50. Bo Diddley avait inventé un style très reconnaissable, le "Bo Diddley beat", un rythme chaloupé de rumba inspiré de la "juba dance", cette danse pratiquée par les artistes de rue en martelant le sol avec les pieds (tap dance), ou en se frappant les cuisses, les bras, la poitrine et les joues pour accompagner le chant.

La presse revient sur la carrière de Bo Diddley : Le Figaro, Le Monde, La Presse Canadienne
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bo_Diddley

Le Capharnaüm #10 "Certes, tout art authentique est magique"

« Certes, tout art authentique est magique. Et quelle est, à votre avis, l’importance de la tradition magique dans l’art moderne ?

L’importance de cette tradition, il s’en faut de beaucoup que la plupart des artistes d’aujourd’hui en soient conscients. Et pourtant leur aspiration majeure paraît bien répondre à une nostalgie, au souci de retrouver ce que l’homme visait et, d’aventure, parvenait à atteindre plus loin, dans les temps reculés. Les œuvres qui depuis trente à quarante ans jouissent du plus haut prestige sont celles qui offrent le moins de prise à l’interprétation rationnelle, celles qui déroutent, celles qui nous engagent presque sans repère sur une voie autre que celle qui, à partir de la prétendue Renaissance, nous avait été assignée. Voyez la brusque ascension de Jérôme Bosch, la récente irruption d’Antoine Caron, le final triomphe d’Henri Rousseau. Voyez aussi, dans les esprits comme dans le goût, l’effondrement de l’art gréco-romain et en revanche l’irrésistible mouvement qui a porté les artistes du XXe siècle vers les œuvres des peuples dits primitifs, mouvement dont, entre parenthèses, l’initiateur ne saurait être tel ou tel peintre fauve de 1905 mais bien uniquement Gauguin, artiste magique au plein sens où je l’entends et homme de toutes les presciences. »
André Breton. Entretien sur L’Art magique avec André Parinaud (24 avril 1957). Extrait de André Breton. Écrits sur l’art et autres textes (Œuvres complètes, IV), Bibliothèque de la Pléiade, 2008 (source)

The Skatalites Freedom sounds

The Skatalites est un groupe de jazz, de ska et de reggae originaire de Jamaïque (article wikipedia)
Montage Illcommonz


Ag'ya Danmye Ladja

L'ag'ya, appelé aussi danmye, ou ladja est à l'instar de la capoeira un art de combat et une danse.
Les films ont été tourné en 1936 par la danseuse, chorégraphe et anthropologue Katherine Dunham en Jamaïque et en Martinique. La musique a été enregistrée en 1960 par le folkloriste et ethnomusicologue Alan Lomax.
Katherine Dunham : article Wikipedia
The Katherine Dunham Collection at the Library of Congress
Alan Lomax : article Wikipedia, dossier Mondomix
http://www.culturalequity.org/index.html

Pygmées Babongo (Congo) avec Marius Billy Jungle Blues jam

Marius Billy est un musicien et ethnomusicologue congolais, fondateur d'Afrique Profonde.
http://www.afriqueprofonde.org/

Chico Cesar Mama Africa

Chico Cesar est un musicien, chanteur, auteur, compositeur et journaliste brésilien.
Dossier Mondomix
http://www2.uol.com.br/chicocesar/

30 mai 2008

Revue de presse, revue de blogs

photo : Ponctuation (détail) par Amaryllis

1. V. Reding (Commission européenne) : "Tirer l'Europe des télécoms vers le haut" (Vnunet TV, 30/05)
Aux Assises du Numérique, annonce du lancement d'Europeana, la Bibliothèque numérique européenne pour novembre. Les interventions sur Dailymotion

2. TechCrunch en français » Soundflavor veut devenir le IMDB de la Musique (Techcrunch, 30/05)

3. L’expérimentation permanente ? (InternetActu, 30/05)

4. Il faut repenser les lois de protection des droits d’auteurs (Techcrunch, 29/05)

5. Le CNFPT met un livret individuel de formation à la disposition des collectivités (La Gazette des Communes, 29/05)

6. Musique : MT9, un format multipiste candidat à la succession du MP3 (ZDNet, 28/05)

7. Internet ou l'alchimie des multitudes (Le Monde, 27/05)
Présentation du livre de Francis Pisani et Dominique Piotet : "Comment le Web change le monde", sorti aux Editions Pearson que le service presse nous a gracieusement adressé. L'expression "Alchimie des multitudes" fait écho à "la sagesse des foules" pour désigner les nouvelles tendances d'un web participatif et collaboratif.

8. Sarkozy va proposer à l'UE de diminuer le taux de TVA dans trois domaines (Le Post, 27/05)

9. La British Library envahie par des adolescents peu respectueux (actualitte.com, 27/05)
Une info lue sur Desperate Librarian Housewife

10. Chiffres clés : les internautes en France (ZDNet, 27/05)

11. Les stars du disco remplissent les salles (Le Figaro, 27/05)

12. TELECHARGEMENT : Le projet de loi Olivennes serait assez dissuasif (NouvelObs, 27/05)
[Un article diffusé sur le site du journal dont le directeur n'est autre que... Denis Olivennes, bien sûr.]

13. Colloque Nouveaux publics en bibliothèques : chantier en cours (XGBlognotes, 27/05)
Annonce du colloque organisé à Colmar les 22 et mardi 23 septembre 2008.

14. La “Gen Y” change le web (Transnets, 26/05)

15. Loi contre le téléchargement : SVM se mobilise (Echos du Net, 21/05)

16. Deezer ajoute Universal Music à son catalogue de musique en ligne (ZDNet, 14/05)

17. VIVRE DU JAZZ : Enquête sur les conditions économiques d’exercice du "métier" de musicien de jazz aujourd’hui en France (IRMA, 05/05)

27 mai 2008

Le saviez-vous ? vidéo de la semaine # 41

"Nous formons des étudiants à des métiers et des technologies qui n'existent pas encore... pour résoudre des problèmes qui ne se posent pas encore."

Le saviez-vous ? (Did You Know? 2.0 version française)


Il s’agit de l’adaptation française réalisée par La Vitrine de la seconde version de "Did you Know? Shift Happens", cette présentation de Karl Fish et Scott McLeod avait été réalisé en 2006 dans une école secondaire du Colorado pour provoquer un débat sur les enjeux éducatifs du 21e siècle. (réf.) Soutenue par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) du Québec et le Collège de Bois-de-Boulogne, La Vitrine Technologie-Éducation a pour mission de promouvoir et de soutenir l’intégration des technologies de l’information et des communications (TIC) dans l’enseignement. La Vitrine propose ainsi un podcast, avec dont elle a déjà réalisé 14 épisodes :
Le logiciel libre / Le portfolio numérique / Les TIC, vraiment efficaces ? / Assembler des ressources avec SCORM / Le Web 2.0 / Les centres d’aide à la réussite / La production de matériel didactique / Les conditions propices aux TIC / Google Earth en pédagogie / La baladodiffusion en classe / La formation technopédagogique des enseignants.

source : http://www.youtube.com/watch?v=1m3pyy-69K8

26 mai 2008

Steal this film II : la version sous-titrée en français

Volez ce film (... en plus il est offert)
En début d'année, nous avions déjà présenté les deux volets de Steal this film, ce film réalisé par The League of Noble Peers, sympathisants à la cause du site suédois The Pirate Bay. A l'époque, il n'était proposé que dans une version sous-titrée en anglais. Il est à présent consultable en version sous-titrée en français sur la plateforme Vimeo. Ce film prolonge le débat sur le droit d'auteur et la culture alternative du partage de fichiers en développant les arguments des utilisateurs de Peer-to-Peer sous la forme d'un plaidoyer parfois tendancieux mais toujours conséquent.


Information donnée sur Le Blog à Ollie, et reprise par Les Catalyseurs Numériques

La piraterie intellectuelle, ferment de la circulation des idées
Les bibliothécaires et les amateurs de livres anciens seront particulièrement sensibles à un passage du film pendant lequel des historiens du livre replacent le phénomène de contrefaçon des oeuvres dans le contexte de la France de l'ancien régime, entre les 15ème et 18ème siècle, en insistant sur son rôle d'émancipation intellectuelle.

Extrait (de la 6ème à la 13 minute) de la traduction que nous avions réalisée il y a quelques mois :
"[...] Le monde aime voir l'ère numérique contemporaine comme une sorte de phénomène unique, séparé de ce qui l'a précédé. Mais il faut bien se souvenir que ça ne l'est pas. Ce n'est pas un phénomène séparé. Il faut le voir comme un moment où les choses s'accélèrent, mais ces choses qui ont déjà eu lieu dans le passé. Avant l'arrivée de la presse dans l'Europe du 16e siècle, l'information était limitée et assez facile à contrôler.
Pendant des milliers d'années, la culture des scribes choisissait les personnes qui avaient le code pour transmettre les connaissances à travers le temps et l'espace. Nous avions à faire à une économie basée sur la rareté.
Le public d'alors était affamé de livres. Il y a des images du 16e siècle montrant des livres enchaînés, surveillés des gardes armés, protégés par des portes blindées.
L'imprimerie amena avec elle une abondance d'informations menaçant le contrôle sur les idées qui était possible grâce à la rareté.
Daniel Defoe nous parle de Johann Fust, partenaire de Gutenberg, arrivant à Paris au 15e siècle avec un chargement de bibles. Lorsque les bibles furent examinées et la similitude exacte de chaque livre découverte, les Parisiens se ruèrent sur Fust l'accusant de magie noire. S'apprêtant à tout bouleverser, cette nouvelle technologie de communication était vue comme étant l’œuvre du diable.
Toute les villes et états européens annoncèrent haut et fort qu'ils allaient contrôler l'information le plus possible. Les imprimeurs furent chassés s'ils imprimaient les textes interdits. On parle de la persécution d'auteurs mais c'était vraiment les imprimeurs qui ont le plus souffert. Au fur et à mesure que l'imprimerie se développe en Europe et en Amérique son rôle social crucial devient clair. L'imprimerie est associée à la rébellion et l'émancipation.
Au 17e siècle, le gouverneur de la Virginie, Gouverneur Berkeley écrit à ses supérieurs en Angleterre disant: "
Remercions Dieu que nous n'aillons pas de presses en Virginie, et nous n'en n'aurons jamais tant que je serai gouverneur". C'était un réaction à la guerre civile anglaise et à la guerre des pamphlets, on appelait ceux-ci des balles de papier.
Au 18e siècle en France, l'idée de base de la censure était que c'était un privilège, une loi privée. Une maison d'édition avait le droit d'éditer un certain texte, en d'autres mots de nier ce droit aux autres pour être le seul à détenir ce privilège.
Ce que vous avez, c'est une administration centralisée pour contrôler l'industrie du livre, utilisant la censure et utilisant le monopole des éditeurs établis. Ils s'assuraient que les livres qui circulaient dans la société étaient autorisés, étaient les éditions autorisées, mais aussi sous le contrôle de l'état et celui du Roi ou du Prince. Il y avait un système de censure très élaboré mais en plus, il y avait un monopole de la production dans la guilde des libraires de Paris qui avait pouvoir de police. La police elle même avait des inspecteurs spécialisés dans l'industrie du livre. Si vous mettez tout ça ensemble l'état était très puissant lorsque venait le temps de contrôler les textes imprimés.
Non seulement tous ces contrôles furent incapables d'empêcher la distribution de pensées révolutionnaires, mais son existence même inspira la création de nouveaux systèmes de distribution pirate.
Ce qui est clair, c'est qu'au 18e siècle la puissance de l'imprimerie se répand partout. Il y a des maisons d'édition, des presses qui entourent la France avec ce que j'appelle un "
croissant fertile" des douzaines et des douzaines d'entre-elles produisent des livres qui passent les frontières en contrebande diffusant partout dans le royaume à travers un système clandestin de distribution.
On connaît un cas d'un éditeur des Pays-Bas qui prenait la liste des livres mis à l'index et l'utilisait comme programme de publication parce qu'il savait que ces livres allaient bien se vendre. Les pirates avaient des agents à Paris et partout ailleurs qui leur envoyaient des listes de nouveaux livres qu'ils pensaient allaient bien se vendre. Les pirates faisaient systématiquement, et j'utilise le mot bien que ce soit un anachronisme, de "la recherche de marché". Ils le font, je l'ai vu dans des centaines, des milliers de lettres. Ils sondent le marché. Ils veulent savoir ce qui est en demande.
Et la réaction de la part des éditeurs sur le territoire français est bien entendu, extrêmement hostile. Et j'ai lu plusieurs de leur lettres. Elles sont remplies d'expression telles que "boucaniers" ou "personnes sans honte, ni moralité". Mais en fait, plusieurs de ces pirates étaient de bons bourgeois, bien établis à Lausanne, à Genève, ou à Amsterdam et qui se voyaient simplement comme des hommes d'affaires. Après tout, il n'y avait pas d'accords internationaux sur les droit d'auteurs et ils satisfaisaient à la demande.
Certains imprimeurs avaient des activités clandestines. S'ils imprimaient du matériel subversif ils pouvaient cacher leur presse assez vite. Si on avait des problèmes avec les autorités, on les mettait sur des radeaux pour les amener dans une autre ville. C'était très mobile.
En effet, vous aviez deux systèmes en guerre l'un contre l'autre.
Et c'est ce système de production à l'extérieur de la France qui est crucial pour le Siècle des Lumières. Ce nouveau réseau d'informations éclaira le monde et prépara le chemin pour la Révolution. Il compromettra tellement l'ancien régime que ce pouvoir, celui de l'opinion publique deviendra une des causes principales de la chute du gouvernement en 1787-1788. La Bastille à Paris était une prison pour les pirates. Mais dans les années qui précédaient la Révolution, les autorités avaient abandonné l'idée d'emprisonner les pirates. La circulation des idées et de l'information était trop forte pour être arrêtée.
[…] "
Eclairant parallèle, n'est-il pas ?

source : http://www.stealthisfilm.com/Part2/