Lee Morse (1897-1954) était une chanteuse, auteure, compositrice américaine de blues et de jazz qui eut beaucoup de succès dans les années 1920 et au début des années 1930. Sa carrière débuta en 1917 et continua jusqu’en 1954. Lee Morse était connue pour sa voix forte et profonde. Un tel registre vocal contrastait d'ailleurs avec sa constitution, elle mesurait à peine 1 mètre 50, et pesait moins de 45 kilos. L’une des ses particularités de son style était sa façon de yodeller (la technique de chant originaire de la suisse allemande consistant à passer alternativement d'une voix de corps à une voix de tête). Lee Morse eut également du succès, mais dans une moindre mesure, sur la scène de Broadway. Sa vie et sa carrière furent gâchées par l’alcoolisme.Naissance et contexte familialLena Corinne Taylor est née en 1897 à Portland dans l’Oregon, c’est la neuvième d’une famille de douze enfants, et la troisième fille de
Pleasant John Taylor, un pasteur local et de son épouse
Olive Higgins Fleming. Les
Taylor étaient une famille musicienne qui depuis la naissance de
Lena parcourait l’Idaho en caravane sous le nom de
The Taylor Family Concert Company. La jeune
Lena passa sa petite enfance dans la petite ville de Kooskia, Idaho. On dit qu’elle apprit à chanter vers l’âge de trois en imitant la voix de ses frères, ce qui pourrait expliquer son aisance plus tard à chanter dans un registre grave.
La famille
Taylor déménagea plus tard vers 1908 à Clearwater Valley, une ville située à quelques kilomètres de Kooskia.
Premier mariage et début de carrièreLe 2 mai 1915,
Lena se marie avec
Elmer Morse, un menuiser du coin. L’année suivante, elle donne naissance a un garçon prénommé
Jack. Cependant,
Lena désire devenir chanteuse, et se sépare de son mari en 1920. Dès 1918, elle débute dans une salle de cinéma locale et se produit sous le nom de
Madame Elmer Morse. Durant les années suivantes, elle joue principalement dans les petites villes du Nord-Ouest Pacifique comme Spokane et Chewelah.
VaudevilleLa famille de
Lee Morse s’est investie dans la politique tout autant que dans la musique. En 1920, son père est élu comme délégué à la Convention démocrate.
Lee accompagne son père à San Francisco et se produit lors d’une convention, à l’Hôtel Saint Francis. Elle est repérée par
Will King un célèbre producteur de vaudeville de l’époque qui lui fait signer un contrat. Genre de divertissement populaire en Amérique entre 1880 et 1930, le
vaudeville tenait à la fois du music-hall et du cabaret, incluant des danseurs, des chanteurs, des comédiens, des numéros d'acrobates, d'animaux savants, de magiciens, des séances de cinéma, etc.
Lee saissant l'opportunité qui s’offre à elle de faire carrière dans le vaudeville sur l'opulente Côte Ouest quitte alors Kooskia et son mari Elmer pour de bon. Son frère racontera plus tard : "
Lorsqu’elle quitta la maison, elle et moi allions nu pied, et lorsque je la revis à nouveau elle était dans la meilleure suite de l’Hôtel de Portland."
En 1921,
Lee Morse commence à travailler dans des revues musicales de la tournée
Kolb and Dill. En 1922 elle rejoint la tournée
Pantages avec un numéro de 15 minutes intitulé
Do You Remember One Small Girl a Whole Quartet. Un journaliste rapporte : "Elle chante
Silver moon avec une voix de baryton, swing avec une voix de basse sur
Asleep in the deep, et termine dans un registre soprano avec Just a song of Twiklight. En novembre 1922, un chroniqueur de la revue Variety écrit : "Elle donne l’impression d’être travesti en homme, elle yodelle plutôt doucement, et chante le blues mieux que personne."
Hitchy Koo et Artists and ModelsEn 1923,
Lee More obtient le rôle pour la tournée de la revue Hitchy Koo. Une affiche prestigieuse avec des stars de l’époque comme
Raymond Hitchcock, mais aussi
Marion Green,
Irene Delroy,
Al Sexton,
Busby Berkeley, ou
Ruth Urban.
Puis elle enchaîne avec la revue de
J.J. Schubert Artists and Models qui ouvre à Broadway en août 1923.
Premiers enregistrementsEn 1924,
Lee Morse, commence sa carrière discographique avec la marque Pathé. A une époque où l’enregistrement était acoustique, la puissance de sa voix était un réel atout à la réussite des enregistrements. C’est pendant cette période, qu’on lui laisse la possibilité d’enregistrer beaucoup de ses compositions personnelles. Les enregistrements les plus remarquables de ces années sont
Telling Eyes,
Those Daisy Days,
An Old-Fashioned Romance (qu’elle réenregistrera pour Columbia en 1927),
Blue Waltz,
The Shadows on the Wall,
Deep Wide Ocean Blues,
A Little Love, et
Daddy's Girl.
Pathé offre à
Lee Morse l’opportunité d’expérimenter non seulement en la laissant enregistrer ses propres chansons, mais aussi en lui permettant d’explorer les potentialités de ses talents vocaux. Elle a ainsi une manière caractéristique de yodeller qui est très présente sur les premiers enregistrements. Bien que certains ont pu lui reprocher d’abuser de ce gimmick, cette technique vocale ajoute à la personnalité de sa voix et lui permet mettre en valeur un registre s’étendant sur plusieurs octaves.
DivorceMais le succès que
Lee Morse rencontre dans le monde du spectacle a éclipsé sa vie personnelle. Son mari,
Elmer pendant ce temps a préparé pour elle le foyer familial, meublé avec un mobilier qu’il a fabriqué lui-même. Mais sans doute excédé,
Elmer engage en février 1925 une procédure de divorce pour abandon du domicile familial. Bien qu’elle ait abonné mari et enfant, cinq ans plus tôt, Lee Morse réussit à conserver la garde de son fils
Jack. Un an plus tard, en octobre 1926,
Elmer Morse meurt d’une scarlatine à Spokane à l’âge de 35 ans.
Columbia et Simple Simon : l’apogée et le déclinEn 1927, comme d’autres artistes en vogue
Lee Morse change de label et signe chez Columbia. Entre 1927 et 1932, elle est l’une des interprètes féminines les plus populaires de sa maison de disques, en seconde position, juste derrière
Ruth Etting. Pendant cette période,
Lee Morse continue sa carrière sur scène, et décroche un rôle dans
Simple Simon, une production du prestigieux Théâtre Ziegfeld qui aurait pu faire d’elle une star encore plus grande. Malheureusement à cause d’un problème d’alcoolisme chronique, elle n'est pas en état d’assurer sa prestation, et quitte la production un jour avant la première du spectacle de Broadway prévu le 18 février 1930. Le producteur demanda à Ruth Elling de remplacer Lee Morse au pied levé. Au final,
Ruth Elling triomphera avec la chanson
Ten cents a dance, et la carrière de
Lee Morse à Broadway s’arrête brusquement.
Trois courts métragesEn 1930, quelques mois plus tard, bien que sa carrière soit déjà sur le déclin suite à cet échec à Broadway, elle est engagée pour trois courts métrages musicaux :
A Million Me's (Paramount, le 25 avril),
The Music Racket (Vitaphone, le 30 juin), et
Song Service (Paramount, le 24 octobre).