5 avril 2007

Les poteries porteuses de son : vidéo de la semaine #9

Une découverte exceptionnelle pour la connaissance de la phonologie des langues disparues
L'annonce de la découverte a été lancée à la fin de la semaine dernière, dans une relative indifférence. Pourtant il s'agit d'un événement majeur tant d'un point de vue archéologique que d'un point de vue acoustico-linguistique. Un vase a été mis à jour dans les fouilles d'un ancien village amérindien de Pescados Mesabril. Après avoir constaté l'existence de sillons tracés sur la poterie au moment de son passage sur le tour, des électro-acousticiens ont réussi à enregistrer quelques fragments de syllabes probablement prononcées par le potier Maya, il y a plus de cinq siècles. Une découverte similaire dans les ruines de Pompéi laisse ouverte la possibilité d'entendre la langue latine telle qu'elle était parlée il y a près de deux mille ans. Un chercheur de l'Université de Jocques-sur-Vannes évoque cette incroyable découverte.


The vinyl vase
Philippe Delaite que l'on voit sur la vidéo est professeur d'histoire de l'art à l'Académie des Beaux-Arts de Liège (Belgique)


Mise à jour (11/04/07) : Evidemment c’était un canular. Cela dit, l’argile a été le premier support qui permit de fixer la mémoire des hommes. L’écriture est apparue en Mésopotamie, à Sumer vers 3500 ans avant notre ère.
Et la gravure fut le procédé mécanique imaginé par Charles Cros en 1877 et qui permit la même année à Thomas Edison de réaliser le premier enregistrement sonore gravé mais cette fois sur un rouleau de cire…

A lire bientôt : l’histoire du disque

4 avril 2007

La clarinette classique, discographie

En avant-goût du Mois de la Clarinette qui va débuter le mois prochain, la Médiathèque de Dole vous propose de découvrir, après une galerie de clarinettistes de jazz, le répertoire de l'instrument dans les registres classique, romantique, moderne et contemporain par une sélection de nouvelles acquisitions.












Musique classique, fin 18e siècle

Les plus grands chefs-d'oeuvre pour clarinette / W. A. Mozart ; Jean-Claude Veilhan, clar. ; La Grande Ecurie et la Chambre du Roy ; Jean-Claude Malgoire, dir.. - K 617, 2004. - 2 disques compacts + 1 livret. - Quintette avec clarinette K.581 en la majeur (1789) ; Concerto pour clarinette K.622 en la majeur (1791) ; Quatuor en mi bémol majeur op. 79 (K.380/K.374f) ; Quatuor en fa majeur op. 79 (K.496) ; Quatuor en si bémol majeur op. 79 (K.378/K.317d)



Musique romantique, 19e siècle

Concertos pour clarinette ; Concertino ; Quintette pour clarinette / Carl Maria von Weber, comp. ; Sabine Meyer, clar. ; Staatskapele Dresden ; Herbert Blomstedt, dir. ; Württembergisches Kammreorchester Heilbronn ; Jörg Faeber, dir.. - EMI Classics, 1986. - 1 disque compact + 1 livret. - (Great recordings of the century) . - Concerto Pour Clarinette N°1 En Fa Mineur, Opus 73 ; Concertino En Mi Bémol Majeur, Opus 26 ; Concerto Pour Clarinette N°2 En Mi Bémol Majeur, Opus 74 ; Quintette Pour Clarinette En Si Bémol Majeur, Opus 34




Sonates pour clarinette et piano / Johannes Brahms, Max Reger, comp. ; Florent Héau, clar. ; Patrick Zygmanowski, p. - Zig Zag Territoires, 203. - 2 disques compacts + 1 livret. - Disque 1 : Johannes Brahms (1833-1897) : Sonate en fa min op.120 n°1; Sonate en mib maj op.120,n°2. Disque 2 : Max Reger (1873-1916) : Sonate en la b maj op.49 n°1 ; Sonate en fa dièse min op.49, n°2 ; Albumblatt




Romantique / Weber, Mendelssohn, Schumann... [et al.], comp. ; Paul Meyer, clar. ; Royal Phiharmonic Orchestra ; Gunther Herbig, dir.. - Union Square : Sony BMG, 2006. - 2 disques compacts + 1 livret. - Carl Reinecke - Introduction et Allegro appassionato, op.256. Felix Mendelssohn Bartholdy - Sonate pour clarinette et piano, en mi bémol majeur. Carla Maria von Weber - Variations sur un theme de Silvana en si bémol majeur, op.33. Carl Reinecke - Pièces fantaisiste pour clarinette et piano, op.22. Carla Maria von Weber - Concerto pour clarinette et orchestre n°1, en fa mineur, op.73, J. 114. Robert Schumann - 3 Romances, Adagio und Allegro, op.70


Musique pour clarinette et piano / Robert Schumann, comp. ; Martin Fröst, clar. ; Roland Pöntinen, p. - Bis, 2002. - 1 disque compact + 1 livret. - Romances (3) for Oboe and Piano, Op. 94 ; Gesänge (6), Op. 107: no 1, Herzeleid ; Gesänge (6), Op. 107: no 4, Die Spinnerin ; Lieder und Gesänge (5), Op. 127: no 1, Sängers Trost ; Minnespiel, Op. 101: no 4, Mein schöner Stern! ; Lieder und Gesänge (5), Op. 127: no 2, Dein Angesicht ; Lieder und Gesänge iv, Op. 96: no 1, Nachtlied ; Gesänge (6), Op. 107: no 6, Abendlied ; Stücke (5) im Volkston for Cello and Piano, Op. 102 ; Phantasiestücke (3) for Clarinet and Piano, Op. 73


Romantic fantasies for clarinet and piano = Fantasie Stücke / Robert Schumann, Niels Wilhelm Gade, August hendrick Winding... [et al.], comp. ; Andreas Weiss, clar. ; Michiko Suzuki, p.. - Audite, 1992. - 1 disque compact + 1 livret. - Fantasiestücke / Robert hcumann. Fantasistykker op. 43 / Niels Wilhem Gade. Drei Phantasiestücke op. 9 / Augsut Hendrik Winding. Fantasistykke / Carl Nielsen. Fantaisie / Philippe Gaubert. Fantasia / Gioachchino Rossini





Concerto pour clarinette, alto et orchestre en Mi mineur, Op. 88 ; Huit pièces pour clarinette, alto et piano, Op. 83 ; Romance pour alto et orchestre en Fa majeur, Op. 85 / Max Bruch, comp. ; Paul Meyer, clar. ; Gérard Caussé, alto ; François-René Duchable, p ; Lyon Opera Orchestra ; Kent Nagano, dir.. - Erato : Warner Classics, 2001. - 1 disque compact + 1 livret







Quintettes avec clarinette / Brahms, Weber, comp. ; Jean-François Verdier, clar. ; Quatuor Debussy. - Arion, 2002. - 1 disque compact + 1 livret. - Quintette avec clarinette en si bémol majeur Opus 24 / Weber. Quintette avec clarinette en si mineur Opus 115 / Brahms









Concerto pour clarinette n° 1 en Fa mineur, Op. 73 ; Quintette en Si bémol majeur pour clarinette et cordes, Op 34 ; Concerto pour clarinette n° 2 en Mi bémol majeur, Op. 26 ; Concertino en Mi bémol majeur pour clarinette et orchestre, Op. 26 / Carl Maria Von Weber, comp. ; Martin Fröst, clar. ; Tapiola Sinfonietta ; Jean-Jacques Kantorow, dir.. - Bis Records, 2006. - 1 super audio compact disc + 1 livret







Quintettes et sonate pour clarinette / Johannes Brahms, Arthur Bliss, comp. ; Frederick Thurston, clar. ; Griller Quartet. - Testament, 2005. - 1 disque compact + 1 livret. - Quintette pour clarinette en si mineur, op. 115 ; Sonate pour clarinette en mi bémol majeur, Op. 120, No. 2 / Johannes Brahms. Quintette pour clarinette / Arthur Bliss








Musique moderne, XXe siècle American music / Bernstein, Cowell, Felciano, Copland, Cage, Carter, Glass, comp. ; Béatrice Berne, clar. ; Laurent Martin, p. - Polymnie, 2003. - 1 disque compact + 1 livret. - Henry Cowell, Six Casual Developments. Aaron Copland, Nocturne. Richard Felciano, Evolutions. John Cage, In a Landscape pour piano. Elliott Carter, Gra. Philip Glass, Metamorphosis Two. Leonard Bernstein, Sonate pour clarinette et piano







Concerto pour clarinette et orchestre à cordes, avec harpe et piano / Aaron Copland, comp. Préludes de danse / Witold Lutoslawski, comp. Concerto pour clarinette et orchestre, op. 57 / Carl Nielsen, comp. ; Janet Hilton, clar. ; Scottish National Orchestra ; Matthias Bamert, dir.. - Chandos, 1988. - 1 disque compact + 1 livret








Oeuvres pour clarinette et piano / Debussy, Martinu, Berg... [et al.], comp. ; Fredrik Fors, clar. ; Sveinung Bjelland, p. - Harmonia Mundi, 2004. - 1 disque compact + 1 livret. - (Les nouveaux musiciens) . - Première Rhapsodie (1910) / Claude Debussy. Petite pièce (1910) / Claude Debussy. Sonatine pour clarinette et piano H.356 (1956) / Bohuslav Martinu. Vier Stücke für Klarinette und Klavier op.5 (1913) / Alban Berg. Elégie pour clarinette et piano op.10 en Mi bémol majeur (1921) / Ferruccio Busoni. Suite pour clarinette et piano Kind-88 / Ferruccio Busoni. Sonate pour clarinette et piano (1962) Francis Poulenc



Oeuvres orchestrales / Paul Hindemith, comp. ; Louis Cahuzac, clar. ; Dennis Brain, cor ; Phiharmonia Orchestra ; Paul Hindemith, dir.. - EMI Classics, 2006. - 2 disques compacts + 1 livret. - Concert Music, Opus 50 ; Nobilissima Visione, Suite ; Symphonia Serena : Moderately Fast ; Concerto Pour Clarinette ; Concerto Pour Cor ; Symphonie En Si Bémol Majeur








Musique pour clarinette basse et piano / Hindemith, Schoeck, Sluka, Rahak, Heucke... [et al.] ; Henri Bok, clar. ; Rainer Klaas, p. - Clarinet classics, 1999. - 1 disque compact + 1 livret. - 1. Sonata for clarinet & piano in B flat major / Paul Hindemith. 2. Sonata for bass clarinet & piano, Op. 41 / Othmar Schoeck. 3. Sonata for bassoon & piano / Lubos Sluka. 4. Sonnet III, for bass clarinet & piano / Vaclav Rehak. 5. Sonata for bass clarinet & piano, Op. 23 / Stefan Heucke. 6. Lumen, for bass clarinet & piano / Burkhard Soll


Musique contemporaine
Oeuvres pour clarinette seule / Edison Denisov, Eric Tanguy, Franco Donatoni... [et al.], comp. ; Nicolas Baldeyrou, clar.. - Intrada, 2004. - 1 disque compact + 1 livret. - Edison Denisov (1929-1996) : Sonate pour clarinette (1972) ; Éric Tanguy (né en 1968) : Capriccio pour clarinette seule (2003) ; Franco Donatoni (1927-2000) : Clair (1980) ; Jacques Lenot (né en 1945) : Tormentoso (2003) création mondiale ; Luciano Berio (1925-2003) : Sequenza IXa pour clarinette seule (1980) ; Pierre Boulez (né en 1925) : Domaines pour clarinette seule (1961-1968) ; Igor Stravinsky (1882-1971) : Trois Pièces pour clarinette seule (1919)


Pièces pour clarinette / Nicolas Bacri, comp. ; Florent Héau, clar. ; David Lefèvre, vl ; Cyrille Mercier, alto ; Thierry Amadi, vlc ; European Camerata. - Zig Zag Territoires, 2004. - 1 disque compact + 1 livret. - Divertimento opus 37b (1992) ; Concerto da camera opus 61 (1998) ; Mondorf Sonatina n°2 opus 58 (1997) ; Im Volkston opus 43 (1994) ; Night Music opus 73 (2001) ; Deux petites rhapsodies opus 21b (1979)

3 avril 2007

Les pionniers, 1900-1926 :Les musiques électroniques #1

Introduction
Dans les années 80, la commercialisation des ordinateurs personnels, et la standardisation de la norme MIDI équipant les premiers synthétiseurs numériques (Yamaha DX7 ou Roland) furent des vecteurs à la création de nouveaux styles musicaux électroniques : New Wave, Electro Pop.
Cependant, il serait erroné de croire que les musiques électroniques ont fait leur apparition pendant les années 80.

Les musiques électroniques sont même bien antérieures aux années 70, décennie qui a vu l'utilisation massive des synthétiseurs analogiques (Moog, Korg, Mellotron) par les musiciens pop rock au succès planétaire (Pink Floyd, Emerson, Lake & Palmer, Tangerine Dream, Klaus Schulze...) créant des atmosphères "planantes".

Pour connaître l'histoire de ces musiques, il faut remonter au début du 20ème siècle, à l'époque où des ingénieurs mirent au point avec le support de l'électricité naissante des machines pour faire de la musique à partir des lois de l’électricité et de l’électronique. Des innovations techniques ont permis la création d'oeuvres aux sonorités véritablement "inouïes"

L'ère des pionniers

1896, le dynamophone, appelé aussi Telharmonium mis au point par l'américain Thaddeus Cahill. La machine pesait 200 tonnes et produisait toutes les notes de la gamme en utilisant un couple dynamo-moteur pour chaque note et tournant juste à la bonne vitesse pour obtenir la bonne fréquence. Le dynamophone n'est pas encore un instrument électronique mais plutôt électromécanique.


L'invention de composants électroniques essentiels



1904, invention de la diode par John Ambrose Fleming. Ce composant électrique sert de détrompeur dans un circuit où la polarité est indispensable au bon fonctionnement en empêchant la circulation du courant dans le mauvais sens.



1906 Lee DeForest invente la lampe triode (le tube audion) a constitué historiquement le premier dispositif amplificateur d'un signal électronique




1915, DeForest conçoit le Audion piano utilisant le principe de l'hétérodyne : un circuit générant un timbre à fréquence variable ce qui en ferait le premier prototype d'instrument de musique électronique. (photo à gauche : DeForest en 1948)



Les compositeurs (to completed...)

(Les bruitistes, artistes futuristes italiens, 1913)

Des compositeurs ressentent le besoin de composer de la musique en n’utilisant pas seulement des notes d'instruments classiques mais différentes sortes de sons produits notamment par des machines. Parmi ces premiers compositeurs ayant utilisé une instrumentation moderne électrique et électronique, il faut citer :





Ferruccio Busoni (1907, Esquisse d'une nouvelle esthétique de la musique),





Luigi Russolo,( L'art des bruits 1913),





Erik Satie (Parade 1917),








Edgar Varèse (Amériques 1921),






George Antheil (Ballet mécanique 1926) .




Electromania
L’émission du GRM (groupe de recherche musicale) consacrée aux musiques électroniques par David Jisse, Christian Zanési & Christophe Bourseiller se consacre à la diffusion des oeuvres des musiques electroniques.
Tous les quinze jours sur France Musique le mercredi de 0h à 1h http://www.radiofrance.fr/francemusique/accueil/

Grizzly Bear : "Yellow house" : disque de la semaine

C'est une maison jaune...
Affirmer que la pochette de cet album est attrayante serait mentir en ne trompant personne. Un couloir en sous-pente probablement à l'étage d'une maison individuelle, menant vers un probable grenier familial. Clair-obscur, lumière venant d'une fenêtre et confinement. Ennui, enfermement, refuge et prison. Pourquoi un tel préambule, pour parler de la musique de Grizzly Bear ? La photographie jaunie est à l'image de l'univers musical du groupe new-yorkais : lente, mélancolique, d'une tristesse qui évoque les journées perdues de l'enfance. Une première écoute est décevante, beaucoup en resteront là.
Quelques écoutes plus tard...
"Easier" : les accords réverbérés d'un piano désaccordé, des arpèges de guitare, un banjo, une voix douce et berçante, un jouet xylophone, une batterie downtempo jouée aux balais. "Lullabye" (berceuse) évoque avec son jeu mêlé de guitares acoustiques et électriques, d'instruments à vent, de bandes magnétiques, les tous premiers disques de Genesis (Trepass, Nursery Crimes). "Knife" dans sa facture sonne plus américain, le son est toujours pschédélique avec des vocaux harmonisés sur plusieurs plans, la comparaison avec les compositions de Brian Wilson pour les Beach Boys est inévitable. Poursuivons le jeu des références avec "Central and Remote", on reste à cette période charnière de la fin des années 60 et du début des années 70, ici le jeu dans les graves de la guitare et la batterie tamborinante invoque le spectre de Syd Barrett et du premier Pink Floyd. Genesis, les Beach Boys, Pink Floyd, on s'arrétera là...
La presse musicale est unanime pour saluer "Yellow house" comme l'un des grands albums de l'année 2006, comme on peut le lire ici, ici, ici et encore . On ne dément pas.

http://www.grizzly-bear.net/
http://www.myspace.com/grizzlybear
Concerts à emporter #10

Grizzly Bear : "Yellow House". - Warp Records, 2006

Lully et la musique au Grand Siècle (18e) : musique française

La musique utile à la danse, au texte et au Roi
En musique, on fait débuter la période baroque en 1600 (naissance de l'Opéra), et on la clôture en 1750, année de la mort de J.S. Bach.
La naissance de la musique baroque coïncide avec la création de l'opéra en Italie, à Florence. Il s'agit d' Euridice de Peri et Caccini. Le premier chef d'œuvre viendra avec l'« Orfeo : favola in musica » de Claudio Monteverdi à Mantoue en 1607. Au début du XVIIe siècle, l'Italie est le centre unanimement reconnu de la musique européenne. La musique prend le dessus sur le texte, au point que le livret n'est plus qu'un « prétexte » à l'expression musicale. Le chant prime sur tout. Tout pour le beau chant : le « bel canto », quitte d’ailleurs à fabriquer des castrats (Farinelli).




Jean-Baptiste Lully (1633-1687) au service du Roi
D'origine italienne, Lully a contribué à l'essor de l'opéra en France. Né à Florence, il arrive en France à l'âge de quatorze ans. Il entre au service de Louis XIV en 1653, comme danseur de ballet, il compose de la musique et occupe une place de violoniste dans un orchestre de la cour. Louis XIV jeune roi, désireux d'acquérir la totale maîtrise politique de son royaume, utilise la musique et la danse (les arts en général) pour accroître le rayonnement de son règne solaire. Lully sera l'un des principaux instruments de cette volonté centralisatrice.
La société du spectacle n'est pas née hier !

Lully, un ambitieux
Lully modifie l'écriture de son nom, reniant l'orthographe italienne Lulli, afin de pouvoir passer, auprès du roi, pour le représentant de la musique française. Collaborant avec Molière, il écrit la partie musicale et chorégraphique de plusieurs comédies-ballets, notamment le Bourgeois gentilhomme (1670). Courtisan subtil, il saura conserver la faveur du souverain toute sa vie, n'hésitant pas à faire écarter sans scrupules, ses rivaux potentiels, comme Marc-Antoine Charpentier. Exerçant un véritable monopole sur la vie musicale en France, il se fait l'ordonnateur des fastes de la cour de Louis XIV. En 1672, ses intrigues lui permettent d'obtenir la direction et l'exploitation exclusive de l'Académie royale de musique.

Lully, inventeur de l'opéra français
Prenant pour modèle les tragédies classiques de ses contemporains tels que Pierre Corneille et Jean Racine, il se lance dans une série d'opéras intitulés tragédies en musique ou tragédies lyriques.
Une quinzaine environ dont : Cadmus et Hermione (1673), Alceste (1674), Atys (1676), Persée (1682), Amadis de Gaule (1684), Armide (1686) et Acis et Galatée (1686).
Ces partitions majestueuses et solennelles visent avant tout à mettre en valeur la prosodie de la langue française ainsi que des ballets très élaborés. Ces ballets trouvent leur origine dans les danses de cour. (Voir le film « Le roi danse » où Louis XIV se donne lui-même en spectacle à sa Cour).

Les règles de la tragédie lyrique
Lully codifie les règles de l'opéra français, qui vont lui survivre pendant plus d'un siècle (jusqu'en 1760). Lully a écouté les grands acteurs de tragédie, pour étudier le rythme et la mélodie de la langue, et leur élocution dont il a pris modèle pour les airs et les récitatifs. La particularité de l'opéra français réside dans le fait d'être la réunion du chant, du théâtre tragique, de musique instrumentale et de danse.

Lully et Quinault, son librettiste fixent la forme générale de la tragédie lyrique :


  • L'action est toujours mythologique ou légendaire, le déroulement est conduit par les dieux et les déesses qui interviennent sans cesse pour perturber ou soutenir les aventures des humains.
  • Toute tragédie lyrique qui se respecte débute par un prologue qui n'a souvent aucun lien avec la tragédie qui suit. En fait, il est généralement destiné à vanter les mérites du commanditaire de l'œuvre, assez souvent le roi. Exemple de flagornerie éhontée : « Louis est triomphant, tout cède à sa puissance,/ La victoire en tous lieux fait révérer ses lois./ Pour l'avoir avec nous toujours d'intelligence, Rendons-luy des honneurs dignes de sa présence, Rendons-luy des honneurs dignes des grands exploits, Qui consacrent le nom du plus puissant des Roys » (Thomas Corneille, prologue de Médée de Charpentier)
  • Chacun des 5 actes est interrompu par un intermède chant ou dansé qui n'a lui non plus aucun rapport avec l'action.
  • On recourt aux machineries de théâtre, et aux machines volantes, aux feux d'artifices, et aux effets sonores (coups de tonnerre), les acteurs étant vétus de costumes extravageants réellement "baroques".
  • La tragédie lyrique reprend les règles de la tragédie classique : respect des 3 règles d'unité : lieu, temps, action (Selon cette règle, l'intrigue devait former un tout (unité d'action), cependant que la scène devait ne représenter qu'un seul lieu (unité de lieu) et l'action de la tragédie ne devait pas dépasser vingt-quatre heures (unité de temps). Petite disgression : les films d'action de Bruce Willis (Piège de cristal, 58 minutes pour vivre) respectent ces 3 règles du théâtre classique.
  • La tragédie en musique donne le spectacle des passions dont le déchaînement aboutit à la terreur et à l'accablement (meurtre, suicide, vengeance, trahison, sacrifice) . A l'inverse de la tragédie dramatique, la tragédie en musique représente la violence et fait intervenir le merveilleux : effet de magie, de sorcellerie.


  • Bibliographie
    La France Clasique et l'Opéra... ou la vraisemblance merveilleuse / Catherine Kintzler. - Harmonia Mundi, 1998. - 1 livre + 2 CD. - (Passerelles)
    Lully ou Le musicien du Soleil / Phlippe Beaussant. - Gallimard / théâtre des Champs Elysées, 1992

    Filmographie
    Opéra baroque : Charpentier, Lully, Quinault, Rameau / un film de Gérald Caillat ; Claire Alby ; avec la participation de William Christie, Marc Minkowsky, Jean-Claude Malgoire (52 min.) : coul. SECAM ; 1/2 pouce VHS. - (Les coulisses de l'opéra) (1993)
    Résumé : M.A.Charpentier : Médée, répétitions en 1993, W.Christie, J.M.Villegier ; Lully et P.Quinault : Phaéton, répétitions en 1993, M.Minkowski,K.Saporta… J.P.Rameau : Les Indes galantes…
    Le Bourgeois Gentihomme : comédie-ballet de Molière et Lully / un film de Martin Fraudreau ; Vincent Dumestre ; Benjamin Lazar ; Cécile Roussat ; Le Poème Harmonique. - Alpha, 2005. - 2 DVD vidéo + livret. -
    Le double DVD ici présenté propose la captation intégrale du spectacle, réalisée au cours des trois représentations qui furent données au Festival Abeille Musique 2004 au Théâtre Le Trianon à Paris. Le spectacle ici filmé (coproduction Amiral LDA / Alpha Productions / ARTE) offre une vision encore différente et enrichie par la proximité visuelle du travail de Vincent Dumestre, Benjamin Lazar et Cécile Roussat.
    Molière un film de Ariane Mnouchkine ; avec Philippe Caubère, Roger Planchon, Brigitte Catillon.. [et al.], act.. - 2 cass. vidéo (245 min.) : coul. SECAM ; 1/2 pouce VHS (1978)
    Fresque cinématographique retraçant la jeunesse de Molière avec l'Illustre Théâtre, et ses amours avec Madeleine et Armande Béjart.
    Louis, enfant Roi un film de Roger Planchon ; avec Paolo Graziosi, Maxime Mansion, Carmen Maura.... - 1 cass. vidéo (160 min.) : coul. SECAM ; 1/2 pouce VHS (1993) Résumé : Fresque historique et parcours psychologique de l'enfance et de l'adolescence du futur Roi-Soleil dans la période la plus tragique de sa vie, la Fronde
    Le Roi danse de Gérard Corbiau ; avec Benoit Magimel, Borris Terral, Tchéky Karyo.... - 1 DVD vidéo (1h 48min.) : coul. (2000)
    A quatorze ans, Louis XIV sait qu'il régnera un jour mais sait aussi que l'on fera tout pour l'empêcher de gouverner. Il en est complexé. Par la danse, ou le jeune roi excelle, et grâce à la musique qu'il compose pour lui, Lully le révèle à lui-même puis au monde. Louis devient le Roi-Soleil. Lully et Molière sont les grands ordonnateurs de la magie de son règne.

    Discographie
    Atys / Lully ; Les Arts Florisants ; William Christie. - Harmonia Mundi, 1987. - 3 CD + 1 livret
    Phaëton / Lully ; Les muciens du Louvre ; Marc Minkowski. - Erato, 1994. - 2 CD + 1 livret
    Acis & Galatée / Lully ; Les Musiciens du Louvre ; Marc Minkowski. - Archiv Produktion, 1998. - 2 CD + 1 livret
    Persée / Lully ; Les Talens Lyriques ; Christophe Rousset. - Astrée, 2001. - 3 CD + 1 livret

    28 mars 2007

    The Art Ensemble Of Chicago : musiques libres #1

    The Art Ensemble Of Chicago est un groupe instrumental issu de l'AACM (Association for the Advancement of Creative Musicians). Cette coopérative créée en 1965 par le pianiste Muhal Richard Abrams, pratiquait le free jazz et le jazz expérimental en utilisant des modes d'écriture issus de la musique contemporaine.

    The great black music
    C'est le terme inventé par le trompettiste Lester Bowie pour qualifier cette musique. L'art ensemble of chicago aborde tous les styles qui ont fait l'histoire du jazz : des fanfares du début du XXème siècle au Free Jazz des années 1960 en passant par le New Orleans, le be-bop, la musique atonale, la soul, les percussions africaines.

    Des performances scéniques avant-gardistes
    Chaque performance au déroulement maîtrisé convie le spectateur à une cérémonie s’inspirant autant des cultes ancestraux que de la recherche contemporaine
    L'alchimie de la « Great Black Music » mêlent le sérieux, le sarcasme, l'humour, l'ironie, le pathétique, la provocation, passé et présent, en un exposé de musicologie appliquée.

    Une expérience coopérative réussie
    The Art Ensemble of Chicago est l'une des rares formations à avoir su maintenir une activité régulière tout en permettant à chacun de ses membres de poursuivre parallèlement une carrière solo, comme ce fut le cas avec le trompettiste Lester Bowie.
    http://www.artensembleofchicago.com/

    CD disponibles à la Médiathèque de Dole
    Fanfare for the warriors / The Art Ensemble of Chicago. - Atlantic Original Sound, 1973

    The odyssey of funk & popular music / Lester Bowie Brass Band. - Dreyfus jazz, 2002

    La Renaissance : musique française #8

    Où est née la Renaissance ?
    En Italie : à Florence, Rome, Venise, Milan. On peut la faire débuter vers 1350 avec 2 grands auteurs : Pétrarque et Boccace. Mais son véritable age d’or se situe entre 1450 et 1500 que l'on nomme le "Quattrocento".
    Pour Jean Delumeau, la Renaissance est «l’époque où la civilisation de l’Europe a de façon décisive distancée les civilisations parallèles. » Une assertion qui pourrait être contestée par d'autres penseurs des civilisations.
    La Renaissance commence d'abord avec une autre façon de concevoir l'histoire :
    Les historiens de la Renaissance rejètent la division médiévale chrétienne de l'histoire, à savoir :
    la Création, la venue de Jésus-Christ le Jugement dernier.
    A la Renaissance, la vision de l'histoire comporte également trois parties : elle débute par l'Antiquité, suivie par le Moyen Âge (l'âge du milieu), et enfin l'âge d'or de la Renaissance qui vient de commencer.
    Le terme de « Moyen Âge » » semble avoir été utilisé pour la première fois par Flavio Biondo de Forlí, secrétaire apostolique à Rome, dans Historiarum ab inclinatione Romanorum imperii decades (« Décades historiques depuis le déclin de l'Empire romain »), écrites dans les années 1450 et publiées en 1483. Pour cet historien humaniste, le terme évoque l'idée d'une mise entre parenthèses du temps, d'une interruption du progrès ; cette période de stagnation culturelle se situe entre la gloire de l'Antiquité classique et la renaissance de cette gloire, au début du monde moderne. C'est seulement au XVIIe siècle que l'emploi du terme se généralise.
    Alors que les savants médiévaux condamnent le monde païen grec et romain, peuplé selon eux d'ignorants et de barbares, les savants, philosophes et historiens de la Renaissance admirent les Anciens.
    Ils proclament leur propre époque comme celle de « la renaissance » des classiques grecs et Romains. C'est ce courant de pensée que l'on a appelé Humanisme.
    Il faut aujourd'hui relativiser cette conception négative de la culture médiévale.

    Quand commence la Renaissance en France ?
    En 1450 avec l'imprimerie par Gutemberg ?
    En 1491 avec la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb ?
    Réellement plus tardivement en 1515 avec le début du règne de François 1er,(1494-1547), et la victoire de Marignan. François 1er s’empare du Milanais et rapporte dans ses bagages la culture italienne.
    La Renaissance française va s’étendre sur le XVIe siècle du règne de François Ier à celui d’Henri IV.
    C’est une période d’intense de création littéraire et artistique (architecture, peinture, ...) :
    Quelques écrivains et poètes : Ronsard, Du Bellay, Baïf, Rabelais, Montaigne, Clément Marot

    Y-a-t-il une musique de la Renaissance ?
    Musicalement la Renaissance n'introduit aucune réelle rupture stylistique.
    Comme on l'a vu, la Renaissance musicale reste l'œuvre de l'école franco-flamande et non d'une école italienne.
    En musique, la référence à l'Antiquité est une impasse ; la raison en est simple : aucun exemple de musique grecque ou romaine n'est connu à l’époque : l'imitation des anciens s'avère donc ici impossible (à l'inverse de l'architecture et de la sculpture comme le fit l’architecte Leon Battista Alberti (1404-1472) en commentant Vitruve « De architectura » ).
    Cependant, les musiciens de la Renaissance connaissent le pouvoir fabuleux accordé à la musique dans la mythologie : Orphée devient à cette époque une figure emblématique.

    Jean Antoine de Baïf (1532-1589) et l’académie de musique et de poésie.
    L'imitation de l'Antique, impossible en musique faute de sources trouve un accomplissement en poésie.
    Ainsi Jean Antoine de Baïf veut réformer la poésie en l’associant à la musique et en réhabilitant la métrique gréco-romaine (fondée sur les syllabes longues et les syllabes brèves) ainsi va-t-il travaillé avec Claude Lejeune à des chansons en vers mesurés à l’antique.




    Deux musiciens représentatifs de la Renaissance Française : Clément Janequin et Claude Le Jeune

    Clément Janequin (1485-1558)
    Maître de la "chanson parisienne", Janequin passe les 25 premières années de sa vie dans le Bordelais. En 1549, il s'installe à Paris et devient chantre ordinaire du roi. A l'âge de soixante-dix ans, il décide de devenir étudiant et entre à l'Université de Paris. Ses fonctions à la chapelle royale assurent son existence mais ne l'empêcheront pas de mourir dans la pauvreté.
    Clément Janequin apparaît comme le maître de la chanson polyphonique du XVIe siècle, surtout dans le domaine de la musique profane. Son nom reste attaché aux Amours de Ronsard, à quelques poèmes de François Ier qu'il illustre musicalement, et à ceux également de Clément Marot.
    La partie la plus originale et la plus célèbre de son œuvre est la chanson descriptive. Ce sont de grandes chansons ponctuées d'interjections, de cris, de paroles et d'onomatopées qu'on peut considérer comme les ancêtres de « la musique à programme ». Parmi celles-ci, on peut citer :
    Le Chant des oiseaux, La Guerre (la bataille de Marignan), un texte truffé d'onomatopées qui ressemble à du Henri Michaux, La Chasse (« Gentils veneurs », retraçant les péripéties d'une chasse de François Ier en forêt de Fontainebleau) ; Les Cris de Paris (ceux des marchands ambulants), Le Caquet des femmes...

    Ces oeuvres lui valurent une renommée européenne, alors que la France ne l'avait pas encore reconnu à sa mort. Hommage du poète Antoine le Baif à Janequin :
    " ... Soit que représenter le vacarme il ose,
    Soit qu'il joue en ses chants le caquet féminin,
    Soit que des oisillons les voix il représente,
    L'excellent Janequin, en tout cela qu'il chante
    N'a rien qui soit mortel, mais il est tout divin. "


    extrait de "La guerre", baptisée également "La bataille de Marignan"
    France courage, courage
    Donnez des horions
    Chipe, chope, torche, lorgne
    Pa ti pa toc tricque, trac zin zin
    Tue ! à mort ; serre
    Courage prenez frapez, tuez.
    Gentilz gallans, soyez vaillans
    Frapez dessus, ruez dessus
    Fers émoluz, chiques dessus, alarme, alarme !
    Courage prenez après suyvez, frapez, ruez
    Ils sont confuz, ils sont perduz
    Ils monstrent les talons.
    Escampe toute frelore la tintelore
    Ilz sont deffaictz
    Victoire au noble roy Francoys
    Escampe toute frelore bigot.


    Une autre chanson dans un style grivois : "Frère Thibault, séjourné, gros et gras" (poème de Clément Marot)
    Frere Thibault, sejourne, gros et gras,
    Tiroit de nuyt une garse en chemise
    Par le treillis de sa chambre, ou les bras
    Elle passa, puis la teste y a mise
    Et puis le seing, mais elle fut bien prise,
    Car le fessier y passer ne peult onc :
    "Par la mort bien, ce dict le moyne a donc,
    Il ne m'enchault De bras, tetin ne teste ;
    Passez le cul, ou vous retirez donc :
    Je ne scauroys sans luy vous faire feste."



    Claude Le Jeune (1528-1600)
    Au service du duc d'Anjou, il devient vers 1594, compositeur de la chambre du roi Henri IV. Il compose des messes, motets, psaumes, airs, chansons spirituelles et profanes. Membre de l'Académie de musique et de poésie fondée par A. de Baïf, Le Jeune se consacre à la musique « mesurée », écrite dans un grand respect du texte.
    Perdre le sens devant vous (extrait d'un poème de Jean-Antoine Le Baïf)
    Perdre le sens devant vous,
    Trembler, épris, et changer
    tein et regard, et maintien :
    D'où vient cela ie vous pri ?
    Dequoy, coment, et pourquoy ?
    Dite-le moy, dite-le moy ie vous pri'...


    Discographie disponible à la Médiathèque de Dole
    Psaumes et chansons de la réforme / Paschal de l'Estocart, Claude Le Jeune, Clément Janequin... ; Ensemble Clément Janequin, Dominique Visse, dir. - Harmonia Mundi, 2000
    Jacques Moderne : Fricassées lyonnaises / Doulce Mémoire, Denis Raisin Dadre. - Astrée : naïve, 1996
    Inconstance et Vanité du Monde : musique à la Cour de France et de Savoie en 1601 / Claude Le Jeune, Luca Marenzio ; programme conçu par Anne Quentin. - Astrée : Naïve, 2000
    "Heureux qui comme Ulysse" : musiques et chants du XVIe siècle / Claude Gervaise, Claudin de Sermisy, Josquin des Prés, Gabriel Bataille, Pierre Attaingnant... ; Ensemble Jehan de Channey. - De Plein Vent, 1994
    Pierre Attaingnant : imprimeur et libraire en musique du Roy : préludes, chansons et danses pour luth / Claudin de Sermisy, Pierre Moulu ; Hopkinson Smith, luth
    La Chasse et autres chansons / Claude Janequin ; Ensemble Clément Janequin.- Harmonia Mundi, 1988
    Airs et psaumes mesurés à l'Antique / Claude Le Jeune ; Claudine Ansermet, S ; Paolo Cherici, liuto
    Le printans / Claude Le Jeune ; Huelgas Ensemble ; Paul Van Nevel, dir. - Sony Classical, 1996