22 juin 2013

Conneries : chanson de la semaine #124

Arthur Rimbaud - John Zorn - Mathieu Amalric


L'album Rimbaud (Tzadik, 2012) du compositeur et saxophoniste de jazz John Zorn est constitué d'une suite en 4 parties : Bateau ivre, A season in hell, Illuminations et Conneries. Alors que les 3 premiers titres sont des instrumentaux, le dernier a été enregistré avec la participation du comédien Mathieu Amalric, John Zorn assurant la partie instrumentale : saxophone alto, piano, orgue, guitare, batterie, bruitages.

Conneries est le titre générique donné par Arthur Rimbaud à trois textes : Jeune goinfre, Paris, Cocher ivre et fait partie des poèmes rassemblés sous l'appellation "poèmes zutiques". Mathieu Amalric déclame ici également des bribes et des fragments d'autres textes du même album zutique. Des pièces qui ont été écrites en 1871- 1872, juste après la Commune de Paris, au ton parodique (Fête galante), obscène et scatologique (Sonnet du trou du cul), et dont la violence transgressive annonce et ouvre la voie à Antonin Artaud, Georges Bataille, et Jean Genet, ...




(Cocher ivre)
Pouacre
Boit :
Nacre
Voit :

[...]
Femme
Tombe :
[...]
Saigne :
— Clame !
Geigne.

***
(Remembrances du vieillard idiot)
[...] — oh ! non ! —
Pour avoir le bout gros, noir et dur de mon père,
Dont la pileuse main me berçait !...
Je veux taire
[...] Pardon, mon père !

***
(Le balai)
C'est un humble balai de chiendent, trop dur
Pour une chambre ou pour la peinture d'un mur. [...]
J'aime de cet objet la saveur désolée
Et j'en voudrais laver tes larges bords de lait,[...]


***
(Les soirs d'été...)
[...] Suceurs du brûle-gueule ou baiseurs du cigare,
[...]
Les soirs d'été, sous l'œil ardent des devantures
Quand la sève frémit sous les grilles obscures
Irradiant [...] Hors [...] Dans [...] — Tandis [...]
[...] propre qui bruit [...] l'onde humaine,
— Et que l'âpre aquilon n'épargne aucune veine.

***
(Remembrances du vieillard idiot)
Pardon, mon père !
[...]
Je cherchais, non le tir banal où tout coup gagne,
Mais l'endroit plein de cris où les ânes, le flanc
Fatigué, déployaient ce long tube sanglant
[...]
Et puis ma mère,
Dont la chemise avait une senteur amère
Ma mère qui montait au lit
[...]ma mère, avec sa cuisse
De femme mûre, avec ses reins très gros où plisse
Le linge, me donna ces chaleurs que l'on tait !...
[...]
Ô pardon !
Je songeais à mon père parfois : [...]
— Car un père est troublant ! — [...]
Son genou, câlineur parfois ; son pantalon
Dont mon doigt désirait ouvrir la fente... — oh ! non !
[...]
La Sainte-Vierge et le crucifix...[...]
Puis ! — qu'il me soit permis de parler au Seigneur ! —
Pourquoi la puberté tardive et le malheur
Du gland tenace et trop consulté ?
[...] Pardonné ?... [...] Ô cette enfance !
— et tirons-nous la queue !

***
(Hypotyposes saturniennes, ex Belmontet.)
[...] Sur le volcan des nations ! [...]

***
(L'Idole - Sonnet du Trou du Cul)
Des filaments pareils à des larmes de lait
Ont pleuré, sous le vent cruel qui les repousse,
À travers de petits caillots de marne rousse
Pour s'aller perdre où la pente les appelait.

***
(Lys)
Ô balançoirs ! ô lys ! clysopompes d'argent !
[...]
L'aurore [...]
Une douceur de ciel beurre vos étamines !

***
(Les Lèvres closes - Vu à Rome)
Il est, à Rome, à la Sixtine,
Couverte d'emblèmes chrétiens,
Une cassette écarlatine
Où sèchent des nez [...]
De l'immondice [...]
Tous les matins, on introduit [...] schismatique [...] livide [...]

***
(Je préfère sans doute...)
[...]
Où des marronniers nains bourgeonne la baguette,
Vers la prairie étroite et communale, au mois
De mai. [...]

***
(Fête galante)
Rêveur, Scapin
Gratte un lapin
Sous sa capote.

Colombina,
— Que l'on pina ! —
— Do, mi, — tapote

L'œil du lapin
Qui tôt, tapin,
Est en ribote...

***
(J'occupais un wagon de troisième)
J'occupais un wagon de troisième ; un vieux prêtre
Sortit un brûle-gueule et mit à la fenêtre,
Vers les brises, son front très calme aux poils pâlis.
Puis ce chrétien, bravant les brocards impolis,
S'étant tourné, me fit la demande énergique
Et triste en même temps d'une petite chique
De caporal, — ayant été l'aumônier-chef
D'un rejeton royal condamné derechef ; —
Pour malaxer l'ennui d'un tunnel, sombre veine
Qui s'offre aux voyageurs, [...].

***
(État de siège ?)
La lune se bercer parmi la verte ouate,
Malgré l'édit et l'heure encore délicate,
Et que l'omnibus rentre à l'Odéon, impur
Le débauché glapit au carrefour obscur !

***
(Vieux de la vieille !)
Aux paysans de l'empereur !
À l'empereur des paysans !
Au fils de Mars,
Au glorieux 18 mars !
Où le ciel d'Eugénie a béni les entrailles !

***
(Hypotyposes saturniennes, ex Belmontet.)
Quel est donc ce mystère impénétrable et sombre ?
Pourquoi [...]
L'amour veut vivre aux dépens de sa sœur,
L'amitié vit aux dépens de son frère.

***
(Les anciens animaux...)
Au moyen âge pour la femelle, ange ou pource,
Il fallait un gaillard de solide grément :
[...]
D'ailleurs l'homme au plus fier mammifère est égal ;
L'énormité de leur membre à tort nous étonne ;
Mais une heure stérile a sonné : le cheval

Et le bœuf ont bridé leurs ardeurs, et personne
N'osera plus dresser son orgueil génital
Dans les bosquets ou grouille une enfance bouffonne.

***
(Nos fesses ne sont pas les leurs.)
Nos fesses ne sont pas les leurs.
[..]
Plus ferme, blême en bien des cas, il est pourvu
De méplats évidents que tapisse la claie
Des poils ; [...]

Wikipédia - Rimbaud (Album)
Arthur Rimbaud - Poèmes zutiques et para-zutiques

15 juin 2013

Avec moi dieu-le-chien : chanson de la semaine #123

Avec moi dieu-le-chien est un poème d'Antonin Artaud, tiré du recueil L'Ombilic des limbes (1925), mis en musique et interprété par Les Têtes Raides et son chanteur Christian Olivier.
Le nouvel album Corps de Mots (Tôt ou tard, 2013) est ainsi dédié aux textes de poètes, pour beaucoup écorchés ou maudits, du XIXe et du XXe siècle : Je voudrais pas crever de Boris Vian, Le Condamné à Mort de Jean Genet, On ne quitte pas son ami de Robert Desnos, et bien d'autres poèmes d 'Arthur Rimbaud, Lautréamont, Guillaume Apollinaire, Roland Dubillard, Raymond Queneau, Marina Tsvetaïeva, Philippe Soupault, sans oublier, en intrus ou en contrepoint, la reprise du Love Me Tender d'Elvis Presley.

Avec moi dieu-le-chien, et sa langue
qui comme un trait perce la croûte
de la double calotte en voûte
de la terre qui le démange.

Et voici le triangle d’eau
qui marche d’un pas de punaise,
mais qui sous la punaise en braise
se retourne en coup de couteau.

Sous les seins de la terre hideuse
dieu-la-chienne s’est retirée,
des seins de terre et d’eau gelée,
qui pourrissent sa langue creuse.

Et voici la vierge-au-marteau,
pour broyer les caves de terre
dont le crâne du chien stellaire
sent monter l’horrible niveau.

***

Antonin Artaud - Wikipédia -
Les Têtes Raides - Wikipédia -

7 juin 2013

"Cançó de Na Ruixa Mantells" : la poésie chantée catalane #2

L' édition de juin des Vases communicants nous permet de poursuivre notre découverte de la poésie chantée catalane. Marta Bramon, bibliothécaire à la bibliothèque de Banyoles, et membre de l'équipe des Musictecaris nous présente ainsi une nouvelle chanson manquante du patrimoine culturel catalan :

"Cançó de Na Ruixa Mantells" est un poème de Miquel Costa i Llobera (1854-1922), mis en musique et interprété par Maria del Mar Bonet.


"Ruixa Mantells" est le nom d'une grotte sur le rivage de l'île de Majorque (Mallorca). Une ancienne croyance populaire rapporte qu'une sorcière vivait là, portant aussi le nom de "Ruixa Mantells". Elle ensorcelait les marins pour les emmener à leur perte. Si le poème original parle davantage de la sorcière, son adaptation en chanson par Maria del Mar Bonet s'attache particulièrement au tourment d'une femme de marin conduite à la folie et à la mort par la disparition de son amant.
Une belle chanson sur le thème du naufrage, une manière poétique et fantastique d'évoquer la mort des marins disparus en mer.

La vidéo présente un extrait du ballet "Jardí Tancat" (Jardin fermé) créé en 1983 par le chorégraphe espagnol Nacho Duato sur les musiques de Maria del Mar Bonet.



Cançó de Na Ruixa-mantells

Passant gemegosa, com fa la gavina,
qui volta riberes i torna a voltar,
anava la boja del Camp de Marina,
vorera del mar.

Descalça i coberta de roba esquinçada,
corria salvatge, botant pels esculls;
i encara era bella sa testa colrada,
la flor de sos ulls.


Color de mar fonda tenia a les nines,
corona se feia de lliris de mar,
i arreu enfilava cornets i petxines,
per fer-se'n collars.

Així tota sola, ran ran de les ones,
ja en temps de bonança, ja en temps de maror,
anava la trista cantant per estones
l'estranya cançó.

"La mar jo avorria, mes ja l'estim ara,
des que hi té l'estatge l'amor que em fugí.
No tenc en la terra ni pare ni mare,
mes ell és aquí!"

"La mar el volia, jamai assaciada
de vides, fortunes, tresors i vaixells;
i d'ell va fer presa dins forta ventada
Na Ruixa-mantells".

Un vespre d'oratge finí son desvari:
son cos a una cala sortí l'endemà;
i en platja arenosa, redós solitari,
qualcú l'enterrà.

No té ja sa tomba la creu d'olivera,
mes lliris de platja bé en té cada estiu,
i sols ja hi senyala sa petja lleugera
l'aucell fugitiu...

Cançó de Na Ruixa-mantells

Passant gémissante, comme fait la mouette, qui tourne allant et venant au rivage,
La folle du Camp de Marina,
Est venue sur la plage.

Les pieds nus et vêtue d’une robe en lambeaux,
elle courrait comme une sauvage, sautant aux travers des récifs,
Sa figure halée était encore belle,
avec une fleur dans ses yeux.

Le bleu profond de la mer avait la couleur de ses pupilles,
Elle portait une couronne de lys de mer,
Et ramassait des coquillages pour s’en faire des colliers.

Si seule, elle traversait les vagues,
Par beau temps comme par mauvaise marée,
Triste, et parfois chantant
cette étrange chanson :

“Je haissais la Mer, mais je la chéris à présent,
Car elle est la demeure de l’amant qui m’a fui.
Je n'ai pas dans les terres, ni père, ni mère
mais lui, il est là! "

"La mer l'a voulu, la mer veut toujours plus
de vies, de fortunes, de trésors et de navires;
et il a été emmené dans le vent fort
par Ruixa-mantells. "

Son délire s’acheva un soir de beau temps:
son corps apparu dans une crique le lendemain;
sur une plage de sable, dans un refuge solitaire,
quelqu'un l'a enterré.

Il n’y a plus de croix d’olivier sur sa tombe,
mais il s’y dépose des lys de mer chaque été,
et l'empreinte légère
de l'oiseau fugitif...

Références :

Miquel Costa i Llobera - Wikipédia - Catalan Literature Online
Maria del Mar Bonet - Wikipédia - Nacho Duato - Wikipédia - Le poème dans sa version complète -

1 juin 2013

Chanson d'une rouspéteuse : chanson de la semaine #122

Lisa LeBlanc est une jeune chanteuse canadienne française, née en 1990, elle est originaire de Rosaireville, de la province du Nouveau-Brunswick (appelée autrefois Acadie).

Sa chanson "Ma vie c'est d'la marde" est devenue l'un des hymnes des manifestants pendant la grève étudiante québécoise de mai 2012 (wikipédia), surnommée la Révolution des casseroles et le Printemps d'érable. Cette chanson lui a apporté une importante notoriété au Québec.

Chanson d'une rouspéteuse figure sur le premier disque de Lisa Leblanc, sorti en 2012 sur le label Bonsound / Tôt ou tard.



J'aime pas mon salon, c'est trop p'tit
J'aime pas mes voisins, ils font trop de bruit
J'aime pas c'qui passe à la TV
J'aime pas c'fille-là, a l'air d'une souris

Y fait frette dehors, trop chaud en dedans
Ça coûte trop cher le stationnement
Ou ben y'a pus d'ouvrage ou ben j'travaille trop
Pis ma chaise me donne mal au dos

J'boirais un verre, mais j'aime pas la bière
J'trouve les jeunes niaiseux avec leur cellulaire
Chus stressée, j'ai pas grand cash
J'haïs les chansonniers qui font des covers de Johnny Cash

Mon poisson est mort, mon toaster fini
Chus dans mes SPM*, attention à c'que tu me dis
J'aime pas les tounes* qui jouent à la radio
J'trouve que j'ai gagné un kilo de trop

J'haïs le gouvernement, pis j'ai pas de chum*
Pis les sites de rencontres, j'trouve pas ça l'fun
J'ai un p'tit mal de gorge pis j'tousse un p'tit peu
J'pense que j'vas mourir, m'a aller voir le docteur

J'haïs l'hiver, la slush*, la glace
J'haïs le printemps ça pue la vache
J'haïs l'été y'a trop de maringouins*
J'haïs l'automne parce que l'hiver s'en vient
J'haïs le gouvernement, pis j'ai pas de chum
Pis les sites de rencontres, j'trouve pas ça l'fun

J'haïs les chansonniers qui font des covers* de Johnny Cash

***

SPM = syndrome prémenstruel
tounes = tunes = airs, chansons
chum = copain, mec, jules
slush = neige à moitié fondue, gadoue
maringouins = moustiques
covers = reprises
chansonniers = chanteurs

Lisa LeBlanc - Wikipédia -

Revue de blogs, revue de presse - Mai 2013


Matthew Dear - "Her Fantasy


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25 mai 2013

En Méditerranée : chanson de la semaine #121

Georges Moustaki chante En Méditerranée.
La chanson figure sur l'album Il y avait un jardin (Polydor, 1971)
"Le ciel est endeuillé, Par-dessus l'Acropole, Et liberté ne se dit plus, En espagnol."
Une période, le début des années 70, où  la liberté ne se disait plus ni en Grèce, alors sous la dictature des colonels (1967-1974), ni en Espagne et en Catalogne qui subissaient la dictature du Général Franco, au pouvoir depuis 1939 et jusqu'à sa mort en 1975.




Dans ce bassin où jouent
Des enfants aux yeux noirs,
Il y a trois continents
Et des siècles d'histoire,
Des prophètes des dieux,
Le Messie en personne.
Il y a un bel été
Qui ne craint pas l'automne,
En Méditerranée.

Il y a l'odeur du sang
Qui flotte sur ses rives
Et des pays meurtris
Comme autant de plaies vives,
Des îles barbelées,
Des murs qui emprisonnent.
Il y a un bel été
Qui ne craint pas l'automne,
En Méditerranée.

Il y a des oliviers
Qui meurent sous les bombes
Là où est apparue
La première colombe,
Des peuples oubliés
Que la guerre moissonne.
Il y a un bel été
Qui ne craint pas l'automne,
En Méditerranée.

Dans ce bassin, je jouais
Lorsque j'étais enfant.
J'avais les pieds dans l'eau.
Je respirais le vent.
Mes compagnons de jeux
Sont devenus des hommes,
Les frères de ceux-là
Que le monde abandonne,
En Méditerranée.

Le ciel est endeuillé,
Par-dessus l'Acropole
Et liberté ne se dit plus
En espagnol.
On peut toujours rêver,
D'Athènes et Barcelone.
Il reste un bel été
Qui ne craint pas l'automne,
En Méditerranée.

Μεσόγειο τη λεν και παίζουνε γυμνά
παιδιά με μαύρα μάτια αγάλματα πικρά
γέννησε τους Θεούς, τον ίδιο το Χριστό
το καλοκαίρι εκεί δεν τρέμει τον καιρό
μεσ’ τη Μεσόγειο





Το αίμα τους αιώνες σκάλισε εκεί
τα βράχια και τους κάβους και τη βαθιά σιωπή
νησιά σαν περιστέρια αιώνιες φυλακές
το καλοκαίρι εκεί δεν τρέμει τις βροχές
μεσ’ τη Μεσόγειο





Οι κάμποι κι οι ελιές χάνονται στη φωτιά
τα χέρια μένουν μόνα κι άδεια τα κορμιά
λαοί της συμφοράς και πίκρα του θανάτου
το καλοκαίρι εκεί δε χάνει τα φτερά του
μεσ’ τη Μεσόγειο





εδώ στη λίμνη αυτή γεννήθηκα κι εγώ
μεσόγειος του φόβου και των πικρών καιρών
τα όνειρα που `παίζαν στα βαθιά νερά
γινήκαν δέντρα μόνα στα ξερά νησιά
μεσ’ τη Μεσόγειο





Τον Παρθενώνα κρύβουν σύννεφα βαριά
στην Ισπανία εχάθη η λέξη «λευτεριά»
πάντα η Αθήνα μένει όνειρο πικρό
το καλοκαίρι εκεί δεν τρέμει τον καιρό
μες στη Μεσόγειο

Vicky Moscholiou [Βίκυ Μοσχολιού] et Georges Moustaki [Ζωρζ Μουστακί] interprètent En Méditerrannée

Georges Moustaki (1934-2013) - Wikipédia - Vicky Moscholiou (1943-2005) - Wikipédia -

22 mai 2013

Les charts, Spotify, l'écoute et le partage

Spotify propose depuis quelques semaines, les classements des titres les plus populaires sur son service de streaming.

Mis à jour chaque semaine, ces charts sont localisés pour 28 pays : Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Etats-Unis d'Amérique, Estonie, Finlande, France, Hong-Kong, Islande, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Norvège, Pologne, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Singapour, Suède, Suisse.

Pour chaque pays, 2 classements :
  • le classement des titres les plus écoutés
  • le classement des titres les plus partagés sur Spotify, Facebook et Twitter.
Pourquoi deux classements ?

Le top 50 des titres les plus streamés

"Quand il pète il troue son slip!
Comparons le top 10 de ces deux classements pour la France :

Les titres les plus écoutés
  1. Daft Punk - Get Lucky 
  2. Macklemore & Ryan Lewis - Can't Hold Us feat. Ray Dalton 
  3. Robin Thicke - Blurred lines 
  4. Macklemore & Ryan Lewis - Thrift Shop feat. Wanz 
  5. Maître Gims - J'me tire 
  6. P!nk - Just gime me a reason 
  7. The Lumineers - Ho Hey 
  8. Bruno Mars - When I was your man 
  9. Maître Gims - Bella 
  10. Imagine Dragons - Radioactive
Les titres les plus partagés
  1. Sébastien Patrice - Quand il pète il troue son slip
  2. Stromae - Papaoutai 
  3. Jabberwocky - Photomaton 
  4. Trio - Da da da (Ich lieb dich nicht, du liebst mich nicht)
  5. Emily Wells - Becomes the color (from Stoker)
  6. Robin Thicke - Blurred lines 
  7. Maître Gims - Bella 
  8. Zaz - On ira 
  9. Sidoine - On ne vit qu'une fois 
  10. Vanessa Paradis - La chanson des vieux cons
Le top 50 des titres les plus partagés 

Ces deux listes n'ont seulement que deux titres en commun : Robin Thicke et Maître Gims.
Ainsi, les chansons les plus virales ne sont pas celles que l'on écoute le plus : les titres de Sébastien Patrick, Trio et de Zaz sont absents du top 50 des chansons les plus écoutées.On peut supposer que certains titres sont partagés entre amis et collègues sur le mode du clin d’œil et de la plaisanterie (plus ou moins légère)...
Un type de partage ayant clairement un autre objet que celui de transmettre une passion musicale : s'amuser d'un mème, communiquer de la bonne humeur, ou adresser un message d'une manière musicale...

On est alors en droit de se poser la question : peut-on vraiment compter sur le partage (même de la part de proches) pour découvrir de la bonne musique ? :-)

http://charts.spotify.com/

15 mai 2013

La fin de la route : chanson de la semaine #120


Chanson interprétée par Nadj, tirée de son 4ème album "L'Oeuvre au noir" (Booster/PIAS, 2012)



C'est la fin de la route
C'est la dernière maison
Avant les contrées sauvages
C'est le bout du chemin
La dernière construction
Avant la forêt
[...]

Nadj - Noomiz - MySpace - CD1D -

4 mai 2013

Revue de presse, revue de blogs - Avril 2013


Ducktails - Letter Of Intent (The Flower Lane, Domino Records, 2013)

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3 mai 2013

"He mirat aquesta terra" : la poésie chantée catalane #1

Cette édition de Mai des Vases communicants inaugure une nouvelle rubrique dédiée à la poésie chantée catalane. Une chanson sera ainsi présentée chaque mois, choisie par Marta Bramon, bibliothécaire à la bibliothèque de Banyoles, et membre de l'équipe des Musictecaris.
Une fenêtre ouverte pour découvrir des textes, des mélodies, des poètes, des compositeurs et des interprètes au cœur du répertoire culturel catalan. En échange, une sélection d'œuvres de poésie chantée française sera également présentée sur le blog Ampli....



He mirat aquesta terra [j'ai regardé cette terre] est une description métaphorique de la Catalogne, le texte a été écrit en 1980, quelques années après la mort du dictateur Franco, contre qui avaient combattu Salvador Espriu et beaucoup d'auteurs intellectuels et artistes.
Le chanteur Raimon et le poète Salvador Espriu, se sont rencontrés dans les années 60. Raimon a composé tout un album de chansons "Cançons de la roda del temps" (1960) à partir de ses poèmes. Espriu s'est dit très satisfait du résultat. Grâce à cette poésie chantée par Raimon, Espriu est devenu un poète très populaire et le symbole de l'aspiration à la liberté du peuple en Catalogne.

Interprètes: Sílvia Pérez Cruz et Toti Soler (lors de la cérémonie d'ouverture de l'hommage au poète). Sílvia Pérez Cruz est une des plus talentueuse chanteuse catalane d'aujourd'hui, elle est très sollicitée, et collabore avec de nombreux musiciens. Toti Soler est un excellent guitariste et composeur, également très populaire.


He mirat aquesta terra

Quan la llum pujada des del fons del mar
a llevant comença just a tremolar,
he mirat aquesta terra,
he mirat aquesta terra.

Quan per la muntanya que tanca el ponent
el falcó s'enduia la claror del cel,
he mirat aquesta terra,
he mirat aquesta terra.

Mentre bleixa l'aire malalt de la nit
i boques de fosca fressen als camins,
he mirat aquesta terra,
he mirat aquesta terra.

Quan la pluja porta l'olor de la pols
de les fulles aspres del llunyans alocs,
he mirat aquesta terra,
he mirat aquesta terra.

Quan el vent es parla en la solitud
dels meus morts que riuen d'estar sempre junts,
he mirat aquesta terra,
he mirat aquesta terra.

Mentre m'envelleixo en el llarg esforç
de passar la rella damunt els records,
he mirat aquesta terra,
he mirat aquesta terra.

Quan l'estiu ajaça per tot l'adormit
camp l'ample silenci que estenen els grills,
he mirat aquesta terra,
he mirat aquesta terra.

Mentre comprenien savis dits de cec
com l'hivern despulla la son dels sarments,
he mirat aquesta terra,
he mirat aquesta terra.

Quan la desbocada força dels cavalls
de l'aiguat de sobte baixa pels rials,
he mirat aquesta terra,
he mirat aquesta terra.
J'ai regardé cette terre

Quand la lumière émergeant de la mer
Commence à trembler à l'Est,
J'ai regardé cette terre,
J'ai regardé cette terre.

Quand par la montagne de l'Ouest
Le faucon prend la clarté du ciel,
J'ai regardé cette terre,
J'ai regardé cette terre.

Alors que soupire l'air vicié de la nuit
et que des bouches sombres battent les chemins,
J'ai regardé cette terre,
J'ai regardé cette terre.

Quand la pluie apporte l'odeur de poussière
des feuilles dures des buissons lointains,
J'ai regardé cette terre,
J'ai regardé cette terre.

Quand le vent souffle au milieu de la solitude de mes morts qui rient d'être réunis pour toujours,
J'ai regardé cette terre,
J'ai regardé cette terre.

Alors que je me fais vieux dans le long effort
de labourer mes souvenirs,
J'ai regardé cette terre,
J'ai regardé cette terre.

Quand l'été répand le large silence
des criquets à travers le champ endormi,
J'ai regardé cette terre,
J'ai regardé cette terre.

Pendant que comprennent des doigts aveugles et sages
comment l'hiver dépouille le sommeil des branches,
J'ai regardé cette terre,
J'ai regardé cette terre.

Quand la force des chevaux emballés de pluie
remplit soudainement les cours d'eau,
J'ai regardé cette terre,
J'ai regardé cette terre.

Sources et références :
Salvador Espriu - Wikipédia - français - catalan -
Raimon - Wkipédia - français - catalan -
Sílvia Pérez Cruz - Wikipédia - catalan -
Toti Soler - Wikipédia - français - catalan -

En Mai sur Ampli : Est-ce ainsi que les hommes vivent? Música i poesia