9 mai 2021
Frantz Fanon 1952 : chanson de la semaine #136
Jacques Coursil : "Frantz Fanon 1952"
album : Clameurs, Universal Music Jazz France, 2007
Texte de Frantz Fanon, extrait de «Peau Noire, Masques Blancs» 1952, rééd., Le Seuil, col. Points, 2001.
OUI,
L’homme est un OUI.
Mais c’est un NON aussi.
Non, au mépris,
Non, au meurtre de ce qu’il y a de plus humain dans l’humain : la liberté.
Des tonnes de chaînes,
des orages de coups,
des fleuves de crachats
ruissellent sur mes épaules.
Je sentis naître en moi des lames de couteau.
Et plus violente retentit ma clameur.
Eiah !
Je suis nègre.
Mais je n’ai pas le droit de me laisser ancrer.
Non !
Je n’ai pas le droit de venir et de crier ma haine.
– pas le droit,
de souhaiter la cristallisation
d’une culpabilité
envers le passé de
ma race –
Dois-je me confiner
à la répartition raciale de la culpabilité,
Non, je n’ai pas le droit d’être un Noir.
– je n’ai pas le droit d’être ceci ou cela…
Le Nègre n’est pas, pas plus que le Blanc.
Je demande qu’on me considère à partir de mon Désir.
Je me reconnais un seul droit :
celui d’exiger de l’autre
un comportement
humain.
Le malheur et l’inhumanité du Blanc
sont d’avoir tué l’humain
quelque part.
Le malheur du nègre
est d’avoir été esclave.
Mais je ne suis pas esclave
de l’esclavage
qui déshumanisa mes pères.
Je suis homme
et c’est tout le passé du monde
que j’ai à reprendre.
– la guerre du Péloponnèse
est aussi mienne
que la découverte de la boussole.
Je ne suis pas seulement responsable
de Saint-Domingue –
La densité de l’Histoire
ne détermine aucun de mes actes.
Je suis mon propre fondement.
Exister absolument.
Je n’ai ni le droit ni le devoir
d’exiger réparation
pour mes ancêtres domestiqués.
Pas le droit de me cantonner
dans un monde de réparations rétroactives.
Je ne suis pas prisonnier de l’Histoire
Il y a ma vie prise
au lasso de l’existence.
Il y a ma liberté.
Il n’y a pas de mission Nègre ;
Pas de fardeau Blanc
pas de monde blanc
pas d’éthique blanche,
pas d’intelligence blanche.
Il y a de part et d’autre du monde
des humains qui cherchent.
Ô mon corps,
fais de moi toujours
un homme qui interroge !
à propos de Jacques Coursil (1928-2020)
wikipédia - discogs Archives radiophoniques France Culture : Horschamps : Laure Adler reçoit Jacques Coursil
à propos de Frantz Fanon (1925-1961)
wikipédia
Archives radiophoniques France Culture : Grandes traversées : Frantz Fanon, l'indocile (5 émissions), Les chemins de la philosophie : Révolution Fanon (4 épisodes), et plus...
17 avril 2021
Le capharnaüm #85 : La maison, je l’ai dit, était vieille et irrégulière
Fritz Eichenberg, gravure sur bois (1944) |
La maison, je l’ai dit, était vieille et irrégulière. Les terrains étaient vastes, et un haut et solide mur de briques, couronné d’une couche de mortier et de verre cassé, en faisait le circuit. Ce rempart digne d’une prison formait la limite de notre domaine ; nos regards n’allaient au delà que trois fois par semaine, — une fois chaque samedi, dans l’après-midi, quand, accompagnés de deux maîtres d’étude, on nous permettait de faire de courtes promenades en commun à travers la campagne voisine, et deux fois le dimanche, quand nous allions, avec la régularité des troupes à la parade, assister aux offices du soir et du matin dans l’unique église du village. [...]
Dans un angle du mur massif rechignait une porte plus massive encore, solidement fermée, garnie de verrous et surmontée d’un buisson de ferrailles denticulées. Quels sentiments profonds de crainte elle inspirait ! Elle ne s’ouvrait jamais que pour les trois sorties et rentrées périodiques dont j’ai déjà parlé ; alors, dans chaque craquement de ses gonds puissants, nous trouvions une plénitude de mystère, — tout un monde d’observations solennelles, ou de méditations plus solennelles encore.
Le vaste enclos était d’une forme irrégulière et divisé en plusieurs parties, dont trois ou quatre des plus grandes constituaient la cour de récréation. Elle était aplanie et recouverte d’un sable menu et rude. Je me rappelle bien qu’elle ne contenait ni arbres ni bancs, ni quoi que ce soit d’analogue. Naturellement elle était située derrière la maison. Devant la façade s’étendait un petit parterre, planté de buis et d’autres arbustes ; mais nous ne traversions cette oasis sacrée que dans de bien rares occasions, telles que la première arrivée à l’école ou le départ définitif, ou peut-être quand, un ami, un parent nous ayant fait appeler, nous prenions joyeusement notre course vers le logis paternel, aux vacances de Noël ou de la Saint-Jean.
Mais la maison ! — quelle curieuse vieille bâtisse cela faisait ! — Pour moi, quel véritable palais d’enchantements ! Il n’y avait réellement pas de fin à ses détours, — à ses incompréhensibles subdivisions. Il était difficile, à n’importe quel moment donné, de dire avec certitude si l’on se trouvait au premier ou au second étage. D’une pièce à l’autre, on était toujours sûr de trouver trois ou quatre marches à monter ou à descendre. Puis les subdivisions latérales étaient innombrables, inconcevables, tournaient et retournaient si bien sur elles-mêmes, que nos idées les plus exactes relativement à l’ensemble du bâtiment n’étaient pas très différentes de celles à travers lesquelles nous envisageons l’infini. Durant les cinq ans de ma résidence, je n’ai jamais été capable de déterminer avec précision dans quelle localité lointaine était situé le petit dortoir qui m’était assigné en commun avec dix-huit ou vingt autres écoliers.
Edgar Allan Poe William Wilson, traduction par Charles Baudelaire (extrait).
Augustus Pablo - Hugh Mundell - Jah In The Hills - Nature provides
Hugh Mundell (1962-1983), chant - wikipédia - discogs
Album : Hugh Mundell - Arise - Atra Records, 1988 (enr. 1983)
Holy Shit - Written all over your face
Live Midi Festival - Hyères, 2006
Matt Fishbeck (chant, guitare), Ariel Pink (basse), Christopher Owens (claviers), Corey Lee Granet (guitare), Kate (melodica)
Une belle bande de poseurs arty californiens selon l'expression de Magicmpc !
Holy Shit - Discogs - bandcamp - veryholyshit.com
Holy Shit - Discogs - bandcamp - veryholyshit.com
album : Stranded At Two Harbors - UUAR (UUnited Acoustic Recordings), 2006
Donald Byrd : trompette et bugle, Nathan Davis : saxophone soprano, Allan Barnes : saxophone ténor et flûte, Kevin Toney : piano électrique, Barney Perry : guitare, Keith Killgo : batterie, Ray Armando : percussions, Larry Mizell : claviers, Fonce Mizell : trompette, Henry Franklin : basse
Album : Donald Byrd : Black Byrd (Blue Note 1973)
Donald Byrd - Wikipédia - Discogs -
Concert à La Source – Fontaine, 2019
Donald Byrd - Blackbyrd
Donald Byrd : trompette et bugle, Nathan Davis : saxophone soprano, Allan Barnes : saxophone ténor et flûte, Kevin Toney : piano électrique, Barney Perry : guitare, Keith Killgo : batterie, Ray Armando : percussions, Larry Mizell : claviers, Fonce Mizell : trompette, Henry Franklin : basse
Album : Donald Byrd : Black Byrd (Blue Note 1973)
Donald Byrd - Wikipédia - Discogs -
Kady Diarra - Mignaboulé
Concert à La Source – Fontaine, 2019
nouvel album "Burkina Hakili ", Lamastrock, 2021
Discogs - FIP -
Concert enregistré à la Salle Pleyel le 01 décembre 2013
Daniil Trifonov, piano
Timur Martynov, trompette
Orchestre du Théâtre Mariinsky
Valery Gergiev, direction
Don Kent, réalisation
Discogs - FIP -
Dmitri Chostakovitch - Concerto pour piano, trompette et orchestre à cordes n°1 en do mineur
Concert enregistré à la Salle Pleyel le 01 décembre 2013
Daniil Trifonov, piano
Timur Martynov, trompette
Orchestre du Théâtre Mariinsky
Valery Gergiev, direction
Don Kent, réalisation
3 avril 2021
Sanza Tristesse : chanson de la semaine #135
Francis Bebey - Sanza tristesse
Album : Psychedelic Sanza 1982 - 1984, Born Bad Records, 2014
wikipedia - discogs
Le soir est triste
Mon cœur est triste
Ma vie est triste
Y'a le soleil qui s'est enfui
Et mon amour qui est parti
Avec lui
Le ciel sans voile
Est plein d'étoiles
Qui me dévoilent
Qu'elle est heureuse loin de moi
Et qu'elle ne pense plus à moi, loin de moi
Pourtant je chante
Mais oui, je chante
Et quand je chante
C'est pour rappeler mon amour
En priant qu'elle revienne un jour, pour toujours
Cette musique
Mélancolique
Cette musique
Je l'envoie par le vent du soir
A celle que j'aimerais revoir, près de moi
Francis Bebey et son fils Patrick interprètent en langue Douala "Esok Am" ou "Mon secret"
Le cercle de minuit, 1996
Francis Bebey filmé au studio Real World en 1995, montrant la technique du chant pygmée avec une flûte en bambou monophonique.
23 mars 2021
Le capharnaüm #84 : cette île est des plus singulières
Il y a quelques années, je me liai intimement avec un M. William Legrand. Il était d’une ancienne famille protestante, et jadis il avait été riche ; mais une série de malheurs l’avait réduit à la misère. Pour éviter l’humiliation de ses désastres, il quitta La Nouvelle-Orléans, la ville de ses aïeux, et établit sa demeure dans l’île de Sullivan, près Charleston, dans la Caroline du Sud.
Cette île est des plus singulières. Elle n’est guère composée que de sable de mer et a environ trois milles de long. En largeur, elle n’a jamais plus d’un quart de mille. Elle est séparée du continent par une crique à peine visible, qui filtre à travers une masse de roseaux et de vase, rendez-vous habituel des poules d’eau. La végétation, comme on peut le supposer, est pauvre, ou, pour ainsi dire, naine. On n’y trouve pas d’arbres d’une certaine dimension. Vers l’extrémité occidentale, à l’endroit où s’élèvent le fort Moultrie et quelques misérables bâtisses de bois habitées pendant l’été par les gens qui fuient les poussières et les fièvres de Charleston, on rencontre, il est vrai, le palmier nain sétigère ; mais toute l’île, à l’exception de ce point occidental et d’un espace triste et blanchâtre qui borde la mer, est couverte d’épaisses broussailles de myrte odoriférant, si estimé par les horticulteurs anglais. L’arbuste y monte souvent à une hauteur de quinze ou vingt pieds ; il y forme un taillis presque impénétrable et charge l’atmosphère de ses parfums.
Au plus profond de ce taillis, non loin de l’extrémité orientale de l’île, c’est-à-dire de la plus éloignée, Legrand s’était bâti lui-même une petite hutte, qu’il occupait quand, pour la première fois et par hasard, je fis sa connaissance.
Cette île est des plus singulières. Elle n’est guère composée que de sable de mer et a environ trois milles de long. En largeur, elle n’a jamais plus d’un quart de mille. Elle est séparée du continent par une crique à peine visible, qui filtre à travers une masse de roseaux et de vase, rendez-vous habituel des poules d’eau. La végétation, comme on peut le supposer, est pauvre, ou, pour ainsi dire, naine. On n’y trouve pas d’arbres d’une certaine dimension. Vers l’extrémité occidentale, à l’endroit où s’élèvent le fort Moultrie et quelques misérables bâtisses de bois habitées pendant l’été par les gens qui fuient les poussières et les fièvres de Charleston, on rencontre, il est vrai, le palmier nain sétigère ; mais toute l’île, à l’exception de ce point occidental et d’un espace triste et blanchâtre qui borde la mer, est couverte d’épaisses broussailles de myrte odoriférant, si estimé par les horticulteurs anglais. L’arbuste y monte souvent à une hauteur de quinze ou vingt pieds ; il y forme un taillis presque impénétrable et charge l’atmosphère de ses parfums.
Au plus profond de ce taillis, non loin de l’extrémité orientale de l’île, c’est-à-dire de la plus éloignée, Legrand s’était bâti lui-même une petite hutte, qu’il occupait quand, pour la première fois et par hasard, je fis sa connaissance.
Edgar Allan Poe, Le Scarabée d'or (The Gold-Bug), 1843 - traduction par Charles Baudelaire (1856) - (wikisource)
Pour supporter / Le difficile / Et l'inutile / Y a l'tour de l'île / Quarante-deux milles / De choses tranquilles / Pour oublier / Grande blessure / Dessous l'armure / Eté, hiver / Y a l'tour de l'île / L'Ile d'Orléans
Rita Payés et Elisabeth Roma - Abril 74
Chanson de Luis Llach célébrant la « Révolution des Oeillets » qui mit fin à la dictature d'António de Oliveira Salazar le 25 avril 1974.
Companys, si sabeu on dorm la lluna blanca, / digueu-li que la vull / però no puc anar a estimar-la, / que encara hi ha combat. (Camarades si vous savez où dort la lune blanche / dites-lui combien je la désire, / mais que je ne peux encore venir la rejoindre / car il faut encore livrer combat.) - paroles sur le site lluisllach.fr
Chanson jouée au Parlement de Catalogne en commémoration du 80e anniversaire de l 'exécution de Lluís Companys, qui fut président de la généralité de Catalogne de 1934 jusqu'à la guerre civile espagnole, fusillé en 1940 par le régime franquiste.
Rita Payés Roma est une chanteuse et une tromboniste de jazz catalane, elle est accompagnée par sa mère, la guitariste Elisabeth Roma - wikipédia - discogs
Chanson jouée au Parlement de Catalogne en commémoration du 80e anniversaire de l 'exécution de Lluís Companys, qui fut président de la généralité de Catalogne de 1934 jusqu'à la guerre civile espagnole, fusillé en 1940 par le régime franquiste.
Rita Payés Roma est une chanteuse et une tromboniste de jazz catalane, elle est accompagnée par sa mère, la guitariste Elisabeth Roma - wikipédia - discogs
Plume Latraverse - La légende du petit ours gris
Plume Latraverse interprète une chanson de Félix Leclerc.
Oyé oyé grands et petits enfants / La légende du petit ours gris / Qui fut trouvé dans une lande / Bien loin bien loin d'ici / Il couche dans le lit avec les tous petits / Jamais ferme ses yeux / Parce qu'il est malheureux
Plume Latraverse - Wikipédia - Discogs
Oyé oyé grands et petits enfants / La légende du petit ours gris / Qui fut trouvé dans une lande / Bien loin bien loin d'ici / Il couche dans le lit avec les tous petits / Jamais ferme ses yeux / Parce qu'il est malheureux
Plume Latraverse - Wikipédia - Discogs
The S.O.S. Band - Take Your Time (Do It Right)
The S.O.S. Band (S.O.S. pour Sounds Of Success) est un groupe de soul - funk disco d'Atlanta - Wikipédia - Discogs
Quan surts per fer el viatge cap a Itaca, / has de pregar que el camí sigui llarg, / ple d’aventures, ple de coneixences. / Has de pregar que el camí sigui llarg, / que siguin moltes les matinades / que entraràs en un port que els teus ulls ignoraven, / i vagis a ciutats per aprendre dels que saben.
Lluís Llach - Ítaca
Quan surts per fer el viatge cap a Itaca, / has de pregar que el camí sigui llarg, / ple d’aventures, ple de coneixences. / Has de pregar que el camí sigui llarg, / que siguin moltes les matinades / que entraràs en un port que els teus ulls ignoraven, / i vagis a ciutats per aprendre dels que saben.
(Quand tu partiras en voyage vers Ithaque / prie pour que le chemin soit long, / plein d’aventures, plein de découvertes. / Prie pour que le chemin soit long, / et nombreux les matins où tes yeux découvriront
un port ignoré, / et nombreuses les villes où tu chercheras le savoir.) paroles sur le site lluisllach.fr
Album Viatge A Itaca, 1975
Lluís Llach - Wikipédia - Discogs
Album Viatge A Itaca, 1975
Lluís Llach - Wikipédia - Discogs
Félix Leclerc - Le tour de l'île
Pour supporter / Le difficile / Et l'inutile / Y a l'tour de l'île / Quarante-deux milles / De choses tranquilles / Pour oublier / Grande blessure / Dessous l'armure / Eté, hiver / Y a l'tour de l'île / L'Ile d'Orléans
Album : Le tour de l'île, 1975
14 mars 2021
Le monde est virtuel : chanson de la semaine #134
une chanson de Serge Fiori, musicien, chanteur, auteur-compositeur, qui forma avec Michel Normandeau, Harmonium, le groupe de rock progressif québécois qui marqua les années 70.
Album : Serge Fiori, GSI Musique, 2014
Quand je regarde un show dedans le Centre Bell
Je vois des gens partout triper le show sur leur cell
C'est moé qu'y'é perdu mais c'est pas naturel
Le monde est virtuel
J'ai mon profil Facebook plogué sur mon Twitter
Celui de Twitter plogué dans mon toaster
Faque là mes muffins anglais reçoivent des courriels
Le monde est irréel
Tout seul, tout le monde est tout seul
Parti, tout le monde est parti
Si loin, tout le monde est si loin
J'm'ennuie... j'm'ennuie...
Donne-moé du Viagra, donne-moé du Cialis
Donne-moé d'la haute performance, le reste on s'en câlisse
Donne-moé des films pornos dans mon lave-vaisselle
Le monde est sexuel
Oublie ça la politique, donne moé de l'informatique
Oublie ça la culture, donne-moé qu'qu'chose qui fait dur
Chacun dans ses bébelles, chacun tout seul sur son cell
Le monde est virtuel
Tout seul, tout le monde est tout seul
Parti, tout le monde est parti
Si loin, tout le monde est si loin
J'm'ennuie... j'm'ennuie...
Plus ça change, plus c'est pareil
Y'a-t-il quelqu'un dans l'appareil
Y'a-t-il quelqu'un pour me parler?
Envoyez-moi un message privé
Y'a-t-il d'la vie dans mes amis?
D'la vérité sous mon clavier?
Y'a-t-il quelqu'un derrière l'écran?
Ou c'est juste du vent, c'est juste du vent?
Oh oh Oh oh
Oh oh Oh oh
Oh oh Oh oh
Oh oh j'm'ennuie...
Le monde est virtuel
Le monde est sexuel
Le monde est virtuel
***
4 mars 2021
Le freak de Montréal (Le Batman de l'Underground) : chanson #133
Aut' Chose groupe québécois formé en 1974 par le poète et chanteur Lucien Francoeur et le compositeur et guitariste Pierre-André Gauthier.
Album : Prends Une Chance Avec Moé - CBS, 1975
Tentative de transcription...
La tête qui gèle
Le crâne qui craque
C'est moé l'freak*
De Montréal
J'ai mis des ailes
À mes bretelles
Un stéréo
Dans mon cerveau
J'ai l'univers
Dans ma cuillère
C'tait dans semaine des trois jeudis
On a sniffé du patchouli
A l'avait une Mustang Skylolo*
Pis a l'avait pas d'boutons dans l'dos
On a été voir Pink Floyd
On a mangé des hot-doys*
On s'est rendu au septième ciel
Le Bon Dieu nous a d'mandés en rappel
J'drope* des boulamites*
Chu rongé par mon mythe
J'boé d'la robine*
Pis j'rêve à Joplin*
Chu capoté ben raide*
Je l'aime parce qu'est laide
C't' une belle plotte*
C't' avec elle que j'veux prendre ma botte*
La tête qui gèle
Le crâne qui craque
C'est moé l'freak
De Montréal
J'ai mis des ailes
À mes bretelles
Un stéréo
Dans mon cerveau
J'ai l'univers
Dans ma cuillère
Chu l'top des tops
J'chante pour les moppes*
J'chante pour les tapettes
Pis les voleurs de Corvette
Pour ceux qui mangent leurs crottes de nez
Pis ceux qui sont pas capables de bander
Chu jamais à l'heure
C'est moé l'Bonhomme-sept-heures*
J'mange des sardines
Parce que j'fais pas une grosse paye
Chu un sniffeux d'slipines*
Pis j'ai droit au soleil
Chu pas la mer à boire
Fait pas si noir à soir
Pis c'pas avec des miroirs
Qu'on va finir par se voir
La tête qui gèle
Le crâne qui craque
C'est moé l'freak
De Montréal
J'ai mis des ailes
À mes bretelles
Un stéréo
Dans mon cerveau
Le volume au boutt'
Tentative de décryptage...
freak = monstre de foire, puis à partir les années 60 : hippie, marginal, consommateur de drogues dures
sky lolo = pas clair : une référence à Sky Low Low ? lutteur professionnel canadien de petite taille
hot-doys = hot dogs
droper = laisser tomber
boules à mites = mettre ou sortir du placard ou du tiroir (source : wiktionnaire)
boire de la robine = boire de la bibine, de l'alcool de mauvaise qualité, impropre à la consommation
Janis Joplin (1943-1970), chanteuse de blues rock
capoté ben raide = être bien accroché à, être fan de, être raide de
moppes = serpillères. Fais pas la moppe: fait pas la baboune : fais pas la gueule !
plotte = (argot) vulve, chatte, par extension (argot, grossier) : femme qui aime le sexe (source : wiktionaire)
prendre sa botte = baiser (source : wiktionaire)
Bonhomme-sept-heures = personnage maléfique fictif du Québec, sorte de croque-mitaine, de père Fouettard qui enlève les enfants qui sont encore dehors après 7 heures. (source : wikipédia)
sniffeux d'slipines = sniffeur, renifleur de petites culottes
sources et références
100 expressions québécoises par région à mourir de rire - Narcity.com/fr-ca
Des expressions québécoises [production du COPAM] - Cdeacf.ca/
Québec : des révolutions plus ou moins tranquilles - Juke Box / France Culture, 2021
Aut'Chose au Café Campus - Encore des «ailes à ses bretelles» - Le Devoir, 2005
Les 70 ans du Freak de Montréal, Lucien Francoeur - Metro, 2018
3 mars 2021
Le capharnaüm #83 : Partout où je regarde, je vois des montagnes qui se ressemblent toutes
— J’espère que nous aurons l’occasion de nous entretenir à nouveau, dit Villatoro. Je suis content d’avoir un expert local qui sait comment les choses fonctionnent ici. J’espère que ça ne vous gêne pas. Je me sens complètement étranger ici.
— Non, ça ne me gêne pas, dit Jess en se retournant. Mais ne me demandez pas de vous raconter des ragots sur mes voisins. Je ne le ferai pas.
— Ça ne m’avait même pas effleuré l’esprit, dit Villatoro avec un grand sourire. C’est juste que pour moi, cet endroit, je ne sais pas, c’est comme un million d’arbres avec juste deux ou trois personnes qui se baladent au milieu. Je suis incapable de voir tout le tableau tellement c’est bizarre. C’est comme si on vous parachutait en plein Los Angeles sans personne pour vous aider. Vous ne sauriez pas quoi faire, où aller, comment vous comporter. Ici aussi il y a des prédateurs, dit-il en montrant l’ours, mais ils portent des vêtements de couleur et des fusils. Ça n’a rien à voir.
Jess garda le silence. Il avait toujours pensé qu’il était plus facile aux gens de la campagne d’aller vivre en ville que l’inverse.
— Tenez, par exemple, reprit Villatoro en désignant la chaîne montagneuse qui s’étendait vers l’est, quand je regarde ces sommets, tout ce que je vois, c’est une montagne avec des arbres dessus. C’est probablement bien plus que ça, mais c’est tout ce que je vois.
Jess se tourna dans la direction que montrait Villatoro.
— Ça, c’est Webb Mountain, dit-il. Vous voyez cette grande étendue verte plus claire que le reste ? Un peu comme une mosaïque ? Eh bien, ce sont des trembles. Il y a eu un feu de forêt là-haut il y a vingt ans et les trembles sont les premiers arbres à repousser. Les sapins finiront par prendre le dessus, mais il faudra attendre plusieurs siècles. À une époque, il a été question de construire une station de ski sur Webb Mountain, mais les promoteurs ont été chassés par les écologistes. Il y a beaucoup d’ours là-haut. Je parie que c’est là que notre chasseur a eu le sien ce matin.
Il remarqua le sourire sur le visage de Villatoro.
C. J. Box, Meurtres en bleu marine (Blue Heaven), trad. de l'anglais par Anick Hausman, 2008
Big Mama Thornton ft. Buddy Guy - Hound Dog (1965)
"Hound Dog" est un blues écrit par Jerry Leiber et Mike Stoller qui fut enregistré la 1ère fois en 1952 par Big Mama Thornton. "Hound Dog" deviendra ensuite un hit stratosphérique avec l'interprétation en 1956 d'Elvis Presley.
Big Mama Thornton (1926-1984) - Wikipedia - Discogs - Portrait Blues Again
Phillip Tabane and Malombo - Live at the The Market Theatre (Johannesburg, 2010)
"The jazz label – or any other label – has never worked in my case. Once, I went to play at a competition in Durban and in the end I was given a special prize because I could not be categorised. To this day, they still cannot categorise my music."
Pharoah Sanders - "Kazuko"
avec Paul Arslanian (harmonium) dans un tunnel abandonné de San Francisco (Marin Headlands - près du Golden Gate Bridge) 1982
source Pharoah Sanders – Live In San Francisco (DVD, 2007) (jazz hot)
Poll - Στην πηγή μια κοπέλα
En 1971, le groupe Poll sortait son premier disque dans un sac de jute… En montrant l’objet avec malice, Dimitris livre son analyse sur la galette : « Poll était autant influencé par les hippies américains que par le folk grec, cela se ressent avec ce mélange de chœurs, de flûte et de guitare acoustique. En tout cas, c’est un des meilleurs albums jamais enregistré par un groupe grec. » (source : Rock : la discothèque grecque idéale - The Parthenon Post)
Hannes Coetzee Spoon Guitar
Né en 1944, guitariste virtuose de la région du désert du Karoo (Afrique du Sud) qui joue un style de guitare slide avec une cuillère à café tenue en bouche, en s'accompagnant en finger picking. Il fut révélé grâce au documentaire Karoo Kitaar Blues de David Kraamer (2003).
Hannes Coetzee - Wikipedia
25 décembre 2020
SO 2020 ! les 50 albums POP de l'année
- BENEE – Hey U X - Republic Records
- SoKo - Feel Feelings - Because Music
- Real Estate – The Main Thing - Domino
- Windowspeak - Plum - Captured Tracks
- Washed Out - Purple Noon - Sub Pop
- Helena Deland - Someone New - Luminelle Recordings
- Holy Wave - Interloper - The Reverberation Appreciation Society
- Peaking Lights - E S C A P E - Dekmantel
- LA Priest - Gene - Domino
- Destroyer - Have we met - Merge Records
- Zachary Cale - False Spring
- Damaged Bug - Bug On Yonkers - Castle Face
- Vinyl Williams - Azure - Requiem pour un Twister
- Ryan Power – Mind The Neighbors - Feeding Tube Records
- Boy Pablo - Wachito Rico - 777 Music
- Jerry Paper - Abracadabra - Stones Throw Records
- Jack Name - Magic touch - Mexican Summer
- Andy Shauf – The Neon Skyline - Anti-
- Annie - Dark Hearts - Annie Melody
- TOPS - I feel alive - TOPS
- Badge Époque Ensemble – Self Help - Telephone Explosion Records
- Whitney - Candid - Secretly Canadian
- Still Corners - The last exit - Wrecking Light
- Modern Nature - Annual - Bella Union
- Poolside - Low season - Pacific Standard Records
- Kevin Morby - Sundowner - Dead Oceans
- Noveller – Arrow - Ba Da Bing !
- Tycho – Simulcast - Ninja Tune
- Calvin Love – Night Songs - Taxi Gauche Records
- Julianna Barwick - Healing Is A Miracle - Ninja Tune
- Woods - Strange To Explain - Woodsist
- White Poppy – Paradise Gardens - Not Not Fun Records
- The Proper Ornaments - Mission Bells - Tapete Records
- Surface To Air Missive – Shelly's Gone - Shelly
- White Denim - World As A Waiting Room - Radio Milk Records
- Baths - Pop Music / False B-Sides II - Tugboat Records
- Wolf Parade - Thin Mind - Sub Pop
- Lanterns On The Lake – Spook The Herd - Bella Union
- Madeline Kenney – Sucker's Lunch - Carpark Records
- Kaitlyn Aurelia Smith – The Mosaic Of Transformation
- Porches - Ricky Music - Domino
- Yumi Zouma – Truth Or Consequences - Polyvinyl Record Company
- Phantom Posse / Forever Underground
- George Clanton & Nick Hexum - George Clanton & Nick Hexum - 100% Electronica
- My Morning Jacket – The Waterfall II - ATO Records
- Peel Dream Magazine - Agitprop Alterna - Slumberland
- The Lemon Twigs – Songs For The General Public - 4AD
- Young Gun Silver Fox - Canyons - Légère Recordings, Candelion
- Moon Diagrams – Trappy Bats - Geographic North
- King Krule - Man Alive! - True Panther Sounds, Matador
12 octobre 2020
Automne 2020 : neuf albums à découvrir
Une sélection curieuse de l'actualité musicale, pour partager quelques recommandations et aborder l'univers d'artistes d'aujourd'hui, émergents ou confirmés, en leur accordant une écoute patiente et attentive, dans l'abondance des sorties du moment.
Woods
"Strange to explain"(Woodsist, 2020)
Groupe de Brooklyn, Woods était au départ en 2005 le projet solo de Jeremy Earl qui jouait à l'époque dans Meneguar. Il fut rejoint notamment par Jarvis Taveniere également membre de Meneguar et par Kevin Morby qui fait depuis la carrière solo que l'on connait. Jeremy Earl est également le fondateur de l'incontournable label Woodsist (Kevin Morby, Kurt Vile, Ducktails, Mac Demarco, White Fence, ...)
[allmusic, discogs, bandcamp](folk rock indé)
LA Priest
"GENE"(Domino, 2020)
Projet solo de l'anglais Samuel Eastgate (alias Sam Dust), chanteur et leader de Late of the Pier et compère de Connan Mockasin du projet zinzin Soft Hair (2016).
Une pop dansante, exentrique et accrocheuse, parfois déroutante, mais jamais saoulante qui interessera les fans de Prince et/ou de Kevin Barnes (Of Montreal).
[allmusic, discogs, bandcamp](electro pop funk)
Torres
"Silver Tongue"(Merge Records, 2020)
Née en 1991 en Géorgie, Mackenzie Scott est une chanteuse multi-instrumentiste, auteure compositrice, au style assez proche de Mitski, Sharon Van Etten, Aldous Harding. Silver Tongue, son 4ème album, est certainement le plus abouti. Le mixage signé Jorge Elbrecht scelle le sceau de la qualité.
[allmusic, discogs, bandcamp](pop rock)
Kate NV
"Room For The Moon"(Rvng Intl., 2020)
Kate Shilonosova est une artiste russe d'adoption moscovite, originaire de Kazan. Après avoir formé en 2011 Glintshake, un groupe de noise dans la veine de Sonic Youth, et travaillé avec le Moscow Scratch Orchestra les pièces du compositeur Cornelius Cardew, elle participe à la Red Bull Music Academy de Tokyo en 2014. Room For The Moon, son 3ème album, le plus abordable, est édité comme le précédént Для [= For], chez Rvng Intl., un label de Brooklyn.
[allmusic, discogs, bandcamp](electro expérimentale, art pop)
Modern Nature
"Annual"(Bella Union, 2020)
Groupe londonien constitué autour de Jack Cooper (Ultimate Painting, Mazes) et de Will Young (Beak, Moon Gangs) agrégeant pop folk nonchalante et mélancolique, jazz modal (le saxophone de Jeff Tobias) et post-rock slowcore.
[allmusic, discogs, bandcamp](pop folk)
The Jayhawks
"XOXO"(Sham, 2020)
Groupe formé en 1985 à Minneapolis, par les deux chanteurs, guitaristes, auteurs-compositieurs : Mark Olson et Gary Louris. 35 ans après, The Jayhawks restent les dignes héritiers du meilleur du folk rock américian (Gram Parsons, Neil Young, The Band, The Byrds, Big Star). Ils n'ont toujours pas acquis la reconnaissance qu'ils méritent, mais qu'importe, XOXO, leur 11ème album studio sonne déjà comme un classique.
[allmusic, discogs, bandcamp](Country rock)
Widowspeak
"Plum"(Captured Tracks, 2020)
Duo de Brooklyn constitué en 2010 par Molly Hamilton et Robert Earl Thomas. Plum, leur 5ème album est de loin le plus réussi.
[allmusic, discogs, bandcamp](dream pop, jangle pop)
I Break Horses
"Warnings"(Captured Tracks, 2020)
Formation suédoise, active depuis 2008, emmenée par la chanteuse, musicienne et compositrise Maria Lindén et le parolier Fredrik Balck. La pop mélancolique et ouatée qui émane de leur 3ème album Warnings plaira aux fans de Beach House et des Chromatics.
[allmusic, discogs, bandcamp](dream pop, shoegaze)
Deerhoof
"Future Teenage Cave Artists"(Joyful Noise, 2020)
Formation protéiforme et expérimentale, impossible à ranger sous une seule bannière : noise pop, post-rock, Deerhoof fait figure de groupe de référence depuis un quart de siècle. Formé en 1994 à San Francisco autour du guitariste Rob Fisk, du batteur et clavier Greg Saunier et rejoint l'année suivante par la chanteuse et multi-instrumentaliste Satomi Matsuzaki, puis par le guitariste John Dieterich et même un temps par le génial Chris Cohen, le groupe évolue dans une démarche de recherche sans cesse renouvellée après plus d'une vingtaine d'albums à leur actif. Future Teenage Cave Artists qui flirte avec le jazz en est à nouveau la preuve.
[allmusic, discogs, bandcamp](pop rock d'avant-garde, lo-fi)
14 juillet 2020
Le capharnaüm #82 : à la place de tout ceci, une petite étiquette.
Un sentiment soudain de désolation l’étreignit. Il avait joliment gâché sa vie. Il avait maintenant quarante-six ans, et il passait son temps dans le living-room à s’amuser avec un concours de journal. Pas d’emploi rémunéré légitime, pas de femme, pas d’enfants, pas de maison à lui. Et il jouait avec la femme d’un voisin.
Vic avait raison : une vie dénuée de valeur.
Je ferais aussi bien d’abandonner, décida-t-il. Le concours, tout. D’aller me promener ailleurs, de faire autre chose. D’aller suer sous les derricks avec un casque d’aluminium, de ratisser des feuilles mortes, de gratter des chiffres dans le bureau d’une compagnie d’assurances, de magouiller dans l’immobilier.
N’importe quelle autre occupation serait plus adulte, comporterait davantage de responsabilités, m’arracherait à mon enfance prolongée, à cette marotte, comme si je passais mon temps à assembler des modèles réduits d’avions.
L’enfant qui le précédait obtint sa sucrerie et s’éloigna en courant. Ragle posa sa pièce de cinquante cents sur le comptoir.
« Auriez-vous de la bière, par hasard ? » Sa voix lui parut bizarrement menue et lointaine. Le vendeur en tablier blanc, casquette sur la tête, le regardait, le regardait sans bouger. Rien ne se produisit. Aucun son nulle part. Enfants, voitures et vent : tout s’était tu.
La pièce de cinquante cents tomba, s’enfonça dans les bois et s’évanouit.
Je suis en train de mourir, songea Ragle. Ou bien…
La terreur le saisit ; il voulut parler mais ses lèvres le trahirent. Il était désormais prisonnier du silence.
Encore une fois, non !
Non !
Cela m’arrive encore une fois.
La buvette se désagrégea en fines molécules incolores et sans traits. Ragle se mit à voir au travers, se mit à voir la colline derrière, les arbres et le ciel. Il vit la buvette quitter l’existence, avec son propriétaire, la caisse, l’énorme distributeur de boissons à l’orange, les robinets de Coke et de bière sans alcool à la pression, le réfrigérateur garni de bouteilles, le gril à hot dogs, les pots de moutarde, les cônes empilés, les rangées de lourds couvercles ronds en métal sous lesquels se trouvaient les différents parfums de glace.
À la place de tout ceci, une petite étiquette. Ragle tendit la main et s’en empara. Sur le papier était imprimé en capitales :
BUVETTE
Philip K. Dick, Le temps désarticulé (1959), trad. de Philippe R. Hupp (1975)
Novos Baianos - A Menina Dança (1972)
wikipédia - discogs
Rosinha de Valença - Consolação (1966)
wikipedia - discogs
Cesar Camargo Mariano e Prisma - Ponte das Estrelas (1986)
wikipédia - discogs
Vinicius de Moraes, Tom Jobim, Toquinho, Miúcha - Canto de Ossanha (1978)
Vinicius de Moraes - wikipédia - discogs
Antônio Carlos Jobim - wikipédia - discogs
Toquinho - wikipédia - discogs
Miúcha - wikipédia - discogs
Egberto Gismonti Naná Vasconcelos - Dança das Cabeças (1996)
Egberto Gismonti - wikipédia - discogs
Naná Vasconcelos - wikipédia - discogs
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