23 février 2014

RF8, la plateforme musicale de Radio France en bêta, premières impressions

Annonce du projet RF8 

En août dernier, lors de la conférence de rentrée, Jean-Luc Hees, président du groupe Radio France annonçait pour la fin de l'année 2013, le lancement d'une nouvelle plateforme d'écoute et de partage de musique en ligne, baptisée RF8. A la tête du projet, Joël Ronez, responsable des nouveaux médias de Radio France, et directeur de la radio le Mouv', poursuit l'objectif de faire de Radio France le média de référence pour les utilisateurs de smartphones. RF8 devait offrir notamment des sélections de huit titres, à écouter gratuitement en s'appuyant sur la discothèque numérique du groupe, soit 1,6 million de titres numérisés.

Blocages juridiques

Mais au mois de décembre, le projet reste bloqué pour des questions juridiques : deux sociétés civiles, la SCPP (Société civile des producteurs phonographiques) et la SPPF (Société Civile des Producteurs de Phonogrammes) refusent de négocier pour RF8 un accord sous le régime de la gestion collective. Leur crainte, voir le projet "cannibaliser le marché des compilations en permettant aux auditeurs de constituer leurs propres compilations de titres à streamer à partir des playlists proposées par Radio France et aussi de porter atteinte au modèle du stream par voie d’abonnement".


Lancement de la version bêta

C'est donc seulement la semaine dernière, mi-février, que RF8 a été lancé en version bêta sur invitation (http://www.rf8.fr/) . Un lancement restreint qui a notamment pour objet de recueillir les remarques des bêta-testeurs qui pourront également signaler les bugs via un bouton dédié.
Ayant été tiré au sort, nous voilà parmi les heureux élus, happy few possésseurs d'une invitation pour accéder au site en avant-première, ce qui va nous permettre de partager nos premières impressions.

Des playlists thématiques, une web radio, des programmes web interactifs

A la question "Qu’est-ce qu’on pourra trouver sur RF8" : on apprend que "c'est le site sur lequel [on va trouver] toute la musique sélectionnée avec soin par les programmateurs, les animateurs et les journalistes de Radio France. Dans des playlists thématiques, dans une webradio et dans de beaux programmes web interactifs. il y aura des nouveautés, des jeunes talents, des pépites oubliées et des grands classiques. Il y aura du rock et du jazz, du classique et de l'électro, des musiques venues d'ailleurs et des chansons françaises. Toutes les musiques et toutes les époques seront sur RF8.”

Regardons d'abord en détail ces 3 fonctionnalités :
La web radio RF8 (Le direct) n'est pas encore activée mais est annoncée pour bientôt

Les programmes web interactifs (Grands formats) sont au nombre de 3. Ce sont en fait des mini-sites avec un habillage graphique soigné dédiés à des artistes :
  • MC Solaar "Prose combat" histoire d'un classique ;
  • Peter Hook et l'histoire de Joy Division ;
  • Barbara Dane, le chant des partisans (biographie de la chanteuse folk blues jazz américaine, militante des droits civiques et pacifiste.
Ce bel enrobage rend assez perplexe : présenter du contenu multimédia et interactif  laisse une impression de déjà vu, depuis au moins le lancement du CD-I Phillips (1992).



Les playlists thématiques,

Là se trouve le coeur de RF8 : des sélections limitées à huit titres (durée de 20 à 40 minutes), sur le principe du site 8tracks. Aujourd'hui, il y a 36 playlists présentées sous forme de grilles sur 2 pages. On peut accéder directement au titre. Les sélections sont éditorialisées, détaillées, commentées par un texte court. Et le player est situé en bas de page.
Surprise : l'application ne s'appuie pas sur la discothèque numérisée de Radio France comme annoncé, mais la musique est streamée depuis Youtube ! Les playlists sont d'ailleurs toutes accessibles sur la chaîne Youtube de RF8.
Un bouton "exporter la musique" indique que ces playlists seront à terme également proposées sur Spotify et sur Deezer.
Il ne serait pas non plus étonnant que RF8 soit présente sur ces 2 plateformes de streaming sous la forme d'une application comme le font déjà d'autres médias (The Guardian, la radio KCRW, Rolling Stone...)



Bon point : RF8 évite l’écueil de la présentation par genres musicaux (chanson, pop, jazz, classique,...) pour au contraire proposer une approche transversale et décloisonnée. Les playlists sont composées autour :
  • d'un thème : le chien, la couleur bleue, le mensonge, la rupture, l'Ouest, la mode,
  • d'un artiste : le photogrpahe David Lachapelle, le cinéaste Jonathan Caouette, Andy Warhol,
  • de phénomènes pop du moment Fauve, London Grammar, Temples,
  • d'entretiens avec des chanteurs et des musiciens : André Ceccarelli, Albin de la Simone,
 Ces playlists sont composées par les programmateurs, les animateurs et les journalistes des différentes émissions des chaînes du groupe :
  • Le Mouv'
  • Radio Bleu
  • France Inter : Radio Vinyle, l'Afrique enchantée, Addictions, On va tous y passer, On parle musique, ...
  • France Info : avec Bertrand Dicale
  • France Culture : L'atelier du son, Pas la peine de crier, Chanson Boum, L'atelier intérieur
  • Fip : sélections de janvier

Un webzine chic au spectre musical "bien tempéré" pour une audience Radio France

Si RF8 fait preuve par ses sélections d'un bel éclectisme musical , qu'elle se démaque nettement de la programmation commerciale à forte rotation des stations FM privées (NRJ, Skyrock, Fun Radio) , on remarque cependant que ses playlists, souvent smooth et policées, sont calibrées pour ne pas trop heurter les oreilles de l'auditeur. RF8 est la 8e radio du groupe Radio France dont les stations ciblent un public d'âge mûr (âge moyen 45-50 ans), assez diplômé, et ayant plutôt une bonne position socioprofessionnelle (voir l'étude sur la stratification générationnelle de la radio en France).

"Le nouveau site de toutes les musiques" ? Non.

Pour convenir à son audience définie plus haute, RF8 met en avant des esthétiques musicales dans une ligne éditoriale "Inrocks-Libé-Télérama". De nombreux styles et genres musicaux brillent ainsi par leur absence :
  • la diversité des musiques amplifiées : metal, punk, hardcore, indus, electro, techno, dubstep, hip-hop, dance, ...
  • les musiques traditionnelles, l'ethnomusicologie,
  • les musiques ancienne, baroque, classique, romantique, moderne, contemporaine (absence étonnante de contenus en provenance de France Musique),
  • le jazz contemporain, les musiques libres, improvisées, expérimentales,
  • la chanson francophone peu ou pas médiatisée (pourtant présentée dans l’émission “Chanson boum”),
  • les musiques de film, les musiques de jeux vidéo,
  • la musique pour enfants,
  • le field recording, la création sonore, la musique concrète

Recommander par le prisme du divertissement

Chic et attrayante, adoptant un ton vif et léger, RF8 semble placer son objectif de prescription sous la bannière du divertissement et adopter la stratégie de Jay Frank évoquée dans un post précédent sur la recommandation musicale : "Pour améliorer cela, je voudrais qu'on abandonne la notion de découverte musicale et faire du divertissement le cœur de l’expérience à proposer, avec la découverte comme corollaire secondaire. Pandora fonctionne d’abord comme une radio, mais vous pouvez découvrir de la musique au cours de votre écoute. Les blogs populaires adoptent une même approche de divertissement, ils parlent à leur lectorat d’artistes que celui-ci connaît déjà, et entraîne celui-lui doucement vers quelque chose de nouveau. Plus un service se concentre sur l’objectif de divertir son public avec la musique, plus la musique qui fera découvrir aura de la valeur. Cette part de découverte peut être délibérément intégrée dans le process, mais l'utilisateur ne doit pas en être conscient."

En conclusion

Agréable à parcourir, plaisante à lire et à écouter, compatible avec les grands sites de streaming (Youtube, Spotify, Deezer), RF8 propose une offre de prescription attractive mais encore trop modeste en contenus. Version bêta oblige.

Sources et références

Radio France lance RF8, un site d'écoute et de partage de musique  - L'Express
Retard à l’allumage pour la plate-forme musicale de Radio France - Les échos
 La SPPF dit non à RF8, mais lui tend la main aussi  - Electron libre
La stratification générationnelle de la radio en France (p. 12)

12 février 2014

Playlist février 2014 : neuf albums à découvrir sans attendre



Une sélection curieuse de l'actualité musicale, pour partager quelques recommandations, et aborder l'univers d'artistes d'aujourd'hui en leur accordant une écoute attentive, dans l'abondance des sorties du moment.






Morgan Delt
"Doug Tuttle" (Trouble In Mind Records, 2014)
La pochette représentant un mandala annonce la couleur : voyage astral, acid rock, et trip psychédélique sont au programme. Le musicien lo-fi californien Morgan Delt rend hommage aux pionniers du rock planant (Pink Floyd, Can) et aux avant-gardes électroniques des années 60 (Delia Derbyshire/White Noise, Pierre Henry). Hallucinatoire et de très bonne facture. 
(rock psychédélique)



Dumbo gets Mad
"Quantum Leap" (Bad Panda Records, 2013)
Dumbo Gets Mad est un duo formé par deux artistes italiens : Lucas Dumbini (chant, guitare), Carlotta Menozzi (chant, claviers), installés à Los Angeles depuis 2010. Ils se font accompagner sur scène par Andrea Scarfone (basse) et Lorenzo Rotteglia (batterie). Leur premier album Elephants at the Door (2011) est proposé sous Creative Commons en libre téléchargement sur Free Music Archive. Qualifier Quantum leap de pop psychédélique est bien trop réducteur, tant l'album est traversé d'influences et fuse d'inspirations étranges et sorties d'on ne sait où : easy-listening, dance rock, collages sonores, soul, punk, etc. Cet excellent album est disponible en téléchargement, le CD peut être commandé sur le site du label Bad Panda Records.  
(pop lo-fi expérimentale)



Hospitality
"Trouble" (Merge, 2014)
Une pochette bleue pale et grise striée de rayures noires, un titre d'album anti-marketing : Trouble (qu'on peut traduire au choix par difficulté, peine, ennui, problème, dérangement, angoisse), un premier titre fébrile et tendu (Nightingale), Hospitality semble ignorer les règles de la séduction dans la nouvelle économie de l'attention. Ce trio, formé à Brooklyn en 2007 est consisté de la chanteuse, guitariste et songwriter Amber Papini, du bassiste Brian Betancourt, et du batteur Nathan Michel. Michel qui est docteur (PhD) en composition musicale, diplômé de l'Université de Princeton, est également connu pour ses albums de musique électronique expérimentale sur le label Tigerbeat6 (le label de Kid 606). Il est également à la production avec l'ingénieur du son Matt Boynton. Le résultat est un album sombre, introspectif et tourmenté, avec de belles nuances de gris, que l'on ne trouvera jamais en tête de gondole.
(pop )



White Denim
"Corsicana limonade" (Donwtown Records, 2013)
White Denim est un groupe formé en 2006 à Austin, Texas par 4 musiciens : James Petralli (chant, guitare), Joshua Block (batterie), Steven Terebecki (basse), Austin Jenkins (guitare). White Denim reprend le classic rock 70's là où les Allman BrothersSteely Dan et Chicago l'avaient laissé. Leurs compositions à dominante blues rock utilisent des structures complexes, et s'offrent des échappées vers d'autres styles : hard rock, West Coast soft rock, jazz fusion, progressif, soul, country. La maîtrise et la cohésion de l'ensemble ne laissent aucun doute sur la virtuosité des musiciens et leur plaisir de jouer. Un plaisir communicatif d'autant plus que l'album est impeccablement produit en collaboration avec Jim Vollentine (Spoon, White Rabbits). 
(blues rock fusion)



Doug Paisley
"Strong Feelings" (No Quarter, 2014)
L'Amérique du Nord a toujours été prodigue en artistes country folk. Alors pourquoi s'intéresser en particulier à Doug Paisley ? Certainement pour son naturel et la simplicité de son style, sans la pose de lonesome cowboy blasé, ou l'attitude travaillée de loser redneck. Sa musique et sa voix sonnent juste, on entend un artiste dans la lignée de JJ Cale et de Daniel Lanois. Des ballades sobrement chantées. Doug Paisley est un chanteur canadien originaire de Toronto. Il a partagé les tournées de Bonnie Prince Billy. Strong feelings (émotions fortes) est son 3ème album sur le label No Quarter.
(country folk)



Lanterns On The Lake
"Until the Colours Run " (Bella Union, 2013)
Formé à Newcastle en 2008, Lanterns On The Lake réunit la chanteuse et guitariste Hazel Wilde, Paul Gregory (guitare, électronique), Sarah Kemp (violon), Oliver Ketteringham (batterie). Leur style à la fois lyrique et doux-amer combile l'heavently voices (voix célestes à la Cocteau Twins) avec un rock à guitare noisy, post-rock et  shoegaze (My Bloody Valentine).
(dream pop shoegaze)



Allah-Las
"Allah-Las" (Innovative Leisure, 2012)
Dans le catégorie très tendance du revival garage psyché, il y a White Fence et Ty Segall, dont on a déjà parlé, et bien voici les Allah-Las. Tous les codes du rock des années 60 sont repris : réverbération, rythmiques sèches, guitares acides avec effet flanger, tambourin, choeurs. Allah-Las est un quatuor de Los Angeles composé de Miles Michaud (chant, guitare), Pedrum Siadatian (guitare, choeur), bassist/vocalist Spencer Dunham (basse, choeur), Matthew Correia (batterie, choeur). Trois des membres du groupe travaillaient chez Amoeba, une mythique chaîne californienne de magasins de disques. Là, on imagine qu'ils ont eu tout loisir d'analyser les sons et les structures des chansons en vogue pendant les sixties, du style West Coast (Byrds, Grateful Dead, Jefferson Airplane, Big Brother and the Holding Company...), à la British Invasion (Beatles, Rolling Stones, Who, Animals, Kinks),. Et si ça ne suffisait pas niveau contrôle qualité, l'album est produit par Nick Waterhouse, pour sa part érudit et passionné de blues et de R&B.
(revival rock garage psyché )



The Drones
"I See Seaweed" (Autoproduction, 2013)
The Drones sont un groupe australien originaire de Melbourne formé en 1997. Les 5 membres sont Gareth Liddiard (chanteur, guitariste), Fiona Kitschin (bassiste), Dan Luscombe (guitariste solo), Steve Hesketh (clavier) et Michael Noga (batteur). Ecouter I See Seaweed, est un peu comme partir en voyage au cœur des ténèbres. Le chant écorché vif et déclamatoire de Gareth Liddiard n'est pas sans rappeler celui de Peter Hammill dans la sombre discographie de Van der Graaf Generator.
(dark rock)



The Besnard Lakes
"Until in Excess..." (Jagjaguwar, 2013)
The Besnard Lakes sont originaires de Montréal, comme Arcade Fire. Le groupe, signé par le label Jagjaguwar (FoxygenBon IverUnknown Mortal OrchestraWomen) a été formé en 2003 par le couple Jace Lasek / Olga Goreas, qui écrivent et composent les chansons.  
(dream pop shoegaze)

4 février 2014

Revue de presse, revue de blogs : janvier 2014


Of Montreal - She Ain't Speakin' Now



Culture / actualité musicale

Disparitions

Musique numérique

Industrie musicale

Pratiques culturelles, sociologie des usages

Politique culturelle

17 janvier 2014

"Six Degrees of Black Sabbath", le moteur de recherche qui décloisonne la musique


Six Degrees of Black Sabbath est la nouvelle version d'un programme conçu en 2010 par Paul Lamere  à l’occasion du Music Hack Day à San Francisco. Le nom de l’application fait référence :
  • à la théorie des six degrés de séparation (wikipédia) : toute personne sur la planète peut être reliée à n'importe quelle autre, au travers d'une chaîne de connaissances comprenant au plus cinq autres maillons
  • et au roman érotique de grande distribution : Fifty Shades of Grey


Six Degrees of Black Sabbath fonctionne sur le même principe que L’oracle of Bacon, un moteur de recherche permettant de trouver les liens reliant n'importe quelle personnalité à l’acteur américain Kevin Bacon. Sauf qu'ici, il est question de musique et le programme permet de découvrir les relations intermédiaires entre deux artistes, qu’en principe tout semble séparer.
Paul Lamere cite comme exemple de recherche, les relations entre The Beatles et Norah Jones :
  1. The Beatles 
  2. dont était membre George Harrison
  3. qui a joué avec Ravi Shankar (sur la chanson Bangla Dhun et sur 26 autres chansons)
  4. qui avait un lien de parenté avec Norah Jones (Ravi Shankar était son père) 

Il est possible de couper une connexion, et dans ce cas le programme recalcule un autre chemin pour assurer la liaison. En gardant l'exemple de The Beatles à Norah Jones, si on supprime la relation via Ravi Shankar, le programme propose le chemin suivant :
  1. The Beatles
  2. dont était membre Paul McCartney
  3. membre du duo The Fireman, avec le bassiste Youth (Martin Glover) 
  4. membre du groupe de rock industriel Pigface
  5. dont a fait partie Mike Dillon
  6. également membre de Garage A Trois
  7. dans lequel a joué Charlie Hunter, guitariste de jazz
  8. qui a joué avec Norah Jones
La version 2 de Six Degrees of Black Sabbath propose quelques nouvelles fonctionnalités :
  • A chaque étape, le lien est souvent accompagné par une vidéo Youtube présentant la collaboration des 2 artistes. (grâce l'utilisation d'une API de Youtube)  
  • La base de données s'est étoffée et réunit à présent les informations concernant plus de 250 000 artistes, pour 2,5 millions de relations d'artiste à artiste.
  • L'autocomplétion dans la saisie des noms d’artistes. 
  • Un design et une vitesse de recherche améliorés
Afin de tester l'application, nous nous sommes amusés, peut-être sous la funeste influence de Black Sabbath, à rechercher les chemins musicaux reliant :
  • Pierre Boulez à Patrick Sébastien
  • Metallica à Chantal Goya 
  • Charlie Parker à Mireille Mathieu 
  • Claude Debussy à David Guetta
Et stupeur : CES CHEMINS EXISTENT !

Maintenant à vous de jouer, et n'hésitez pas à consigner les feuilles de route de vos pérégrinations improbables en commentaire !  :-)


source : Music Machinery (06/01/2014)

14 janvier 2014

Playlist janvier 2014 : neuf albums à découvrir sans attendre


Une sélection curieuse de l'actualité musicale, pour partager quelques recommandations, et aborder l'univers d'artistes d'aujourd'hui en leur accordant une écoute attentive, dans l'abondance des sorties du moment. 



Neon Neon
"Praxis Makes Perfect" (Lex records, 2013)
Neon Neon est un projet né en 2006 (d'abord sous le nom de Delorean), résultant de la collaboration du producteur américain de hip-hop Boom Bip (Bryan Charles Hollon) et de Gruff Rhys, le leader du groupe de rock gallois Super Furry Animals. Leur 2ème album Praxis makes perfect est construit autour de la figure de l'éditeur et militant communiste italien Giangiacomo Feltrinelli (1926-1972), avec la participation de Sabrina Salerno, Asia Argento, Cate Le Bon, et Josh Linghoffer (Red Hot Chili Peppers). Le résultat n'a rien d'un opéra rock boursouflé, ou d'un album concept long et prétentieux : 10 chansons pop parfaitement produites dans une approche new romantic, élégante et distanciée chère aux années 80. "Stood in the shade of Fascist architecture / We still believe that one day justice will prevail" (The Jaguar).
(synth-pop)



Dean Blunt
"The Redeemer" (Hippos in Tanks, 2013)
On sait peu de chose de Dean Blunt, sinon son appartenance au duo berlinois Hype Williams, aux côtés d'Inga Copeland. Pop introspective, entre downtempo et abstract hip-hop, voix traînante et incantatoire, style en résonance autant avec Terry Callier, qu'avec Gonjasufi.
(abstract hip-hop, folk-soul)



Blood Orange
"Cupid Deluxe" (Domino Records, 2013)
Londonien d'origine, né en 1985, mais installé à New York depuis 2007, Devonté Hynes est un chanteur, musicien, auteur-compositeur et producteur. Hynes a travaillé notamment avec Florence and the Machine, The Chemical Brothers, Solange Knowles, Sky Ferreira. Il signe ses 2 premiers albums solos sous le pseudo de Lightspeed Champion, avant d'opter pour Blood Orange (Orange sanguine) à partir de 2011. Avec comme source d'inspiration la vie nocturne et interlope de Brooklyn et de Manhattan (la pochette de l'album), Cupid Deluxe est un album de ballades sensibles et romantiques (Chamakay), ou plus moites et charnelles (Uncle Ace), comme pouvaient en produire Prince (Sign o' the times, The ballad of Dorothy Parker) et Marvin Gaye (Sexual healing).
(R&B, smooth soul)



The Pastels 
"Slow Summits" (Domino Records, 2013)
Vous n'avez probablement jamais entendu parler de The Pastels, pourtant ce groupe indie pop écossais existe depuis 1981 avec comme leader, Stephen McRobbie (guitare, chant), également surnommé Stephen Pastel. Si leur audience est restée confidentielle jusqu'à ce jour, l'influence qu'ils ont exercée sur la scène pop (Jesus and Mary Chain, Teenage Fanclub) est indéniable, et le qualificatif de groupe culte n'est pour une fois pas galvaudé.
(indie pop)



Vaura
"Selenelion" (Wierd Records, 2011)
Vaura est un "super-groupe" formé à Brooklyn en 2009 par le chanteur et guitariste et principal auteur compositeur Joshua Strawn La formation réunit aussi le guitariste Kevin Hufnagel (Dysrhythmia, Gorguts) , le bassiste Toby Driver (Kayo Dot, Secret Chiefs 3), et le batteur Charlie Schmid. Le moteur de Vaura carbure à un mélange de doom metal (Paradise Lost) et de dark progressive (King Crimson, Anekdoten).
(dark prog metal)



Ty Segall
"Sleeper" (Drag City, 2013)
Né en 1987, Ty Segall est un chanteur et guitariste californien, il est présenté par beaucoup, Rock & Folk notamment, comme le nouveau Messie du Rock garage. Ayant déjà réalisé 8 albums solo depuis 2008, Ty Segall trouve le temps d'être membre d'une ribambelle de groupes : Fuzz, The Traditional Fools, Epsilons, Party Fowl, Sic Alps, The Perverts, sans compter sa récente et réussie collaboration avec White Fence (Hair, Drag City, 2012). A l'instar de Foxygen, pastichant génialement Dylan et les Stones, Ty Segall, ici seul à la guitare acoustique, parvient dans une incarnation de John Lennon à gagner la bienveillance, là où les frères Gallagher, en leur temps, ne suscitaient que crispation... "Perfectly listenable, never memorable" concluait justement Radio.com. Un bon apôtre.
(pop folk psyché lo-fi)



Julia Holter 
"Loud City Song" (Domino Records, 2013)
Né en 1984, Julia Holter est une artiste vivant à Los Angeles. Chanteuse, multi-instrumentiste, auteure-compositrice, Julia Holter est diplômée du CalArts (California Institute of the Arts). Après Tragedy (2011) et Ekstasis (2012), Loud City Song, son 3ème album, a été encensé par la critique (The Wire : #1 album 2013, Metacritic : 89/100). Et c'est amplement mérité :  mélodies sophistiquées, voix délicate, magnifiques harmonisations vocales, et savante orchestration (cordes, cuivres, flûtes et clavecins), tout est là. 
(chamber pop)



DJ Koze
"Amygdala" (Pampa, 2013)
Stefan Kozalla, alias DJ Koze, est un DJ et producteur de musique électronique allemand, originaire du Schleswig-Holstein. Actif depuis les années 90, il est installé aujourd'hui à Hambourg. Pour Amygdala, DJ Koze s'est assuré la collaboration de Caribou, Matthew Dear, Apparat, Milosh
(electro, minimal techno)



Scott Matthews
"Passing stranger" (San Remo, 2006)
Né en 1976, Scott Matthews est un chanteur-auteur-compositeur anglais, originaire de Wolverhampton (près de Birmingham). Nourri depuis le biberon avec les disques des Beatles, Bob Dylan, Led Zeppelin, et Joni MitchellScott Matthews ramène l'auditeur au début des années 90, tant son style vocal et musical triturant blues, folk et rock possède une intensité que l'on croyait disparue depuis Jeff Buckley, et Layne Staley (Alice in Chains).
(blues folk rock)

1 janvier 2014

Bonne année 2014 !




Domenico Scarlatti, Sonates, par Ralph Kirkpatrick (1954) - archive.org -

29 décembre 2013

Revue de presse, revue de blogs : décembre 2013



Sky Ferreira - Ariel Pink "My Molly"

Palmarès 2013

Culture musicale

Disparitions

Monde du disque, industrie musicale

Musique numérique

Politiques et pratiques culturelles




25 décembre 2013

A Christmas Carol


A Christmas Carol, mélodie pour voix et piano, S. 228 (K. 6B27d - 1894), composée par Charles Ives (1874-1954), interprétée par Jan DeGaetani, mezzo-soprano et Gilbert Kalish, piano. Nonesuch, 2005)



Little star of Bethlehem!
Do we see Thee now?
Do we see Thee shining
O'er the tall trees?
Little Child of Bethlehem!
Do we hear thee in our hearts?
Hear the Angels singing:
Peace on earth, good will to men!
Noel!

O'er the cradle of a King,
Hear the Angels sing:
In Excelsis Gloria, Gloria!
From his Father's home on high,
Lo! for us He came to die;
Hear the Angels sing:
Venite adoremus Dominum.

21 décembre 2013

Playlist décembre 2013 : 9 albums à découvrir sans attendre



Une sélection curieuse de l'actualité musicale, pour partager quelques recommandations et promouvoir de nouveaux artistes méritant une écoute attentive dans l'abondance des sorties du moment. Trêve des confiseurs oblige, la pop s'invite pour ces fêtes à tous les desserts sucrés : confite de folk, glacée de new wave, enrobée de rock, truffée d'electro, nappée de soul et servie avec sa petite cerise aigre seventies (Death).




Cate Le Bon
"Cyrk" (The Control Group, 2012)
Cate Le Bon est une chanteuse galloise, à présent installée à Los Angeles. Elle a prêté sa voix sur des albums de  Neon Neon et de Manic Street Preachers. Chantant en anglais, et aussi en gallois (comme sur l'EP Edrych yn Llygaid Ceffyl Benthyg) , Cate Le Bon possède une belle voix blanche et "hantée" et une inspiration assez grave évoquant par moment l'univers de Nico, sans être une pâle copie de l'icône diaphane. Une vraie révélation.
(folk pop inspirée)



Chromatics
"Kill for Love" (Italians do it better, 2012)
Chromatics est un groupe d'electro-pop originaire de Portland (Oregon), et formé en 2001. Le groupe est constituée de la chanteuse et musicienne (guitare, synthétiseur)  Ruth Radelet, Adam Miller (guitare, vocoder), Nat Walker (batterie, synthétiseur), et de Johnny Jewel (produceur et multi-instrumentiste). A l'origine, les Chromatics avaient un son dur et sombre hérité du post-punk et de la cold wave, leur style a évolué jusqu'à leur dernier album "Kill for love" vers des influences  synthpop-new wave-italian disco. "Tick of the Clock" figurant sur la B.O. du film Drive (2011) a contribué à les faire connaître. Johnny Jewel est aussi membre du duo Glass Candy avec la chanteuse Ida No dont les productions sont également intéressantes.
(electro-pop)



Wampire
"Curiosity" (Polyvinyl, 2013)
Wampire est un duo indie pop également originaire de Portland (Oregon) formé en 2007 par Rocky Tinder et Eric Phipps même si les musiciens jouent ensemble depuis 2001. Leur premier album Curiosity est sorti  en mai 2013, il produit par Jake Portrait, le bassiste d'Unknown Mortal Orchestra sur le label Polyvinyl (Of Montreal, The Dodos, Deerhoof)
(pop)



Blue Hawaii
"Untogether" (Arbutus Reords, 2013)
Blue Hawaii est un duo d'electro pop constitué par Raphaelle Standell-Preston, membre de Braids et Agor (Alex Cowan) appartenant à la même scène montréalaise que Grimes et Purity Ring.
(electro-dream-pop)



Violens
"True " (Slumberland, 2012)
Violens a été formé à New York en 2007 par les anciens membres de Lansing-Dreiden. Le nom du groupe est un mot valise combinant "violence" et "violins." De la formation initiale ne restent aujourd'hui que  Jorge Elbrecht (chant, guitare) qui a enregistré cette année l'EP Call to ring avec Ariel Pink, et  Iddo Arad (chant, synthétiseur). Lyrique, protéiforme, mélangeant de multiples influences pop rock issues en bonne partie des années 80 (Tears for Fears, The Cure, Duran Duran, U2), Violens ne laisse toutefois pas facilement dessiner le contour de son identité musicale.
(pop rock)



Moonface
"Julia with Blue Jeans On" (Jagjaguwar, 2013)
Spencer Krug (Moonface) est un chanteur, pianiste et auteur-compositeur canadien, hyperactif et impliqué dans de multiples formations : leader de Wolf Parade, il a travaillé aussi avec Frog Eyes, Sunset Rubdown, Swan Lake. Présenté comme "le songwriter le plus talentueux de sa génération", Moonface possède un lyrisme et une expressivité qui partage la critique en suscitant soit la dévotion, soit la moquerie. Car l'artiste se livre sans paravent, ni artifices d'arrangement et de production, dans un album brut, dépouillé, seul au piano chant, touchant, jusque dans l'emphase.
(pop piano chant)



Jonathan Wilson
"Gentle spirit" (Bella Union / Yep Roc, 2011)
Né en 1974 en Caroline du Nord, Jonathan Wilson est un chanteur, auteur-compositeur, musicien multi-instrumentiste et producteur. Pianiste et guitariste accompli, il a formé le groupe Muscadine avec Benji Hughes dans les années 90 et avec lequel il a enregistré The Ballad of Hope Nicholls sur le label Sire records. Après la séparation du groupe, Jonathan Wilson voyage à travers l'Amérique, avant de s’installer à Laurel Canyon (un quartier de Los Angeles) où il apprend les techniques d'enregistrement et devient producteur et musicien de studio pour une grande diversité d'artistes : Dawes, Erykah Badu, Elvis Costello, Jackson Browne, Will Oldham, ... En 2009, le magazine Los Angeles Times a écrit de "Jonathan Wilson qu'il était à l'épicentre de tout ce qui se passe aujourd'hui à Laurel Canyon." Jonathan Wilson vient de sortir un nouvel album en 2013 "Fanfare" chez Downtown Records.
(folk rock)



Stepkids
"Troubadour" (Stones Throw, 2013)
Originaire de Bridgeport (Connecticut) Stepkids est un trio de jazz-pop/Blue-eyed soul  composé de Tim Walsh (batterie), Jeff Gitelman (guitare), et Dan Edinberg (basse et claviers). Avant leur formation, les musiciens accompagnaient des artistes de hip-hop et de R&B comme Alicia Keys, 50 Cent, Lauryn Hill, et Pharoahe Monch. Une proximité qui explique leur présence sur le prestigieux label Stones Throw (J Dilla, MF Doom, JaylibAloe Blacc). La relève de Steely Dan pourrait bien s'appeler Stepkids.
(jazz pop)



Death
"For the Whole World to See " (Drag City, 1975)
Attention homonymes : Il ya Death... et Death. Nous ne parlons pas du groupe fondé en 1983 par Chuck Schuldiner à l'origine du genre death metal, mais d'un trio afro-américain de hard rock, chaînon manquant entre le glam rock d'Alice Cooper et des Who et le punk rock des Sex Pistols. New York Dolls, The Stooges et MC5 ne sont pas les seuls héros du protopunk, les frères David, Bobby, et Dannis Hackney ont également leur place dans la grande histoire du rock.
(glam rock, protopunk)

2 décembre 2013

Revue de presse, revue de blogs : Novembre 2013


Chromatics - Candy

Actualité et culture musicales

Secteur discographique et industrie musicale


Musique numérique


Politiques et pratiques culturelles