Mild High Club – "Going Going Gone" (Stones Throw Records)
Jorge Elbrecht – "Presentable Corpse 002" (O Genesis)
Grouper - "Shade" (Kranky)
The Weather Station - "Ignorance" - Fat Possum Records
Crumb – "Ice Melt" (Crumb Records)
Maston with L'éclair – "Souvenir" (Calico Discos)
Midnight Sister – "Painting the Roses" (Jagjaguwar)
Tommy Guerrero – "Sunshine Radio" (Too Good)
Of Montreal – "I Feel Safe With You, Trash"
Poolside – "High Season" (Pacific Standard Records)
Ducktails – "Impressions" (autoproduction)
Dumbo Gets Mad – "Things Are Random And Time Is Speeding Up"
Abram Shook – "Velvet Teeth" (Sun Dream Love Records)
Pearl And The Oysters – "Flowerland" (Tip Top Recordings)
Suzanne Kraft – "About You" (Melody As Truth)
Renée Reed – "Renée Reed"(Keeled Scales)
Torres – "Thirstier" (Merge Records)
Men I Trust - "Untourable Album" (autoproduction)
Jesca Hoop - "The Deconstruction Of Jack's House" (Hoop Da Hoop Ltd)
Matthew Dear - "Preacher's Sigh & Potion: Lost Album" (Ghostly International)
King Gizzard & the Lizard Wizard - "Butterfly 3000" (KGLW)
+
L'Impératrice - Tako Tsubo (microqlima)
The Coral - Coral Island (Modern Sky UK, Run on Records)
Bruno Mars & Anderson .paak & Silk Sonic - An Evening With Silk Sonic (Aftermath Entertainment)
chanson française :
Pauline Croze - Après Les Heures Grises (Vilmamusica) (Pauline Croze avait sorti le superbe album Bossa nova en 2016, en reprenant les classiques du genre )
These days I read a lot. In the winter there’s not much else to do on the Côte d’Azur. The Greek and the German philosophers—I love that crap. I can’t see the point of reading a book by someone who’s dumber than you are, which accounts for most modern fiction, in my humble opinion. Plato talks about something called anamnesis, which is when something long forgotten comes to the surface of a man’s consciousness. Now, I’ll admit that just sounds like a fancy word for remembering something, but actually it’s more than that because, with remembering, it’s not necessary to have forgotten anything, which makes for a subtle distinction. That’s what cinema does. It brings long-forgotten things to the surface. When you’re least expecting it, too—which is how you come to walk out of a pretty bad film in La Ciotat with tears streaming down your face. Philip Kerr, The Lady from Zagreb, Quercus, 2015
Ces jours-ci, je lis beaucoup. L’hiver, il n’y a pas grand-chose d’autre à faire sur la Côte d’Azur. Les philosophes grecs et allemands – j’adore ces foutaises. Je ne vois pas l’intérêt de lire un livre écrit par quelqu’un de plus idiot que soi, ce qui englobe les trois quarts de la fiction moderne. Platon parle de ce qu’il appelle l’anamnesis : quand une chose depuis longtemps oubliée remonte à la surface de la conscience. Bon, j’admets que ça paraît un bien grand mot pour désigner le souvenir, sauf qu’en réalité il s’agit de plus que ça, parce qu’avec le souvenir il n’est pas nécessaire d’avoir oublié quoi que ce soit, ce qui introduit une distinction subtile. C’est ce que fait le cinéma. Il ramène des choses à la surface. Lorsque vous vous y attendez le moins, de surcroît, ce qui explique que vous sortiez le visage en larmes après avoir vu un navet à La Ciotat. Philip Kerr, La Dame de Zagreb, trad. de Philippe Bonnet, Le Masque, 2016
Diane Dufresne - Les hauts et les bas d'une hôtesse de l'air
Album : Sur La Même Longueur D'Ondes, Kébec-Disc, 1975
Charlie Parker & Dizzy Gillespie - Hot House
DuMont Television, 24 février 1952
C'est la seule archive filmique de Charlie Parker (1920-1955) jouant en live. Un enregistrement historique réalisé par le réseau de télévision DuMont en 1952. La performance est précédée d'une remise de prix décernés par le magazine Down Beat : meilleur saxophoniste alto de l'année 1951 pour Charlie Parker et meilleur trompettiste de tous les temps pour Dizzy Gillespie. Le quintette est complété par Sandy Block à la contrebasse, Charlie Smith à la batterie et Dick Hyman au piano.
Frank Zappa and The Mothers Of Invention - Inca Roads (A Token Of His Extreme)
Enregistré en août 1974 par la chaîne de TV publique KCET à Hollywood
Frank Zappa : guitare, percussion, chant ; George Duke : claviers, tambourin, chant ; Napoleon Murphy Brock : saxophone, chant ; Ruth Underwood : percussions ; Tom Fowler : basse ; Chester Thompson : batterie
Album : Frank Zappa And The Mothers Of Invention – One Size Fits All, Discreet 1975
Hatfield And The North - Nan True's Hole / Big Jobs / Going Up To People And Tinkling
Enregistrement live aux studios du Château d'Hérouville en septembre 1973, diffusion dans l'émission Rockenstock en 1974 (source Discogs)
Richard Sinclair : basse, chant ; Pip Pyle, batterie ; Dave Stewart : claviers ; Phil Miller : guitare
album studio : Hatfield And The North - Virgin, 1973
Hubert-Félix Thiéfaine - Rock autopsie
Diffusion TV : Samedi entre nous - 28 février 1981 - France Régions 3 Besançon
avec Claude Mairet : guitare, Tony Carbonare : basse, Jean-Paul Simonin : batterie, Jean-Pierre Robert, guitare, Gilles Küsmérück : claviers
Album : Autorisation de délirer - Sterne, 1979
Une sélection curieuse de l'actualité musicale, pour partager quelques recommandations et aborder l'univers d'artistes d'aujourd'hui, émergents ou confirmés, en leur accordant une écoute patiente et attentive, dans l'abondance des sorties du moment.
Abram Shook "Velvet Teeth" (Sun Dream Love Records, 2021) Abram Shook, chanteur et multi-instrumentiste, installé à Austin Texas, bricole une pop ouvragée et rêveuse autour de la nostalgie d'une Californie mythifiée, où il a grandi. Velvet Teeth, son cinquième album, 2 ans après l'excellent The Neon Machin, a été réalisé avec la participation de 2 musiciennes d'Austin : Emily Cross, et Lauryn Gould au chant. [allmusic, discogs, bandcamp]
(pop R&B lo-fi)
The Twilite Tone "The Clearing" (Stones Throw, 2020) Anthony Khan, dj, chanteur, et musicien de Chicago travaille comme producteur depuis le début des années 90 avec Gorillaz, Kayne West, Gilles Peterson, John Legend, My Brightest Diamond et en particulier avec Common. The Clearing est son 1er album solo, mélange d'électro-funk, d'house et de hip-hop instrumental, avec DJ Spinna aux manettes d'ingénieur de mastering. [allmusic, discogs, bandcamp]
(hip-hop house)
Thomas Fehlmann "Böser Herbst" (Kompakt, 2021) Producteur-compositeur de musique électronique né à Zurich en 1957, vivant à Berlin. Membre, dans les années 80, du groupe post-punk Palais Schaumburg emblématique de la Neue Deutsche Welle (nouvelle vague allemande), aux côtés de Moritz von Oswald. Dans les années 90, il intègre le groupe londonien d'ambiant house The Orb, et participe à la réunion de FFWD (avec Robert Fripp et Kris Weston, et Dr. Alex Paterson). En 1988, il fonde le label Teutonic Beats, qui publiera notamment Wolfgang Voigt, futur créateur du label Kompakt. Dans la continuité de 1929 - Das Jahr Babylon (2018), Böser Herbst a été produit comme BO pour le documentaire réalisé par Matthias Luthardt, Herbst 1929, Schatten Über Babylon, offrant un aperçu historique de la troisième saison de la série télévisée Babylon Berlin.
Thundercat "It Is What It Is" (Brainfeeder, 2020) Fils de Ronald Bruner Sr. (batteur des Temptations et de Diana Ross) et fils spirituel de Stanley Clarke, et de Jaco Pastorius, Stephen Bruner aka Thundercat, est un bassiste de renom, né à Los Angeles en 1984. Depuis plus de 15 ans, il multiplie les collaborations avec la crème de la scène hip-hop R& B : Kendrick Lamar, Erykah Badu, Flying Lotus, Kamasi Washington, Mac Miller, Anderson .Paak, The Internet, ... It is what it is est son 4ème album réalisé avec la participation de Kamasi Washington, Flying Lotus, Steve Arrington,Ty Dolla $ign, ... La vraie classe californienne, tonnerre de chat !
Gui Boratto "Backstage - Live" (Kompakt, 2020) Producteur et compositeur de musique électronique né à Sao Paulo en 1974, Gui Boratto a débuté dans le secteur de la publicité, puis a travaillé pour des majors et différents labels (EMI, BMG, ...) avec Steel Pulse, Gal Costa, Garth Brooks et remixe Pet Shop Boys, Goldfrapp, Moby, Massive Attack. En 2007 il rejoint le label Kompakt avec son 2ème album Chromophobia. Rien à voir avec un live de David Guetta à Miami, Backstage a été enregistré en juin 2020 en plein confinement dans son studio de Sao Paulo. Quelques titres (This is not the end, Wake up, Beautiful life) avec la voix de Luciana Villanova,son épouse sonnent même résolument dance synth-pop (New Order, Chromatics) [allmusic, discogs, bandcamp] (techno house)
James Elkington "Ever-Roving Eye" (Paradise Of Bachelors, 2020) Chanteur et guitariste d'origine anglaise, installé à Chicago, influencé par le folk progressif britannique des années 60 et 70 (Davy Graham, Fairport Convention, Bert Jansch, John Martyn). Virtuose de la guitare finger-picking, James Elkington enchaine les collaborations et les side-projects ; en duo avec Nathan Salsburg, mais aussi avec Joan Shelley, Steve Gunn, Laetitia Sadier (Stereolab), Douglas McCombs (Tortoise), Jeff Tweedy (Wilco), avec un de ses maîtres et idoles Richard Thompson (Fairport Convention). Ever-Roving Eye a été enregistré à Chicago, dans le studio de Wilco avec Nick Macri à la contrebasse et et Spencer Tweedy (le fils du père) à la batterie.
"About You" (Melody As Truth, 2021) DJ et producteur de musique électronique, Diego Herrera aka Suzanne Kraft, est natif de Los Angeles. ancien membre du groupe de disco house The Pharaohs, aujourd'hui installé à Amsterdam, un album de soft bedroom pop chantant et inspiré. Probablement une des pépites de 2021.
"Translate" (Border Community, 2020) Musicien électro anglais originaire du Norfolk. Translate est son 3eme album solo après Holkham Drones (2010) et Wysing Forest (2014). Dans l'intervalle, il a réalisé 2 musiques de film Music For A Flat Landscape: Official Soundtrack To The Goob, Music From The Edge Of An Island et a joué au sein du trio de jazz improvisé Szun Waves avec Jack Wyllie (saxophone) et Laurence Pike (batterie). Translate, réalisé avec la complicité de son ami James Holden, s'inscrit dans cette démarche d'improvisation et de spontanéité : "J'ai toujours été intéressé à essayer de capturer la spontanéité dans la musique – il y a un moment d'excitation lorsque vous faites quelque chose pour la première fois où c'est totalement frais et nouveau, et c'est ce moment que je veux enregistrer". [allmusic, discogs, bandcamp] (électro)
Nathan Salsburg
"Psalms" (No Quarter, 2021) Guitariste folk installé à Louisville (Kentucky), Nathan Salsburg accompagne Joan Shelley, James Elkington, Bonnie "Prince" Billy, tout travaillant sur ses propres albums instrumentaux de guitare finger-picking. Editeur, Nathan Salsburg est également conservateur des archives numériques d'Alan Lomax au sein de l'ACE (Association for Cultural Equity)
Psalms est une collection psaumes hébreux mis en musique et arrangés entre 2016 et 2019, et enregistrés au cours de l'année 2020. Le projet est né d'un désir d'une sorte d'engagement juif , qui a pris forme dans la pratique irrégulière d'ouvrir un Livre des Psaumes bilingue au hasard, (je ne parle pas et je ne peux que lire l'hébreu de manière hésitante) à la recherche de passages qui résonnaient conceptuellement et émotionnellement, et rythmiquement. En les recopiant, j'ai travaillé pour les intégrer à de nouvelles mélodies avec l'intention de les rendre chantables. Les neuf fragments de psaumes qui composent cet enregistrement sont ceux que je considère comme les efforts les plus réussis, j'entends par là les plus agréables à chanter et à jouer. Mon apprentissage et ma formation à la musique juive ont été collectives et participatives, à la synagogue et au camp d'été dans les années 80 et au début des années 90, où le répertoire était chargée de « nusach (liturgie) américain ». (source)
As the chopper left the ground the moratorium owner pressed a button on his control panel. Throughout the cabin of the chopper, from a dozen sources, the sound of Beethoven’s Missa Solemnis rolled forth sonorously, the many voices saying, “Agnus dei, qui tollis peccata mundi,” over and over again, accompanied by an electronically augmented symphony orchestra.
“Did you know that Toscanini used to sing along with the singers when be conducted an opera?” Joe said. “That in his recording of Traviata you can hear him during the aria ‘Sempre Libera’?”
“I didn’t know that,” Al said. He watched the sleek, sturdy conapts of Zurich move by below, a dignified and stately procession which Joe also found himself watching.
“Libera me, Domine,” Joe said.
“What’s that mean?”
Joe said, “It means, ‘God have mercy on me.’ Don’t you know that? Doesn’t everybody know that?”
“What made you think of it?” Al said.
“The music, the goddam music.” To von Vogelsang he said, “Turn the music off. Runciter can’t hear it. I’m the only one who can hear it, and I don’t feel like hearing it.” To Al he said, “You don’t want to hear it, do you?”
Al said, “Calm down, Joe.”
Philip K. Dick, Ubik, Doubleday, 1969
Au moment où l’engin décollait, le propriétaire du moratorium appuya sur un bouton du tableau de commandes. À travers la cabine, d’une douzaine de sources sonores s’élevèrent les accents de la Missa Solemnis de Beethoven, avec les chœurs chantant « Agnus Dei, qui tollis peccata mundi », accompagnés par un orchestre symphonique électroniquement augmenté.
— Saviez-vous que Toscanini chantait en même temps que les solistes quand il dirigeait un opéra ? demanda Joe. Dans son enregistrement de La Traviata, on l’entend distinctement durant l’aria Sempre libera.
— J’ignorais, dit Al.
Il observait les ensembles résidentiels robustes et lisses de Zurich qui défilaient sous eux, en une procession digne et majestueuse que Joe se surprit aussi à examiner.
— Libera me, Domine, déclara Joe.
— Qu’est-ce que ça veut dire ?
— Ça veut dire : « Seigneur, délivrez-moi. » Vous ne le saviez pas ? Je pensais que tout le monde le savait.
— Qu’est-ce qui vous y a fait penser ? dit Al.
— La musique, cette saleté de musique. (Joe dit à von Vogelsang :) Vous ne pouvez pas arrêter votre bazar ? Runciter ne peut pas l’écouter. Il n’y a que moi qui l’entends, et je n’en ai pas envie. (Il poursuivit à l’intention d’Al :) Vous non plus, non ?
— Du calme, Joe, dit Al.
Philip K. Dick, Ubik (1969), trad. par Alain Dorémieux, R. Laffont, 1970 (Ailleurs et Demain)
John Maus - Juan's Basement Live
Juan’s Basement” - Pitchfork - 14 février 2018
Titres : The Combine ; Bennington ; Do Your Best ; Cop Killer ; Edge of Forever, des albums "Screen Memories" (2017), "Love Is Real" (2007) et "We Must Become the Pitiless Censors of Ourselves" (2011)
John Maus - discogs - wikipedia
Roxy Music - In Every Dream Home a Heartache
The Old Grey Whistle Test, BBC 1973
Roxy Music – For Your Pleasure, Island Records 1973
Bryan Ferry : chant, guitare rythmique ; Brian Eno : synthétiseur ; Andrew Mackay : orgue électronique ; Phil Manzanera : guitare électrique ; John Porter : basse ; Paul Thompson : batterie
Louis Andriessen - Vermeer Pictures
Vermeer Pictures (2005) suite de concert pour orchestre, Radio Kamer Filharmonie dirigé par Michael Schønwandt, d'après l'opéra Writing to Vermeer de Louis Andriessen (1939-2021) sur un livret de Peter Greenaway production TROS / Arvo, Pays-Bas
Pink Floyd - Pow R. Toc H.
"Pow R. Toc H.", instrumental avec effets vocaux (bruits de bouche et cris), enregistré sur l'album The Piper at the Gates of Dawn
BBC Session 20 décembre 1967
Syd Barrett – guitare, chant ; Roger Waters – basse, cris ; Richard Wright – claviers ; Nick Mason – batterie, percussions
Beethoven - Missa Solemnis. V. Agnus Dei - Nikolaus Harnoncourt
He took a long drag on the cigarette and tried to think of something he believed in. Only the most negative ideas emerged. He believed that if you hit a man very hard in the face, he would pay attention to you after that. Everything else seemed soft and inconsequential when compared to the finality of sudden violence. “If I was God,” Caleb had said, “I’d keep one hand on everybody’s balls.” Caleb had said it more or less as a joke, but to Frank it was the one true reality of life, the hard bedrock of everything else. But it was without comfort. It had no place for love or hope or mercy, but only raw and dreadful force, and the aching need for vengeance which it left behind. He glanced about the apartment, taking in its usual disarray. He thought of Karen’s house, then of Angelica’s room, its immaculate walls, perfectly made bed, polished mirror. It seemed as little a part of the real world as his own, and he wondered if a balanced life did not have to be lived somewhere in between order and disarray, in a borderland of neither too many rules nor too few.
Thomas H. Cook, Sacrificial Ground [Terrain sacrificiel], Putnam, 1988
Il tira une longue bouffée de sa cigarette et tenta de déterminer ce à quoi il croyait. Seules émergèrent les idées les plus négatives. Il croyait que, lorsqu’on frappe un homme très violemment au visage, il respecte ensuite son agresseur. Tout le reste semblait mou et ridicule comparativement au caractère définitif de la violence brute. — Si j’étais Dieu, disait Caleb, je tiendrais tout le monde par les couilles. C’était, du point de vue de Caleb, plus ou moins une blague, mais, pour Frank, c’était la seule véritable réalité de la vie, le fondement de tout le reste. Mais ce n’était pas réconfortant. Ça ne laissait pas de place à l’amour, l’espoir ou la pitié, seulement à la force brutale et terrifiante, au désir lancinant de vengeance qu’elle traînait dans son sillage. Il regarda l’appartement, le désordre qui y régnait. Il pensa à la maison de Karen, puis à la chambre d’Angelica : ses murs immaculés, son lit parfaitement fait, son miroir brillant. C’était un univers qui lui semblait presque aussi irréel que le sien et il se demanda si l’équilibre de l’existence ne se situait pas quelque part entre l’ordre et le désordre, à la frontière entre le trop de règles et l’insuffisance.
Thomas H. Cook, Qu'est-ce que tu t'imagines ?, [Sacrificial Ground], trad. de Daniel Lemoine, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Série noire », 1989
Helen Humes and All Star Band - Blues Ain't Nothing but a Woman
Helen Humes (chant), Sonny Terry (Harmonica), Brownie (Kazoo) McGhee (chant & guitare), Willie Dixon (chant & contrebasse), T-Bone Walker (chant & guitare), Memphis Slim (chant & piano), Jump Jackson (batterie) - 1962
dans le cadre de l'American Folk Blues Festival fondé par le producteur et journaliste allemand Joachim-Ernst Berendt (1922-2000), un festival qui parcouru régulièrement l'Europe (Allemagne, France, Grande-Bretagne), entre 1962 et 1985.
Captain Beefheart & the Magic Band
dans les studios de l'émission Beat-Club à Brême, 12 avril 1972 titres : Steal Softly Thru Snow, Click Clack, Golden Birdies, I'm Gonna Booglarize You Baby
albums : Trout Mask Replica (1969), The Spotlight Kid, Clear Spot (1972)
Captain Beefheart / Don Van Vliet (chant, saxophone), Bill Harkleroad "Zoot Horn Rollo" (guitare), Roy Estrada (guitare) , Elliot Ingber (guitare), Mark Boston "Rockette Morton" (basse) et Art Tripp (batterie)
Captain Beefheart - wikipédia - discogs
The Magic Band - wikipédia - discogs -
Klaus Schulze
Pop 2, ORTF, 1973 - présentateur : Patrice Blanc Francard, réalisateur : Michel Pamart
Klaus Schulze - wikipédia - discogs
Bad Brains - Banned in DC
Concert live au CBGB, New York, 1982 Earl Hudson, batterie ; Gary "Dr. Know" Miller, guitare ; Darryl Jenifer, bass ; H.R. (Human Right / Paul Hudson), chant Bad Brains, génial groupe de punk hardcore reggae de Washington, D.C wikipédia - Discogs
Leopold Godowsky - Sonate en mi mineur par Mûza Rubackytė
mouvements : II. Andante cantabile IV. Allegretto grazioso e dolce
album : Leopold Godowsky : Sonate pour piano en mi mineur. Karol Szymanowski (1882-1937) : 9 Préludes op. 1. Mūza Rubackyté, piano. 1 CD Ligia Digital, 2020. Mûza Rubackytė, pianiste lituanienne, née en 1959 - wikipédia -discogs -
Leopold Godowsky (1970-1938) - wikipédia
Mon cher ami, je vous envoie un petit ouvrage dont on ne pourrait pas dire, sans injustice, qu’il n’a ni queue ni tête, puisque tout, au contraire, y est à la fois tête et queue, alternativement et réciproquement. Considérez, je vous prie, quelles admirables commodités cette combinaison nous offre à tous, à vous, à moi et au lecteur. Nous pouvons couper où nous voulons, moi ma rêverie, vous le manuscrit, le lecteur sa lecture ; car je ne suspends pas la volonté rétive de celui-ci au fil interminable d’une intrigue superfine. Enlevez une vertèbre, et les deux morceaux de cette tortueuse fantaisie se rejoindront sans peine. Hachez-la en nombreux fragments, et vous verrez que chacun peut exister à part. Dans l’espérance que quelques-uns de ces tronçons seront assez vivants pour vous plaire et vous amuser, j’ose vous dédier le serpent tout entier.
Charles Baudelaire, Petits Poèmes en prose, À Arsène Houssaye
Ivica Percl
Artiste croate (1945-2007), chanteur-auteur-compositeur, poète, dessinateur et peintre. Chanteur contestataire, Ivica Percl avait pour idole Bob Dylan, il fut très populaire en Yougoslavie dans les années 60 et 70, et fit partie du groupe de rock de Zagreb, VIS Roboti (Les Robots) au sein duquel il jouait de la basse. Il interprétait aussi bien des chants patriotiques, des chants militaires que des chansons protestataires. En 1991, au début de la guerre civile en Yougoslavie, il se rendit sur le front des conflits et chanta pour les Forces armées de la république de Croatie. Ivica Percl fut membre de la Présidence de la Société croate des compositeurs (HDS).
Đorđe Balašević - Devojka sa čardaš nogama (La fille aux jambes Csárdás)
Đorđe Balašević (1953-2021) est un chanteur-auteur-compositeur-interprète serbe, mort du coronavirus le 21 février dernier, dans sa ville, à Novi Sad. Très populaire en Serbie, il y avait la stature d'un Brassens ou d'un Bob Dylan. Pendant les guerres de Yougoslavie, il adopte une position résolument pacifiste, dénonçant le conflit, et se montre très critique envers le régime de Slobodan Milošević. A son décès, le courrier des Balkans a titré "c'est toute la Yougoslavie qui pleure".
Mike Mainieri, vibraphone; Billy Cobham, batterie ; Eberhard Weber, basse ; Warren Bernhardt, claviers
album "Wanderlust", 1981.
Mike Mainieri, né en 1938, est le fondateur du groupe de jazz fusion Step Ahead
Groupe de rock expérimental allemand (kraut rock / space rock / prog rock) formé en 1967
Burghard Rausch (batterie), Jörg "Joshi" Schwenke (guitare), Lutz "Lüül" Ulbrich (guitare), Dietmar Burmeister (percussions), Michael "Fame" Günther (Basse), Michael "Höni" Hoenig (synthétiseurs)
Compositeur : Fausto Romitelli (1963-2004) : "On lui doit une saisissante mise en contact de l'écriture spectrale (harmonies-timbres, logique de la métamorphose, développement par vagues [...]) avec l'expression hallucinée et violente du rock psychédélique. Le brio de son écriture pour guitare électrique, son instrument fétiche – écriture de connaisseur, idiomatique, sinueuse, véritablement « électrique » – est comme la signature et l'essence de son style." (wikipédia)
“Je refuse qu'un groupe ou une secte m'embrigade, et qu'on me dise qu'on pense mieux quand mille personnes hurlent la même chose.”
Georges Brassens
Chanteur anticonformiste, et gentiment anarchiste, Georges Brassens s'attira les foudres de la censure, dès le début de sa carrière en 1951, avec des chansons comme Le Gorille, La Mauvaise Réputation et Hécatombe. Ces scandales contribuèrent également à son succès, à la scène comme sur disque, auprès d'une jeunesse en soif de liberté d'expression.
Cette irrévérence envers la loi et l’ordre établi rendit Brassens également très populaire dans les milieux artistiques et intellectuels, partout en Europe, à l’Est comme de l’Ouest.
Dans cette Europe de l’après-guerre, en pleine Guerre Froide, de nombreux pays vivaient sous le joug de régimes autoritaires, dans le bloc de l’Est (Pologne, Russie, Tchécoslovaquie, Roumanie, etc.) mais aussi à l’Ouest (l’Espagne de Franco, le Portugal de Salazar, la Grèce des colonels) .
Une sélection curieuse de l'actualité musicale, pour partager quelques recommandations et aborder l'univers d'artistes d'aujourd'hui, émergents ou confirmés, en leur accordant une écoute patiente et attentive, dans l'abondance des sorties du moment.
Monophonics "It's Only Us" (Colemine Records, 2020)
Groupe formé en 2005 à San Francisco qui maintient allumé le flambeau de la soul des années 60-70, avec Alex Baky (saxophones, flutes), Austin Bohlman (batterie), Ian McDonald (guitares, claviers), Ryan Scott (trompette), Kelly Finnigan (chant), Max Ramey (basse)
Formation de Toronto emmenée par Max Twig Turnbull, aka Slim Twig (claviers, clarinette). Les autres membres du groupe sont Jay Anderson (batterie), Chris Bezant (guitares), Karen Ng (saxophone), Alia O’Brien (flûtes), Ed Squires (percussions), Giosuè Rosati (basse), avec la participation au chant de Meghan Remy/US Girls (l'épouse de Max Turnbull), James Baley et Jennifer Castle. BEE a sorti début janvier 2021 un 3ème album Future, Past & Present.
Chanteuse originaire de LaFayette, Louisiane, issue d'une famille de musiciens cajuns : un grand-père accordéoniste et un grand oncle folkloriste reconnu (Revon Reed). Folk intimiste, sensible et inspirée.
A l'origine projet solo de Ben Schneider (chant, guitare), rejoint par Mark Barry (batterie), Brett Farkas, Tom Renaud (guitare), et Miguel Briseno (basse), le groupe Lord Huron, originaire du Michigan, est aujourd'hui installé à Los Angeles. Dans la veine de Beachwood Sparks, My Morning Jacket, Bon Iver.
Bernice "Eau de Bonjourno"(Telephone Explosion Records, 2020)
Un autre groupe de Toronto, lui formé autour de Robin Dann (chant), réunissant Thom Gill (claviers), Dan Fortin (basse), Felicity Williams (chant) et Phil Melanson (batterie). Eau de Bonjourno, leur 3ème album est produit Shahzad Ismaily, musicien et compositeur américain d'origine pakistanaise, remarqué par ses collaborations avec Laurie Anderson, Lou Reed, Elvis Costello, Iggy Pop, John Zorn, Marc Ribot.
Qualifiée de "Billie Eilish néo-zélandaise", Stella Bennett (BENEE), née en 2000, est une chanteuse-auteure-compositrice originaire d'Auckland. Grimes, Lily Allen, Flo Milli ont participé à l'enregistrement de Hey U X.
"What Kinda Music"(Blue Note, Beyond The Groove, 2020)
Pur produit de la rencontre entre le producteur, guitariste et multi-instrumentiste Tom Misch et du batteur Yussef Dayes, crème de la prolifique scène jazz fusion britannique, complétée notamment par la participation du bassiste Rocco Palladino (fils de son père Pino), et du rappeur américain Freddie Gibbs.
Lettuce, (à ne pas prononcer Les Tuche, mais [ledəs]), est un groupe de funk de la côte Est (Boston, Brooklyn) formé en 1992, et constitué par Erick "Jesus" Coomes (basse), Neal Evans (claviers), Ryan Zoidis (saxophone), Eric Krasno (guitares), Adam "Shmeeans" Smirnoff (guitares), Adam Deitch (batterie). Musiciens hors-pair, ayant accompagné John Scofield, 50 Cent, Wyclef Jean, et Britney Spears, conduits par une passion commune pour le funk et le jazz soul des grandes formations des années 70 et 80 : Earth Wind & Fire, Tower of Power, et les Headhunters d'Herbie Hancock.
Jacques Coursil : "Frantz Fanon 1952"
album : Clameurs, Universal Music Jazz France, 2007
Texte de Frantz Fanon, extrait de «Peau Noire, Masques Blancs» 1952, rééd., Le Seuil, col. Points, 2001.
OUI,
L’homme est un OUI.
Mais c’est un NON aussi.
Non, au mépris,
Non, au meurtre de ce qu’il y a de plus humain dans l’humain : la liberté.
Des tonnes de chaînes,
des orages de coups,
des fleuves de crachats
ruissellent sur mes épaules.
Je sentis naître en moi des lames de couteau.
Et plus violente retentit ma clameur.
Eiah !
Je suis nègre.
Mais je n’ai pas le droit de me laisser ancrer.
Non !
Je n’ai pas le droit de venir et de crier ma haine.
– pas le droit,
de souhaiter la cristallisation
d’une culpabilité
envers le passé de
ma race –
Dois-je me confiner
à la répartition raciale de la culpabilité,
Non, je n’ai pas le droit d’être un Noir.
– je n’ai pas le droit d’être ceci ou cela…
Le Nègre n’est pas, pas plus que le Blanc.
Je demande qu’on me considère à partir de mon Désir.
Je me reconnais un seul droit :
celui d’exiger de l’autre
un comportement
humain.
Le malheur et l’inhumanité du Blanc
sont d’avoir tué l’humain
quelque part.
Le malheur du nègre
est d’avoir été esclave.
Mais je ne suis pas esclave
de l’esclavage
qui déshumanisa mes pères.
Je suis homme
et c’est tout le passé du monde
que j’ai à reprendre.
– la guerre du Péloponnèse
est aussi mienne
que la découverte de la boussole.
Je ne suis pas seulement responsable
de Saint-Domingue –
La densité de l’Histoire
ne détermine aucun de mes actes.
Je suis mon propre fondement.
Exister absolument.
Je n’ai ni le droit ni le devoir
d’exiger réparation
pour mes ancêtres domestiqués.
Pas le droit de me cantonner
dans un monde de réparations rétroactives.
Je ne suis pas prisonnier de l’Histoire
Il y a ma vie prise
au lasso de l’existence.
Il y a ma liberté.
Il n’y a pas de mission Nègre ;
Pas de fardeau Blanc
pas de monde blanc
pas d’éthique blanche,
pas d’intelligence blanche.
Il y a de part et d’autre du monde
des humains qui cherchent.
Ô mon corps,
fais de moi toujours
un homme qui interroge !