12 novembre 2011

Revue de presse, revue de blogs du 30 octobre au 12 novembre 2011


Johannes Brahms - Concerto pour piano n°2
Vladimir Horowitz, piano ; NBC Symphony Orchestra.
Arturo Toscanini, dir. (archive.org)


01. La maison de disques Universal rachète EMI - Libération, 11/11
Sur le sujet : NouvelObs

02. Facebook vs Twitter vs Google+ – Le Grand Match de l’Influence - [Naro] minded, 10/11

03. Google est-il suffisant pour réaliser sa veille média ? - press index, 10/11
"Une seule information sur quatre est reproduite à la fois sur le web et sur le papier, quand 33% est disponible uniquement sur le print et 41% uniquement sur le web. Il existe donc une réelle complémentarité entre les deux médias. Tout ce qui se trouve dans les journaux ne se trouve pas systématiquement reproduit dans les sites d’information en ligne et réciproquement. "
[Voici une étude qui devrait du même coup adoucir les angoisses des Cassandre qui annoncent l’obsolescence des bibliothèques, et la fin des bibliothécaires].

04. La lente érosion des inscrits en bibliothèque (et du droit de prêt !) - Enssibrèves, 09/11

05. Facebook Open Graph 2.0 et musique : Spotify sort grand gagnant - PC INpact, 09/11

06. L'inconsistance de l'offre numérique - Vialet, 09/11

07. La pub sauve le disque - Nouvo, 08/11

08. Qobuz lance la première offre de streaming - Frenchweb, 08/11

09. Frédéric Mitterrand : "Nous voulons aller vite" - Le Monde, 07/11
A propos du Centre national de la musique

10. Music Hack Day #11 - Fine Tuning, 07/11

11. Dans Facebook, musique et Open Graph Protocol : Aucune identification de l’artiste ou du titre.. - Don't Believe The Hype, 04/11

12. Yves Gassot (Idate) "Les opérateurs sont-ils condamnés à n'être plus que des distributeurs pour Facebook et Apple ?" - Le journal du net, 04/11

13. Focus du mois : Labels, face à la crise - IRMA, 03/11

14. Et Amazon réinventa la bibliothèque - Ecrans, 03/11

15. Ventes de musiques numériques : bilan complet du 1er semestre - PC INpact, 02/11

16. La Fnac durcit le ton à l'égard des indépendants - Musique Info, 02/11

17. [vidéo] la distribution media, musique, contenu - hubforum, 20/10
avec Julien Codorniou (facebook) et Axel Dauchez (deezer)

L'histoire du soldat : opera incipit #4

Opera incipit, une nouvelle série qui revisite les grandes oeuvres de l'opéra de l'âge baroque à nos jours en commençant par le début... du livret.

L'Histoire du Soldat pourrait être qualifié d'opéra de chambre, tant par sa distribution (3 rôles parlés : le narrateur, le Soldat, le Diable), que par sa formation musicale (7 instruments : clarinette, basson, cornet à pistons, trombone, violon, contrebasse, percussions). Igor Stravinski, réfugié en Suisse après la Révolution russe de 1917, a conçu "une espèce de petit théâtre ambulant" avec l'écrivain suisse Charles Ferdinand Ramuz qui signe le livret. La première de l'Histoire du Soldat fut donnée le 28 septembre 1918 au Théâtre de Lausanne, avec une mise en scène assurée par George et Ludmilla Pitoëff et une direction musicale de Ernest Ansermet. Le mélodrame en deux parties, destiné à être lu, joué et dansé, est d'inspiration faustienne, mais reprend également un conte populaire russe publié par Alexandre Afanassiev : "Le déserteur et le Diable". "La partition de Stravinsky révèle une disparité des genres musicaux aussi surprenante que celle des instruments eux-mêmes : marches militaires et fanfares, paso-doble, tango argentin, valse mécanique de boîte à musique, ragtime, choral" note Jean-Michel Vaccaro (Les voies de la création théâtrale, CNRS, 1978).
L'argument : Un soldat de retour au pays rencontre sur sa route le Diable qui lui propose d'échanger son violon contre un livre magique pouvant prodiguer toutes les richesses.




LE NARRATEUR
Entre Denges et Denezy,
Un soldat qui rentre chez lui...
Quinze jours de congé qu'il a,
Marche depuis longtemps déjà.
A marché, a beaucoup marché.
S’impatiente d’arriver,
Parce qu’il a beaucoup marché.
Voilà un joli endroit...
Si on se reposait un moment ?
Mais le fichu métier qu'on a !
Toujours en route, jamais le sou...
C'est ça ! Mes affaires sens dessus dessous !
Mon Saint-Joseph qui est perdu !
(C’est une médaille en argent doré
Avec saint Joseph, son patron, dessus)
Non, tant mieux !...
Va toujours fouillant,
sort des papiers avec des choses dedans,
des cartouches, sort un miroir,
(tout juste si on peut s'y voir)
mais le portrait, où est-ce qu'il est ?
(un portrait de sa bonne amie
qui lui a donné son portrait)
Il l'a retrouvé, il va plus profond,
il sort de son sac un petit violon.

LE SOLDAT
On voit que c'est du bon marché :
il faut tout le temps l'accorder...

(Le soldat se met à jouer : musique.
Entre le diable qui s'approche du soldat par derrière.)

LE DIABLE
Donnez-moi votre violon.

LE SOLDAT
Non !

LE DIABLE
Vendez-le-moi

LE SOLDAT
Non !

[...]

Version proposée à la médiathèque de Dole :

L'histoire du Soldat / Igor Stravinsky, comp. ; texte de Charles Ferdinand Ramuz ; Roger Planchon, récitant ; Patrice Chéreau, le soldat ; Antoine Vitez, le Diable ; Ensemble Intercontemporain ; Pierre Boulez, direction. - Erato : Warner Music, 1982-1992

4 novembre 2011

Les bibliothécaires musicaux et le festival de jazz de Barcelone : vases communicants #11

Sur le principe des Vases Communicants, Mediamus et Ampli s'invitent mutuellement le premier vendredi du mois, chacun publiant sur le blog de l'autre. Nous donnons la parole à nos amis bibliothécaires musicaux catalans. Aujourd'hui Director Wilkins.



Dans le cadre de la table ronde qui réunissait plus d'une cinquantaine de bibliothécaires musicaux français et catalans, le lundi 10 octobre 2011, à la Bibliothèque Vapor Vell de Barcelone, a été soulignée la nature hybride de la collection musicale telle qu’elle se présente aujourd’hui dans les bibliothèques :
  • en partie physique : avec les disques compacts, les vinyles, les livres, les partitions, le matériel d’accompagnement (livrets, textes, photos),
  • en partie virtuelle : avec les plateformes émergentes de diffusion sur Internet : les blogs, les sites de streaming, les réseaux sociaux (Facebook, Twittter).

Le Festival de Jazz de Barcelone, qui se déroule actuellement du 20 octobre au 1 décembre 2011, offre l’occasion d’illustrer cette approche : les bibliothécaires musicaux de la Bibliothèque Vapor Vell de Barcelone se sont saisi de cette actualité : tout en participant à la médiatisation du Festival, ils assurent la promotion des ressources et des collections proposées par leur établissement, en disséminant leur présence en ligne et sur les réseaux (sur le site de la bibliothèque, sur le blog Bibarnabloc, sur Twitter, Facebook, et Spotify).
Le Festival de Jazz est d’une ampleur assez remarquable : une centaine de concerts joués dans des clubs modestes comme dans de très grandes salles. En inspectant leurs rayons, les bibliothécaires musicaux ont trouvé de l’or : plus de 70 % des artistes programmés étaient présents dans les collections, souvent avec plusieurs enregistrements.


Retrouvez la playlist du Festival de jazz de Barcelone 2011 sur Spotify : 102 titres, pour plus de 8 heures de musique : assez pour voir la nuit tomber, et peut-être même l’aube se lever (sur la plage de Barceloneta) !

A lire sur le site de l'ACIM : Spotify et les bibliothèques : l’expérience de la bibliothèque Vapor Vell de Barcelone

3 novembre 2011

Rébus Rock

Un quiz musical pour mesurer ses connaissances rock [niveau facile]
(Nécessite de posséder quelques rudiments d'anglais. En même temps, il est question de rock ! :-))
source : 9gag, via hangtarnok



Si vous séchez, vous pouvez appuyer sur les touches Ctrl + A pour voir les réponses

Led Zeppelin – Stairway to heaven
Korn - Freak On A Leash
Scorpions - Rock You Like A Hurricane
Radiohead - Paranoid Android
Guns N' Roses - November Rain
Queen - somebody to love
The Beatles - Twist and shout
Bob Marley – No woman No cry [Bob (le bricoleur, the builder) et Marley le chien du film Marley & Me]
Michael Jackson – Earth song [My call jack sun]
Justin Bieber – Baby Baby Baby [le concepteur du quizz n'est manifestement pas fan du jeune chanteur pop ! :-)]

29 octobre 2011

A kékszakállú herceg vára : opera incipit #3

Opera incipit, une nouvelle série qui revisite les grandes oeuvres de l'opéra de l'âge baroque à nos jours en commençant par le début... du livret.

Le Château de Barbe-Bleue
Béla Bartók composa Le Château de Barbe-Bleue, son unique opéra, en 1911, sur un livret de Béla Balázs, d'après le célèbre conte de Charles Perrault.
L'oeuvre fut créée à l'Opéra de Budapest en 1918.
L'action : Le drame en 1 acte met en scène deux personnages : Barbe-Bleue et sa nouvelle épouse Judith. L'intrigue est rythmée par l'ouverture successive de sept portes sur la demande de Judith.
Dans le prologue parlé, alors que le rideau se lève sur un décor froid et lugubre, le narrateur conseille à l'auditoire de regarder au-delà de l'apparence superficielle des choses.

Extrait vidéo : István Kovács (Barbe-Bleue) ; Klára Kolonits (Judith) ; Hungarian Radio Symphony Orchestra ; György Selmeci (chef d'orchestre) ; Sándor Silló (réalisateur) (2004)


(Hatalmas kerek gotikus csarnok. Balra meredek lépcsô vezet fel egy kis vasajtóhoz. A lépcsôtôl jobbra hét nagy ajtó van a falban; négy még szemben, kettô már egész jobboldalt. Különben sem ablak, se dísz. A csarnok üres, sötét, rideg, sziklabarlanghoz hasonlatos. Mikor a függöny szétválik, teljes sötetség van a szinpadon. Hirtelen kinyílik fent a kis vasajtó és a vakító fehér négyszögben megjelenik a kékszakállú és Judit fekete sziluettje.)

Kékszakállú
Megérkeztünk. – Ime lassad:
Ez a Kékszakállú vára.
Nem tündököl, mint atyádé.
Judit, jössz-e még utánam?

Judit
Megyek, megyek Kékszakállú.

Kékszakállú
(lejön néhány lépcsôt)
Nem hallod a vészharangot?
Anyád gyászba öltözködött,
Atyád éles kardot szíjjaz,
Testvérbátyád lovat nyergel.
Judit, jössz-e még utánam?

Judit
Megyek, megyek Kékszakállú.

(A kékszakállú lejön egészen és visszafordul Judit felé, aki a lépcsô közepén megállt. Az ajtón beesô fénykéve megvilágítja a lépcsôöt és kettôjük alakját.)

Kékzakállú
Megállsz Judit? Mennél vissza?

Judit
(mellre szorított kézzel)
Nem. A szoknyám akadt csak fel,
Felakadt szép selyem szoknyám
(Une grande salle ronde, de style gothique. À gauche, un escalier monte à une petite porte de fer. À droite de cet escalier, sept grandes portes closes, dont quatre face à la rampe et trois face à l’escalier. Point de fenêtres ni d’ornements. La salle ressemble à une caverne sombre, vide, taillée en plein roc. Au lever du rideau, la scène est plongée dans l’obscurité. Soudain, la petite porte s’ouvre et dans le rectangle de lumière, les silhouettes noires de Barbe-Bleue et de Judith apparaissent.)

Barbe-Bleue
Nous voici au but. Ce château de Barbe-Bleue est la demeure. Il fait plus clair chez ton père. Me suis-tu, Judith, ma femme ?

Judith
Je viens, je viens, Barbe-Bleue.

Barbe-Bleue
(descendant lentement les marches)
Le tocsin là-bas résonne, là,
Ta mère en deuil sanglote,
Ton vieux père a pris ses armes
Et ton frère monte en selle.
Me suis-tu, Judith, ma femme ?

Judith
Je viens, je viens, Barbe-Bleue.

(Barbe-Bleue est arrivé au bas et se tourne vers Judith, qui s’est arrêtée à mi-chemin. La lumière de la porte éclaire les deux personnages.)

Barbe-Bleue
Tu hésites ? Tu recules ?

Judith
(portant les deux mains à son cœur)
Non. Ma robe s’était prise,
Un clou l’avait accrochée


Version proposée à la médiathèque de Dole
Le Château de Barbe-Bleue [enr. sonore] = Bluebeard's castle / Béla Bartok, comp. ; livret de Béla Balázs ; d'après le conte de Charles Perrault ; Eva Marton, voix ; Samuel Ramey, voix ; Hungarian State Orchestra ; Adam Fischer, dir.. - CBS, 1988

Référence : http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Château_de_Barbe-Bleue

Revue de presse, revue de blogs : du 16 au 29 octobre 2011


Ferruccio Busoni (1866-1924) - Preludes Opus 37
Daniele Petralia (archive.org)


01. Google Music arrive : qu'est ce qui va changer ? - Fluctuat, 28/10

02. Le marché de la réédition de disques : Business ou transmission du patrimoine musical ? - Fluctuat, 28/10

03. La discothèque de Radio France: un trésor de 450.000 "galettes" - Le Parisien, 28/10

04. Yves Riesel : “La musique arrivera bientôt à la maison comme l’électricité ou le gaz" - Le nouvel Economiste, 27/10

05. (Petit) comparatif de sites de téléchargement de musique - Vialet.org, 27/10

06. Le SoLoMo, nouveau buzzword ou véritable tendance ? - French Web, 27/10

07. Pionnier de la critique musicale en ligne, Pitchfork crée un festival en France - Le Monde, 27/10

08. 4 sites web, une vocation : la découverte musicale - Digitives, 26/10

09. Accès à Internet pour les personnels des bibliothèques, aujourd’hui - InfoDocBib, 25/10

10. Carrefour et Géant Casino au chevet de la Carte Musique Jeune V2 - PCinpact, 25/10

11. Dubstep : A history of violence - Les Archivistes, 25/10

12. La pratique de la médiation numérique au Cube - Knowtex, 25/10

13. Leçons de virtuosité sur la Toile - Le Figaro, 24/10
à propos de Jejouedupiano.com…, un site de cours de piano en ligne

14. Ce que le iPod a changé en dix ans - Cyberpresse.ca, 23/10

15. Music business ecosystem: quels modèles pour demain ? - Hub Forum, 18/10
Vidéo d'une table-ronde réunissant plusieurs acteurs du marché de la musique

16. Axel Dauchez lance Deezer sur la planète Le Nouvel Obs, 21/10

17. La contribution de HCFR à la dématérialisation de la musique - Qobuz, 19/10

18. Musique numérique en bibliothèque - bbf 2011 - t. 56, n° 5

19. Pourquoi les interfaces tactiles peuvent révolutionner l'industrie musicale - Interfaces riches, 19/10

20. Réseaux sociaux : les 10 freins à lever chez les collectivités - La gazette des communes, 17/10

21. The Innovation Files. Part 1: Rates Of Innovation - Music Industry Blog, 17/10
L'innovation, l'un des enjeux les plus importants pour l'industrie musicale. L'exemple d'Apple dont le cycle d'innovation sur le hardware (appareils) est plus rapide que celui sur le software (logiciels)

22. SOS : il faut sauver la sérendipité ! - Regards sur le numérique, 17/10

23. "Paul Klee Polyphonies": l'itinéraire du peintre et musicien accompli exposé à Paris - Le Monde, 16/10

24. Banques et marketing musical : quand le web s'en mêle - http://frenchweb.fr, 11/10

25. De @ à @ : les ressources numériques en bibliothèques, kotkot, 10/10

26. Quelle est notre identité sur le web ? Dossier du CRDP de Franche-Comté, actualisé en septembre 2011

Recommandation et découverte musicale : le tutoriel

Dans le cadre de la 5e conférence ACM (Association for Computing Machinery) sur les systèmes de recommandation (Chicago, 23-27 octobre 2011), Òscar Celma, un chercheur travaillant aujourd'hui pour la base de données Gracenote et Paul Lamere, directeur développement de la plateforme Echonest (co-développeur de l'extension Music Plus pour Chrome), et auteur du blog Music Machinery ont proposé une mise à jour de leur diaporama "Music Recommendation and Discovery".
Cette présentation permet de mieux saisir les différents aspects de la question, même si des passages du document se révèlent vraiment techniques (les algorithmes, l'analyse factorielle, etc.) et s'adressent plutôt aux spécialistes du sujet. Voilà en quelques notes, ce que nous en avons retenu :
Plusieurs facteurs contribuent à une recommandation de qualité :
  • la pertinence (relevance),
  • la nouveauté et la sérendipité (novelty / serendipity),
  • la transparence et la confiance (transparency / trust),
  • l'amplitude (reach),
  • le contexte.
Sont détaillées ensuite les différentes approches de la recommandation musicale :
  • les bases de métadonnées d'experts : Rovi (ex : Allmusic), Gracenote, Pandora
  • le filtrage collaboratif : analyse factorielle, statistiques, probabilités : "les personnes qui ont écouté ceci ont aussi écouter cela"
  • les bases de données reposant sur l'externalisation ouverte, l'intelligence collaborative (Crowdsourcing) : Rate you music, The Hype Machine, LastFM, Wikipédia, etc.
  • l'analyse spectrale des sons musicaux, l'anaylse du rythme, du timbre, de l'harmonie, etc., l'empreinte d'un signal audio (audio fingerprinting)
  • une hybridation de ces différentes approches
Sont examinées aussi la spécificité des méthodes de recommandations d'EchoNest, de Pandora, de BMAT.

Le système de recommandation doit prendre aussi en considération quel type d'usagers il doit cibler, suivant leur degré d'engagement : les experts, les passionnés, les amateurs occasionnels, les indifférents. L'unité de mesure de la performance du système étant évidemment la satisfaction de l'usager.

"Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre"
Le système de recommandation doit naviguer entre plusieurs facteurs en apparence antinomiques : la pertinence et la nouveauté, la popularité et la découverte, en évitant la redondance et l'aléatoire.
Pa exemple, en partant de l'album "Abbey Road" des Beatles, le système doit proposer les Rolling Stones (choix pertinent, populaire, convenu), mais aussi Emitt Rhodes, un songwriter américain beaucoup plus obscur, dont la voix est très proche de celle de Paul McCartney (choix de nouveauté, de découverte).


source : musicmachinery

28 octobre 2011

Stéphane Topakian : "Avec le numérique, le classique est obligé de se glisser dans un habit trop court pour lui."

A l'occasion de la sortie du disque Aucassin et Nicolette du compositeur Paul Le Flem (1881-1984), chez Timpani, Stéphane Topakian, le fondateur et directeur du label répondait aux questions de Marc Zisman, dans le cadre des rencontres podcasts de Qobuz. Le label Timpani s'est spécialisé dans le répertoire de la musique française de la fin du 19e et du 20 siècle. Nous retranscrivons un passage très intéressant de cet entretien où il est question des carences actuelles du numérique lorsqu'il est question de la musique classique : la durée de l’œuvre, le texte d'accompagnement, l'iconographie,... rien ne va de soi, beaucoup reste encore à construire.

Stéphane Topakian : J’ai coutume de dire, un peu par aphorisme? que pour passer au numérique, il y a deux choses importantes : l’une facile, l’une très difficile : la très facile : il faut oublier le disque, la très difficile : il faut oublier le disque.
On a un siècle de disque derrière soi, ça ne se balaye pas comme ça. Je suis un peu mécontent du numérique. Si on considère ce qui le compose à 90 ou 95 % : le rock, la variété, le hors classique, et bien le numérique n’est pas l’héritier du compact, mais du 78 tours : la face, la chanson à 3 minutes et demi. Aujourd’hui, en 2011, le numérique est bâti sur le modèle du 78 tours !
Lorsque vous arrivez avec un projet qui dure 40 minutes, ou 3 heures, on ne sait plus faire, sauf à découper, à faire un puzzle. Pour le projet Aucassin et Nicolette de Paul Le Flem, j’ai réfléchi en terme de projet. Aucassin et Nicolette fait environ 42 minutes, et tout le monde me dit : « qu’est ce que tu mets avec ? » Ma réponse a été « Rien ! ». Le projet c’est Aucassin et Nicolette, ce n’est pas Aucassin et Nicolette + je ne sais pas quoi. On a plus à remplir, à tasser avec des choses qui n’ont rien à voir, histoire d’avoir du minutage. Donc avec le numérique, on devrait se désengager de cette histoire de minutage, et raisonner en terme de projet.

Marc Zisman : Mais justement le projet a toujours été un peu esclave du support technique. Les chansons populaires faisaient au début 3 minutes parce que les rouleaux, les cylindres faisaient 3 minutes.

Stéphane Topakian : Oui mais les chansons au XIXe duraient 10 minutes.

Marc Zisman : C’est la musique enregistrée qui a finalement imposé…

Stéphane Topakian : Oui, elle a imposé un module qui est encore le même aujourd’hui. Alors qu’il y a des projets qui durent 5 minutes, … et il y a la Tétralogie. Justement le numérique permet de raisonner en terme de projet, de contenu, de ce qu’on met dedans. Et là aussi, même avec le livret numérique...

Marc Zisman : les livrets numériques [au format pdf] sont disponibles sur Qobuz, précisons-le...

Stéphane Topakian : tout à fait. Mais ça reste limité en terme de poids. Mon théâtre d’ombres pour Le Flem, j’aurais aimé pouvoir reproduire la vingtaine de plaques, mais ce n’est pas possible. Le numérique est encore à son balbutiement en terme de qu’est-ce qu’on peut faire avec, en terme de développement […],
Avec le numérique, le classique est obligé de se glisser dans un habit qui est trop court pour lui. [...]


Pour s'abonner aux rencontres-podcasts de Qobuz : http://www.qobuz.com/info/-Podcast189

Timpani Records : http://www.timpani-records.com/label.php

21 octobre 2011

Pelléas et Mélisande : opera incipit #2

Opera incipit, une nouvelle série qui revisite les grandes oeuvres de l'opéra de l'âge baroque à nos jours en commençant par le début... du livret.

Pelléas et Mélisande est une pièce de théâtre d'inspiration symboliste de l'écrivain belge Maurice Maeterlinck, créée le 13 mai 1893 au Théâtre des Bouffes-Parisiens.
La pièce fut mise en musique successivement par de grands compositeurs dont Gabriel Fauré (1898), Arnold Schönberg (1903), et Jean Sibelius (1905). Cependant, l'adaptation la plus célèbre et la plus ambitieuse de l’œuvre reste l'opéra de Claude Debussy sur un livret écrit par Maeterlinck lui-même. La première fut donnée à l'Opéra-Comique le 30 avril 1902. L’œuvre finit par faire un triomphe, malgré des premières représentations très houleuses. Debussy dut faire face au départ à l'incompréhension, aux sarcasmes et aux critiques, dont un pamphlet intitulé Pédéraste et Médisante.

L'action : Golaud, un prince veuf et déjà grisonnant, vit dans un château sombre et triste où rôdent la maladie et la mort. Il est le dauphin d'un royaume où règne encore son grand-père, le vieux roi Arkel. Lors d’une chasse, Golaud rencontre une jeune fille pleurant auprès d’un lac. Elle s’appelle Mélisande. Golaud lui propose de venir habiter au château familial et l’épouse. Mais Pelléas, le frère de Golaud, s'éprend de Mélisande. Les deux jeunes gens se retrouvent en secret, Golaud les surprend et devient fou de jalousie...


George London, Victoria de los Angeles, Orchestra of the Metropolitan Opera House, Jean Morel
Scène 1. Une Forêt
(Entre Golaud.)

GOLAUD
Je ne pourrai plus sortir de cette forêt. Dieu sait jusqu'où cette bête m'a mené.
Je croyais cependant l'avoir blessée à mort; et voici des traces de sang.
Mais maintenant, je l'ai perdue de vue, je crois que je me suis perdu moi-même, et mes chiens ne me retrouvent plus. Je vais revenir sur mes pas. J'entends pleurer… Oh! oh! qu'y a-t-il là au bord de l'eau? Une petite fille qui pleure au bord de l'eau? Elle ne m'entend pas. Je ne vois pas son visage. Pourquoi pleures-tu? N'ayez pas peur vous n'avez rien à craindre. Pourquoi pleurez-vous, ici, toute seule?

MÉLISANDE
Ne me touchez pas! ne me touchez pas!

GOLAUD
N'ayez pas peur… Je ne vous ferai pas… Oh! vous êtes belle.

MÉLISANDE
Ne me touchez pas! ne me touchez pas, ou je me jette à l'eau!

GOLAUD
Je ne vous touche pas… Voyez, je resterai ici, contre l'arbre.
N'ayez pas peur. Quelqu'un vous a-t-il fait du mal?

MÉLISANDE
Oh! oui! oui! oui!

GOLAUD
Qui est-ce qui vous a fait du mal?

MÉLISANDE
Tous! tous!

GOLAUD
Quel mal vous a-t-on fait?
MÉLISANDE
Je ne veux pas le dire! je ne peux pas le dire!
[...]

Enregistrements (DVD, CD) disponibles à la médiathèque de Dole :
Pelléas et Mélisande [film] : drame lyrique en cinq actes et douze tableaux / Claude Debussy, comp. ; sur un livret de Maurice Maeterlinck ; Peter Stein, metteur en scène ; ; Alison Hagley, Neill Archer, Donald Maxwell [et all...] ; Orchestra and CHorus of Welsh National Opera ; Pierre Boulez, dir. - Universal Music Company, 1993. - 2 DVD vidéo (158 min.)

Pelléas et Mélisande [enr. sonore] : drame lyrique en cinq actes et douze tableaux / Claude Debussy ; drame de Maurice Maeterlinck ; Jacques Jansen, Micheline Grancher, Solange Michel...[et al.], voix ; Choeur de la Radio Télévision Française ; Orchestre National ; D. E. Inghelbrecht, dir. - EMI Classics. - 3 disques compacts

Pelléas et Mélisande [enr. sonore] : drame lyrique en cinq actes / Claude Debussy ; d'après Maurice Maeterlinck ; Elisabeth Söderström, George Shirley, Donald McIntyre...[et al.], voix ; Royal Opera Chorus, choeur ; Orchestra of the Royal Opera House Covent Garden, orch. ; Pierre Boulez, dir. - Sony Classical, 1970-1991. - 3 disques compacts

Pelléas et Mélisande [enr. sonore] : opéra en 5 actes / Claude Debussy ; livret de Maurice Maeterlinck ; d'après Maurice Maeterlinck ; Mireille Delunsch, Gérard Théruel, Armand Arapian... [et al.], chant ; Choeur régional Nord-Pas-de-Calais ; Orchestre national de Lille-région Nord-Pas de Calais ; Jean-Claude Casadesus, dir. - Naxos, 1996. - 3 disques compacts

20 octobre 2011

The dream before : chanson de la semaine #74

Figurant dans l'album Strange angels (1989), la chanson The dream before interprétée par Laurie Anderson fait référence à une allégorie du philosophe Walter Benjamin définissant le concept d'Histoire. Cette description est elle-même inspirée par une aquarelle du peintre Paul Klee Angelus Novus.




[...]
She said: What is history?
And he said: History is an angel
being blown backwards into the future
He said: History is a pile of debris
And the angel wants to go back and fix things
To repair the things that have been broken
But there is a storm blowing from Paradise
And the storm keeps blowing the angel
backwards into the future
And this storm, this storm
is called
Progress



Angelus Novus
"Es gibt ein Bild von Klee, das Angelus Novus heißt. Ein Engel ist darauf dargestellt, der aussieht, als wäre er im Begriff, sich von etwas zu entfernen, worauf er starrt. Seine Augen sind aufgerissen, sein Mund steht offen und seine Flügel sind ausgespannt. Der Engel der Geschichte muß so aussehen. Er hat das Antlitz der Vergangenheit zugewendet. Wo eine Kette von Begebenheiten vor uns erscheint, da sieht er eine einzige Katastrophe, die unablässig Trümmer auf Trümmer häuft und sie ihm vor die Füße schleudert. Er möchte wohl verweilen, die Toten wecken und das Zerschlagene zusammenfügen. Aber ein Sturm weht vom Paradiese her, der sich in seinen Flügeln verfangen hat und so stark ist, daß der Engel sie nicht mehr schließen kann. Dieser Sturm treibt ihn unaufhaltsam in die Zukunft, der er den Rücken kehrt, während der Trümmerhaufen vor ihm zum Himmel wächst. Das, was wir den Fortschritt nennen, ist dieser Sturm."
Walter Benjamin - Über den Begriff der Geschichte (Wikipedia)
Angelus Novus
"Il existe un tableau de Klee qui s'intitule Angelus Novus. Il représente un ange qui semble avoir dessein de s'éloigner de ce à quoi son regard semble rivé. Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte, ses ailes déployées. Tel est l'aspect que doit avoir nécessairement l'ange de l'histoire. Il a le visage tourné vers le passé. Où paraît devant nous une suite d'événements, il ne voit qu'une seule et unique catastrophe, qui ne cesse d'amonceler ruines sur ruines et les jette à ses pieds. Il voudrait bien s'attarder, réveiller les morts et rassembler les vaincus. Mais du paradis souffle une tempête qui s'est prise dans ses ailes, si forte que l'ange ne peut plus les refermer. Cette tempête le pousse incessamment vers l'avenir auquel il tourne le dos, cependant que jusqu'au ciel devant lui s'accumulent les ruines. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès."
Walter Benjamin - "Thèses sur le concept d’histoire" (Wikipédia)