17 mai 2024

Meditação [Médiation]: chanson brésilienne #13


Meditação

Quem acreditou
No amor, no sorriso, na flor
Entao sonhou, sonhou...
E perdeu a paz
O amor, o sorriso e a flor
Se transformam depressa demais

Quem, no coraçao
Abrigou a tristeza de ver tudo isto se perder
E, na solidao
Procurou um caminho e seguiu,
Já descrente de um dia feliz

Quem chorou, chorou
E tanto que seu pranto já secou
Quem depois voltou
Ao amor, ao sorriso e à flor
Então tudo encontrou
E a própria dor
Revelou o caminho do amor
E a tristeza acabou

Méditation

Qui a cru
En l'amour, au sourire, à la fleur
Alors il a rêvé, rêvé...
Et a perdu la paix
Amour, sourire et fleur
Se transforment trop vite

Qui, dans son cœur
Abritait la tristesse de voir tout cela perdu
Et, dans la solitude
Chercha un chemin et l'a suivi,
A jamais incrédule à l'idée d'un jour heureux

Qui a pleuré, pleuré
Tant et tant que les larmes ont séché
Qui est revenu plus tard
A l'amour, au sourire et à la fleur
Donc a tout trouvé
Et la douleur même
A révélé le chemin de l'amour
Et la tristesse s'est estompée
(traduction littérale et approximative)


 "Meditation"est une chanson composée par Antônio Carlos Jobim et Newton Mendonça, devenue un standard de la bossa nova et du jazz.

Les deux premières interprétations ont été enregistrées par Maysa sur l'album Maysa é Maysa... é Maysa, é Maysa! (1959) et par  João Gilberto sur l'album O Amor, o Sorriso e a Flor (1960) [citant le fameux vers de la chanson !).

Quelques versions choisies : 
Côté Brésil,  Antônio Carlos Jobim (himself), Astud Gilberto, Nara Leão, Sergio Mendez, ...
Côté jazz : Cal Tjader, Herbie Mann, Charlie Byrd, Frank Sinatra, Dexter Gordon, Joe Pass, Stan Getz, Pat Metheny ...
Et côté France : les versions de Sacha Distel (Un amour, un sourire, une fleur), et de Claudine Longet (à ne pas confondre avec Catherine Langeais !) (Meditation

La playlist around Meditação

8 mai 2024

Samba de Uma Nota Só / One Note Samba [Samba sur une note] : chanson brésilienne #12




Samba de Uma Nota Só


Eis aqui este sambinha
Feito numa nota só.
Outras notas vão entrar,
Mas a base é uma só.

Esta outra é conseqüência
Do que acabo de dizer.
Como eu sou a conseqüência
Inevitável de você.

[Quanta gente existe por aí que fala tanto
E não diz nada, ou quase nada.
Já me utilizei de toda a escala
E no final não sobrou nada, não deu em nada.]

E voltei pra minha nota
Como eu volto pra você.
Vou contar com a minha nota
Como eu gosto de você.

E quem quer todas as notas:
Ré, mi, fá, sol, lá, si, dó.
Fica sempre sem nenhuma,
Fique numa nota só.

One Note Samba


This is just a little samba
built upon a single note
Other notes are bound to follow but the root is still that note

Now this new one is the consequence
of the one we've just been through
As I'm bound to be the unavoidable consequence of you
There's so many people who can talk and talk and talk
And just say nothing or nearly nothing
I have used up all the scale I know and at the end I've come
To nothing, or nearly nothing
So I come back to my first note
as I must come back to you
I will pour into that one note
all the love I feel for you

 Any one who wants the whole show do-re-mi-fa-so-la-si-do
He will find himself with no show
Better play the note you know

.

Samba d'une seule note


Voici une petite samba
Faite sur une note seule.
D'autres notes vont arriver,
Mais la base est une seule.

Cette autre est la conséquence
De ce que je viens de dire.
Comme je suis la conséquence
Inévitable de toi.

[Combien de gens qui parlent tant 
Et ne disent rien, ou presque rien.
J'ai utilisé toute la gamme
Et au final, il n'en reste rien, il n'en sort rien.]

Et je retourne à ma note
Comme pour revenir à toi.
Je joue sur ma note
Comme mon amour pour toi.

Et qui veut toutes les notes :
Ré, mi, fa, sol, la, si, do.
Toujours se retrouvera sans personne,
Reste sur une seule note.
(traduction littérale & approximative)


"Samba de uma Nota Só", adaptée en anglais  "One Note Samba", est une chanson composée par Antônio Carlos Jobim sur des paroles de Newton Mendonça. Les paroles en anglais ont été écrites par Jon Hendricks. La chanson est enregistrée en premier par João Gilberto en 1960 sur son album O Amor, o Sorriso e a Flor.

Comme avec Desafinato (Désacordé), la chanson joue sur la correspondance métaphorique
 entre les paroles et la mélodie (la forme s'accordant au sens). Le thème A (Eis aqui este sambinha) est un ostinato (par exemple la note Si répétée) intégrée dans une progression d'accords en descente chromatique (Sol#m7 - Sol7/13 - Fa#m7 - Fa7/11+, etc.) ; quand le thème B (Quanta gente existe) déploie toutes les notes de la gamme (pour illustrer "Ré, mi, fa, sol, la, si, do.").

C'est la raison pour laquelle cette bossa nova est devenue un immense standard, interprétée ad libitum depuis 60 ans par les plus grandes figures du jazz ! : Dizzy GillespieHerbie Mann, Duke Ellington, Stan Getz, Charlie Byrd, Quincy Jones, Sérgio Mendes, Frank Sinatra, Barbra Streisand, Ella Fitzgerald, Al Jarreau... 

"Samba de uma Nota Só" a aussi très vite été adaptée en français ("Chanson sur une seule note") par Eddy Marnay et chantée successivement par Sacha Distel, Michèle Arnaud  (1962) et Jean-Claude Pascal et Caterina Valente (1963).
(sources : Wikipedia pt, en, fr, )

La playlist around "One Note Samba "

29 avril 2024

Bananeira [Bananier] : chanson brésilienne #11





Bananeira

Bananeira, não sei
Bananeira, sei lá
A bananeira, sei não
A maneira de ver

Bananeira, não sei
Bananeira, sei lá
A bananeira, sei não
Isso é lá com você

Será
No fundo do quintal
Quintal do seu olhar
Olhar do coração

Bananier

Bananier, je ne sais
Bananier, va savoir
Le bananier, connais pas
La manière de voir

Bananier, je ne sais pas
Bananier, va savoir
Le bananier, connais pas
ça c'est toi qui sais

Il sera
Au fond du jardin
Le jardin de ton regard
Le regard de ton cœur
(traduction littérale)

La chanson Bananeira a été composée par João Donato et Gilberto Gil et enregistrée pour la première fois par João Donato en 1975 sur l'abum Lugar Comum

La playlist autour de Bananeira :

22 avril 2024

Brigas, nunca mais [Disputes, plus jamais] : chanson brésilienne #10



Brigas, nunca mais

Chegou, sorriu, venceu, depois chorou
Então fui eu quem consolou sua tristeza
Na certeza de que o amor tem dessas fases más
E é bom para fazer as pazes, mas


Depois fui eu quem dela precisou
E ela então me socorreu
E o nosso amor mostrou que veio pra ficar
Mais uma vez por toda a vida
Bom é mesmo amar em paz
Brigas, nunca mais

Disputes, plus jamais

Elle est arrivée, a souri, a gagné, puis a pleuré
Alors c'est moi qui ai consolé sa tristesse
Dans la certitude que l'amour a ces mauvaises passes
Et c'est bien de faire la paix, mais

Et puis c'est moi qui en avais besoin
Et puis elle m'a aidé
Et notre amour a montré qu'il allait rester
Encore une fois pour la vie
C'est vraiment bon de s'aimer en paix
Disputes, plus jamais

Chanson composée par Antonio Carlos Jobim, et écrite par Vinícius de Moraes. Première interprétation par João Gilberto sur l'album Chega de saudade (1959)

La playlist autour de "Brigas, nunca mais"

15 avril 2024

Vou te contar / Wave : chanson brésilienne #9



Nara Leão - Wave (Vou te contar)

Vou te contar

Vou te contar
Os olhos já não podem ver
Coisas que só o coração pode entender
Fundamental é mesmo o amor
É impossível ser feliz sozinho...


O resto é mar
É tudo que não sei contar
São coisas lindas que eu tenho pra te dar
Vem de mansinho à brisa e me diz
É impossível ser feliz sozinho...


Da primeira vez era a cidade
Da segunda o cais e a eternidade...

Agora eu já sei
Da onda que se ergueu no mar
E das estrelas que esquecemos de contar
O amor se deixa surpreender
Enquanto a noite vem nos envolver...

Wave

So close your eyes, for thats a lovely way to be
Aware of things your heart alone was meant to see
The fundamental loneliness goes whenever two can dream a dream together
You can't deny, don't try to fight the rising sea
Don't fight the moon, the stars above and don't fight me
The fundamental loneliness goes whenever two can dream a dream together
When I saw you first the time was half past three,
When your eyes met mine it was eternity
By now we know the wave is on its way to be
Just catch that wave don't be afraid of loving me
The fundamental loneliness goes whenever two can dream a dream together
When I saw you first the time was half past three
When your eyes met mine it was eternity
By now we know the wave is on its way to be
Just catch that wave, don't be afraid of loving me
The fundamental loneliness goes whenever two can dream a dream together

Je vais te dire

Je vais te dire
Les yeux ne peuvent pas voir
Les choses que seul le cœur peut comprendre
L'amour est vraiment fondamental
Il est impossible d'être heureux solitaire...

Le reste c'est la mer
Et tout ce que je saurais exprimer
Ce sont les belles choses que j'ai à te donner
Une brise vient doucement me dire
Il est impossible d'être heureux solitaire...

La première fois c'était la ville
Le seconde la jetée et l'éternité...


Maintenant je sais
Par la vague qui s'est levée sur la mer
Et les étoiles qu'on a oubliées de compter
L'amour se laisse surprendre
Quand la nuit vient nous envelopper...
(traduction littérale)

Wave, chanson composée par Antônio Carlos Jobim, a d'abord été enregistrée en version purement instrumentale sur l'album du même nom en 1967. Jobim y ajoutera l'année suivante des paroles en anglais. 
La première interprétation vocale sera chantée par la chanteuse américaine Lani Hall sur l'album Equinox de Sergio Mendes & Brasil '66.
Une fois de plus, une composition de Jobim devient un standard de jazz , et va entrer au répertoire de Frank Sinatra, Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald, Mel TormeGerry MulliganOscar Peterson, Paul Desmond, Ahmad Jamal, McCoy TynerToots Thielemans, Pat Metheny, Stan Getz,  ...

La chanson avec des paroles en portugais brésilien "Vou te contar" [Je vais te dire] a été interprétée par Os Cariocas, Elis ReginaNara Leão, João Gilberto, Caetano Veloso, Roberto Carlos, ...

La playlist "Vou te contar / Wave"

7 avril 2024

Corcovado : chanson brésilienne #8


Chanson écrite et composée par Antonio Carlos Jobim en 1960, enregistrée la même année par João Gilberto sur l'album O Amor, o Sorriso e a Flor

Corcovado

Um cantinho e um violão
Este amor, uma canção
Pra fazer feliz a quem se ama

Muita calma pra pensar
E ter tempo pra sonhar

Da janela vê-se o Corcovado
O Redentor que lindo

Quero a vida sempre assim com você perto de mim
Até o apagar da velha chama

E eu que era triste
Descrente deste mundo
Ao encontrar você eu conheci
O que é felicidade meu amor

O que é felicidade, o que é felicidade

Corcocado

Un petit coin tranquille avec une guitare
Cet amour, une chanson
Pour rendre heureux ceux qui s'aiment

Beaucoup de calme pour penser
Et avoir du temps pour rêver

De la fenêtre, on peut voir le Corcovado
Le Rédempteur comme il est beau

Je veux que la vie soit toujours ainsi avec toi près de moi
Jusqu'à ce que la flamme s'éteigne

Et moi qui étais triste
Lassé de ce monde
En te rencontrant, j'ai trouvé
Ce qu'est le bonheur, mon amour

Ce qu'est le bonheur, ce qu'est le bonheur


Le titre en portugais fait référence au pic du Corcovado, qui de ses 700 m surplombe la baie la ville de Rio de Janeiro, et au sommet duquel a été érigée la statue du Christ Rédempteur.  La chanson a été adaptée en en anglais sous le nom de "Quiet Nights of Quiet Stars" avec des paroles de Gene Lees.


Interprété par les plus grandes figures de la MPB : Elis Regina, Gal Costa, Astrud Gilberto, Nara Leão, le titre devient aussi dès le début des années 60 un standard de la variété internationale : Frank Sinatra, Tony Bennett, Ella Fitzgerald, Doris DaySarah Vaughan ... et du jazz : Miles Davis, Stan Getz, Henry Mancini, ...
... chantée en VF par Sacha Distel, Caterina Valente...
... et aussi par Zaz, Everything But The Girl et Queen Latifah !

 La Playlist "Around Corcovado"

28 mars 2024

Retrato Em Branco E Preto [Portrait en noir et blanc] : chanson brésilienne #7



Musique de Antonio Carlos Jobim, paroles de Chico Buarque


Retrato em Branco e Preto

Já conheço os passos dessa estrada
Sei que não vai dar em nada
Seus segredos sei de cor
Já conheço as pedras do caminho
E sei também que ali sozinho
Eu vou ficar, tanto pior

O que é que eu posso contra o encanto
Desse amor que eu nego tanto
Evito tanto
E que no entanto
Volta sempre a enfeitiçar
Com seus mesmos tristes velhos fatos
Que num álbum de retrato
Eu teimo em colecionar

Lá vou eu de novo como um tolo
Procurar o desconsolo
Que cansei de conhecer
Novos dias tristes, noites claras
Versos, cartas, minha cara
Ainda volto a lhe escrever

Pra dizer que isso é pecado
Eu trago o peito tão marcado
De lembranças do passado
E você sabe a razão

Vou colecionar mais um soneto
Outro retrato em branco e preto
A maltratar meu coração


Portrait en blanc et noir

Je connais déjà les passages de cette route
Je sais que ça n'aboutira à rien
Je connais tes secrets par cœur
Je connais déjà les pierres sur le chemin
Et je sais aussi que là-bas seul
Je serai, en bien pire

Que puis-je faire contre le sortilège
De cet amour que je rejette tant
Que j'évite tant
Et qui cependant
Revient toujours pour m’envouter
Avec les mêmes tristes souvenirs
Comme dans un album de portraits
Que je m'obstine à collectionner

J'y retourne comme un fou
Cherchant le réconfort dans la désolation
Que je suis las de connaître
De nouveaux jours tristes, des nuits blanches
Des poèmes, des lettres, ma chère
Je t'en écrirai encore

Dire cela est un péché
Ma poitrine est tellement oppressée
Des souvenirs du passé
Et tu en connais la raison

Je vais ajouter un autre sonnet
Un autre portrait en noir et blanc
En maltraitant mon cœur
(traduction littérale)


Jobim composa la musique de la chanson en 1965, il s'agissait d'un instrumental intitulé "Zingaro" (Tzigane). La version figure sur l'album de 1967 "A Certain Mr. Jobim". Peu après, Jobim demande à Chico Buarque d'en écrire des paroles, ce sera leur première collaboration. Si la chanson s'intitule "Retrato em Branco e Preto"  Portrait en blanc et noir", et non l'inverse comme attendu ("en noir et blanc"), ce sera pour la rime (soneto / preto) ! Chico Buarque en enregistra la première interprétation vocale sur son album de 1968 Chico Buarque de Hollanda (Vol. 3)

D'autres versions marquantes tant vocales qu'instrumentales lui succéderont par Nara Leão, Elis Regina, Stan Getz et João Gilberto, Gábor Szabó, Chet Baker, Joe Henderson, Paolo Frescu et Enrico Rava, ...



Playlist "Autour de Retrato Em Branco E Preto"



18 mars 2024

Insensatez [Insensé] : la chanson brésilienne #6




Insensatez

(paroles de Vinícius de Moraes)

Ah, insensatez, o que você fez?
Coração mais sem cuidado
Fez chorar de dor o seu amor

 Um amor tão delicado
Ah, por que você foi fraco assim?
Assim, tão desalmado?
Ah, meu coração, quem nunca amou
Não merece ser amado

 Vai, meu coração, ouve a razão
Usa só sincericade
Quem semeia vento, diz a razão
Colhe sempre tempestade
Vai, meu coração
Pede perdão, perdão apaixonado
Vai, porque quem não pede perdão
Não é nunca perdoado

How insensitive

(adaptation anglaise de Norman Gimbel)
How insensitive I must have seemed
When she told me that she loved me
How unmoved and cold I must have seemed
When she told me so sincerely
Why?, she must have asked,
Did I just turn and stare in icy silence?
What was I to say? What can you say
When a love affair is over?
Now she's gone away and I'm alone
With a memory of her last look
Vague and drawn and sad I see it still
All her heartbreak in that last look


Insensé

 (traduction littérale)

Ah, insensé, qu'as-tu fait ?
Coeur sans attention
Tu as fait pleurer de douleur
Ton amour
Un amour si délicat
Ah, pourquoi étais tu si faible ?
Si privé d’âme
Ah, mon cœur qui n’a jamais aimé
Tu ne mérites pas d’être aimé

Va, mon cœur, écoute la raison
Sois sincère
Qui sème le vent, dit l’adage
récolte toujours la tempête
Va, mon cœur, demande pardon
Un pardon passionné
Va, car celui qui
Ne demande pas pardon
N’est jamais pardonné
.

La chanson composée en 1961 par Antonio Carlos Jobim sur des paroles de Vinícius de Moraes est l'une des plus célèbres du duo d'auteurs compositeurs qui a produit pourtant d'incroyables perles de la bossa nova (Garota de Ipanema, Wave, Triste, Chega de Saudade, Agua de beber, Só Danço Samba, A Felicidade). 
Insensatez est librement inspiré du Prélude n° 4 en mi mineur, Opus 28, de Chopin. (Moins littéralement que pour Jane B. où Serge Gainsbourg a carrément callé les paroles de sa chanson dédiée à Jane Birkin sur le prélude de Chopin)

La chanson a été enregistrée d'abord par João Gilberto puis par d'autres artistes brésiliens : Nara Leão, Elis Regina, Astrud Gilberto.
La version anglaise avec des paroles de Norman Gimbel, sous le titre "How Insensitive", a été interprétée par les plus grandes stars américaines de jazz et de variétés, comme Frank Sinatra, Ella Fitzgerald, Peggy Lee, Judy Garland, Shirley BasseyTony Bennett, Doris DayEartha Kitt, Blossom Dearie, et plus récemment par Iggy PopRobert Wyatt et Sinéad O'Connor, ,..
En France, plusieurs chanteurs de charme ont également repris le titre : Sacha Distel, Richard Anthony (Quand tu m'as parlé), Henri Salvador (Les amours qu'on délaisse), Jean-Louis Murat (Insensible)

Le thème a inspiré aussi beaucoup de figures majeures du jazz pour  des versions instrumentales : les guitaristes Wes Montgomery, Charlie Byrd, Pat Metheny, Biréli Lagrène, ..., les saxophonistes Stan Getz, Dexter Gordon, Lee Konitz ..., les pianistes Oscar Peterson, Chick Corea, ... 

Le thème instrumental de Jobim a été remis à l'honneur vers 1997, en intégrant la bande originale du film Lost Highway, de David Lynch.

La Playlist Around Insensatez

14 mars 2024

Valsinha [Petite valse] : la chanson brésilienne #5





Valsinha

Um dia ele chegou tão diferente
do seu jeito de sempre chegar
Olhou-a dum jeito muito mais quente
do que sempre costumava olhar
E não maldisse a vida
tanto quanto era seu jeito de sempre falar
E nem deixou-a só num canto,
pra seu grande espanto, convidou-a pra rodar


Então ela se fez bonita
como há muito tempo não queria ousar
Com seu vestido decotado
cheirando a guardado de tanto esperar
Depois os dois deram-se os braços
como há muito tempo não se usava dar
E cheios de ternura e graça
foram para a praça e começaram a se abraçar


E ali dançaram tanta dança
que a vizinhança toda despertou;
E foi tanta felicidade
que toda cidade se iluminou;
E foram tantos beijos loucos
Tantos gritos roucos como não se ouvia mais..
. Que o mundo compreendeu
E o dia amanheceu em paz.
Petite valse

Un jour il est arrivé bien différent
De sa façon habituelle d'arriver
Il l'a regardée d'une manière beaucoup plus affectueuse 
De ce qu'il faisait toujours
Et il ne maudit la vie
Inversement à sa façon habituelle de parler
Et il ne l'a même pas laissée seule dans un coin
A sa grande surprise, il l'a invitée pour le bal

Alors elle s'est fait belle
Comme depuis longtemps elle n'avait plus osé
Avec sa robe décolletée
Sentant le parfum d'une trop longue attente
Puis les deux se sont enlacés
Comme ça faisait longtemps qu'ils ne l'avaient pas été
Et pleins de tendresse et de grâce
Ils sont allés sur la place et se sont embrassés

Et là ils ont dansé tant de danses
Que tout le voisinage s'est réveillé
Et ce fut un tel bonheur
Que toute la ville s'est illuminée
Et il y eut tant de baisers fous
Tant de cris rauques comme on n'en entendait plus
Que le monde a compris
Et le jour s'est levé en paix
(traduction littérale)

Chanson écrite par Vinicius de Moraes et composée par Chico Buarque, pour l'album Construção paru en 1971.

Playlist avec Mia Martini, Yamandu Costa e António Zambujo, Mônica Salmaso, Larry Goldings, Tropic Hotel, Toquinho...

9 mars 2024

Águas de Março [Les eaux de mars] : la chanson brésilienne #4




Águas de Março

(Paroles et musique de Antônio Carlos Jobim)

É o pau, é a pedra, é o fim do caminho
É um resto de toco, é um pouco sozinho
É um caco de vidro, é a vida, é o sol
É a noite, é a morte, é um laço, é o anzol
É peroba no campo, é o nó da madeira
Caingá candeia, é o matita-pereira

É madeira de vento, tombo da ribanceira
É o mistério profundo, é o queira ou não queira

É o vento vetando, é o fim da ladeira
É a viga, é o vão, festa da cumeeira


É a chuva chovendo, é conversa ribeira
Das águas de março, é o fim da canseira

É o pé, é o chão, é a marcha estradeira
Passarinho na mão, pedra de atiradeira

É uma ave no céu, é uma ave no chão
É um regato, é uma fonte, é um pedaço de pão


É o fundo do poço, é o fim do caminho
No rosto um desgosto, é um pouco sozinho

É um estepe, é um prego, é uma conta, é um conto
É um pingo pingando, é uma conta, é um ponto
É um peixe, é um gesto, é uma prata brilhando
É a luz da manha, é o tijolo chegando
É a lenha, é o dia, é o fim da picada
É a garrafa de cana, o estilhaço na estrada
É o projeto da casa, é o corpo na cama
É o carro enguiçado, é a lama, é a lama
É um passo, é uma ponte, é um sapo, é uma rã
É um resto de mato na luz da manhã
São as águas de março fechando o verão
É a promessa de vida no teu coração
É uma cobra, é um pau, é João, é José
É um espinho na mão, é um corte no pé
São as águas de março fechando o verão

É a promessa de vida no teu coração
É pau, é pedra, é o fim do caminho
É um resto de toco, é um pouco sozinho
É um passo, é uma ponte, é um sapo, é uma rã
É um belo horizonte, é uma febre terça
São as águas de março fechando o verão
É a promessa de vida no teu coração
Pau, edra
Im, inho
Esto, oco
Uco, inho
Aco, idro
Ida, ol
Oite, orte
Aço, zol
São as águas de março fechando o verão
É a promessa de vida no teu coração



Les eaux de mars

(Adaptation par Georges Moustaki)

Un pas, une pierre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c'est un peu solitaire
C'est un éclat de verre, c'est la vie, le soleil
C'est la mort, le sommeil, c'est un piège entrouvert
Un arbre millénaire, un nœud dans le bois
C'est un chien qui aboie, c'est un oiseau dans l'air

C'est un tronc qui pourrit, c'est la neige qui fond
Le mystère profond, la promesse de vie
C'est le souffle du vent au sommet des collines
C'est une vieille ruine, le vide, le néant
C'est la pie qui jacasse, c'est l'averse qui verse
Des torrents d'allégresse, ce sont les eaux de mars
C'est le pied qui avance à pas sûr, à pas lent
C'est la main qui se tend, c'est la pierre qu'on lance
C'est un trou dans la terre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c'est un peu solitaire
C'est un oiseau dans l'air, un oiseau qui se pose
Le jardin qu'on arrose, une source d'eau claire
Une écharde, un clou, c'est la fièvre qui monte
C'est un compte à bon compte, c'est un peu rien du tout
Un poisson, un geste, c'est comme du vif argent
C'est tout ce qu'on attend, c'est tout ce qui nous reste
C'est du bois, c'est un jour le bout du quai
Un alcool trafiqué, le chemin le plus court
C'est le cri d'un hibou, un corps ensommeillé
La voiture rouillée, c'est la boue, c'est la boue
Un pas, un pont, un crapaud qui croasse
C'est un chaland qui passe, c'est un bel horizon
C'est la saison des pluies, c'est la fonte des glaces
Ce sont les eaux de mars, la promesse de vie
Une pierre, un bâton, c'est Joseph et c'est Jacques
Un serpent qui attaque, une entaille au talon
Un pas, une pierre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c'est un peu solitaire
C'est l'hiver qui s'efface, la fin d'une saison
C'est la neige qui fond, ce sont les eaux de mars
La promesse de vie, le mystère profond
Ce sont les eaux de mars dans ton cœur tout au fond

Eaux de mars

(traduction littérale)

 
C’est un bâton, c’est une pierre, c’est la fin du chemin
C’est un reste de souche, c’est un peu solitaire…
C’est un éclat de verre, c’est la vie, c’est le soleil
C’est la nuit, c’est la mort, c’est un nœud, c’est l’hameçon…
C’est un peroba¹, c’est le nœud dans le bois
Caingá², Candeia³, c’est la matita-pereira⁴…

C’est du bois de vent, tomber de la falaise
C’est un mystère profond, que tu le veuilles ou non…

C’est le vent qui vente, C’est la fin de la pente
C’est la poutre, c’est le vide
C'est une pendaison de la crémaière⁵…

C’est la pluie qui tombe, c’est la conversation sur la rive
Des eaux de mars
C’est la fin de la fatigue…

C’est le pied, c’est le sol
C’est une marche à pied
Petit oiseau dans la main
Pierre d'une fronde…

C’est un oiseau dans le ciel
C’est un oiseau au sol
C’est un ruisseau, c’est une fontaine
C’est un morceau de pain…

C’est le fond du puits
C’est la fin du chemin
Sur le visage, un chagrin
C’est un peu solitaire…

C’est une épine, c’est un clou C’est une pointe, c’est un point C’est une goutte qui goutte, c'est un compte, c’est un conte…
C’est un poisson, c’est un geste C’est du vif argent
C’est la lumière du matin,  ce sont les briques qui arrivent…
C’est du bois de chauffage, c’est le jour
C’est le bout de l'aiguillon, c’est la bouteille de canne à sucre, les pierres sur la route…
 C’est le projet d’une maison, c’est le corps dans le lit
C’est la voiture en panne, c’est la boue, c’est la boue…
C’est un pas, c’est un pont, c’est un crapaud, c’est une grenouille C’est un reste de buisson, dans la lumière du matin…
Ce sont les eaux de mars concluant l’été
C’est la promesse de vie dans ton cœur…
C’est un cobra, c’est un bâton C’est João, c’est José, c’est une épine dans la main, c’est une coupure au pied…
Ce sont les eaux de mars concluant l’été
Et la promesse de vie dans ton cœur…
C’est un bâton, c’est une pierre,  c’est la fin du chemin
C’est un reste de tronc, c’est un peu solitaire…
C’est un pas, c’est un pont, c’est un crapaud, c’est une grenouille
C’est un bel horizon, c’est une fièvre…
Ce sont les eaux de mars concluant l’été
C’est la promesse de vie, dans ton cœur... 
Notes : 
1. peroba : arbre d'Amérique du Sud (wikipedia)
2. Caingá : arbre
3. Candeia : arbre
4. matita-pereira : La sorcière qui se transforme en oiseau pour réclame son dû aux villageois. Personnage légendaire du Nodeste du Brésil (source : Histoires de l'ombre)
5. Festa da Cumeeira [fête de la crête] fête à laquelle on invite ses amis, lorsque l'on s'installe dans sa nouvelle  maison, l'équivalent de la "pendaison de la crémaillère".


Un classique de la chanson brésilienne, et un standard international
Cette chanson écrite et composée par Antonio Carlos Jobim est d'abord sortie en 1972 sur le single Disco de Bolso, o Tom de Jobim e o Tal de João Bosco, puis sur l'album Matita Perê, l'année suivante. C'est la version de 1974, en duo avec Elis Regina sortie sur l'album Elis & Tom qui marquera définitivement les mémoires. Plus tard, Tom Jobim adaptera la chanson en anglais Waters of March, en conservant la structure et le sens des paroles.
Águas de Março a fait l'objet de nombreuses réinterprétations par des artistes de premier plan. Au Brésil on peut citer les enregistrements marquants de João GilbertoMiúchaNara LeãoJoyceSérgio Mendes. Au USA, Waters of March a été chanté notamment par Art GarfunkelAl JarreauElla Fitzgerald et Dionne Warwick. En France, la chanson a été adaptée par Georges MoustakiPauline Croze en a également enregistré une version pour son album dédié à la bossa nova. 
En 2001, Águas de março a été désignée comme la meilleure chanson brésilienne de tous les temps après un sondage mené auprès de plus de 200 journalistes, musiciens et autres artistes brésiliens par le journal Folha de S.Paulo. Dans un autre sondage réalisé par l'édition brésilienne du magazine Rolling Stone, en 2009, la chanson obtient la deuxième place, après "Construção" de Chico Buarque

Genèse de la chanson
Jobim a composé le thème à la guitare dans sa ferme de Poço Fundo, à São José do Vale do Rio Preto, dans la région boisée et montagneuse de Serrana.
La chanson est composée dans une période d'inquiétude pour Jobim,  due à des problèmes de santé, et à un état dépressif. 
En 1988, Jobim a déclaré dans une interview, qu'au moment de la création de "Águas de Março", le médecin lui avait dit qu'il allait mourir d'une cirrhose.  En 1992, pour le Jornal do Brasil, il déclare avoir écrit la chanson à une époque où il était en plein marasme. Il avait envie d'arrêter la musique et il buvait beaucoup. 

Point météo : le mois de mars au Brésil
Si en France le mois de mars annonce le début du printemps, dans le Sud Est du Brésil, cela correspond à  la fin de l'été et au début de l'automne, avec l'arrivée de fortes pluies. Les eaux de mars ont une symbolique ambivalente, celle d'une progression inévitable vers la mort, mais aussi celle d'une "promesse de vie" et de renouveau.

Les paroles 
"Águas de Março" a au moins deux sources d'inspiration majeures :
L'un est le poème "O caçador de esmeraldas" [Le chasseur d'émeraude], du poète parnassien Olavo Bilac (1865-1918) "Foi em março, ao findar da chuva, quase à entrada / do outono, quando a terra em sede requeimada / bebera longamente as águas da estação" [C'était en mars, à la fin des pluies, presque au début / de l'automne, lorsque la terre assoiffée se réchauffait / avait bu depuis longtemps les eaux de la saison]
L'autre référence est un air à succès de macumba : Conjunto Tupi enregistré par J.B. de Carvalho (1901-1979) : "É pau, é pedra, é seixo miúdo". [C'est du bois, c'est de la pierre, c'est un petit caillou].
La structure musicale est basée sur le mouvement cyclique et perpétuel d'une suite harmonique. Pratiquement tous les vers sont écrits avec le verbe être, conjugué à la troisième personne du singulier au présent de l'indicatif. A l'exception du refrain, où il est au pluriel (Ce sont les eaux de mars). Il y a une alternance  de vers à tonalité optimiste et pessimiste, en utilisant l'antithèse ("vie"/"mort", "soleil"/, "nuit"), le pléonasme ("le vent souffle"), et l'homonymie ("conte" / "compte").
Les paroles n'ont pas un caractère narratif , elles sont imagées, avec deux champs sémantiques, l'une portant sur la nature et le passage des saisons, l'autre sur le foyer et la maison en construction.
source : pt.wikipedia

La playlist Águas de Março / Les eaux de mars / Waters of March